AFP - 23 septembre 15:07 - Sénatoriales: vers un scrutin extrêmement serré

PARIS : A sept mois de la présidentielle, le Sénat pourrait basculer à gauche dimanche pour la première fois de la Ve République, mais le scrutin risque d'être si serré qu'il faudra peut-être attendre l'élection de son président, le 1er octobre, pour connaître sa nouvelle majorité.

Sur le papier, il faudrait que la gauche emporte 23 sièges pour avoir la majorité absolue. Un objectif qui semble à sa portée. Lors du précédent scrutin sénatorial, en 2008, la gauche avait gagné 24 sièges, alors qu'un tiers des sénateurs étaient renouvelables, au lieu de la moitié cette année.

Mais les choses sont moins évidentes sur le terrain. "Le scrutin sera serré", a prévenu Catherine Tasca (PS), vice-présidente de la Haute Assemblée. Le président du Sénat, Gérard Larcher (UMP), souligne que "la majorité sénatoriale est plus large que la majorité présidentielle", rappelant que la majorité sénatoriale va du MoDem à la droite libérale en passant par des personnalités indépendantes.

D'ailleurs, pour l'ancien ministre centriste Hervé de Charette, "ces élections ne relèvent pas d'une logique nationale mais de micro-climats politiques locaux".

La majorité est menacée à Paris et en Ile-de-France, ainsi qu'en outre-mer. A Paris où elle détient actuellement cinq sièges sur douze, elle court le risque d'en perdre plusieurs en raison d'une liste dissidente et d'une liste centriste.

Dans les Hauts-de-Seine, ancien fief électoral du président de la République, la droite, désunie, espère sauver trois sièges sur les quatre qu'elle détient. Dans les Yvelines de Gérard Larcher, la gauche ambitionne de conquérir un deuxième siège sur les six du département. Dans de nombreux départements, des listes divergentes risquent de provoquer un éparpillement des voix, comme par exemple en Essonne.

Si gauche et droite sont au coude à coude en métropole, il faudra attendre les résultats des territoires outre-Atlantique (Guadeloupe, Martinique, Saint-Pierre-et-Miquelon), qui comptent six sièges, dont deux ou trois potentiellement gagnables par la gauche, pour savoir si le Sénat bascule.

Si c'est le cas, ce serait "un séisme" qui "modifierait singulièrement" les conditions de la campagne présidentielle, a reconnu M. Larcher, même si il ne sait "pas à quel niveau de l'échelle de Richter le chiffrer".

Un renversement de majorité au Sénat aurait "une résonance très forte" sur la campagne présidentielle, estime Jean-Pierre Bel, chef de file des sénateurs socialistes. Mais même si la droite garde la majorité, "la gauche aura quand même enregistré une victoire parce qu'elle aura gagné des sièges", ajoute-t-il.

71.890 grands électeurs désigneront dimanche 170 sénateurs et porteront à cette occasion leur nombre de 343 à 348, pour tenir compte des évolutions démographiques. Les délégués des conseils municipaux représentent à eux seuls 95% du collège électoral, aux côtés des députés, et des conseillers régionaux et généraux.

Le Sénat est désormais renouvelable par moitié tous les trois ans. Dans les départements élisant entre un et trois sénateurs, l'élection a lieu au scrutin majoritaire à deux tours. Dans les autres c'est un scrutin à la proportionnelle et hommes et femmes doivent alterner sur les listes.

Les sénateurs qui seront élus représenteront les départements dont l'ordre numérologique va de l'Indre-et-Loire (37) aux Pyrénées-Orientales (66), les départements de l’Ile-de-France, la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, la Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon et enfin les Français de l'étranger (six sièges renouvelables dimanche).

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