B. LE BILAN DES CONTRATS DE QUALIFICATION
1. Les dernières heures des contrats de qualification
a) Les contrats de qualification jeunes
Le contrat de qualification
Le
contrat de qualification est un contrat de travail à durée
déterminée (6 à 24 mois) destiné aux jeunes de
16 à 25 ans révolus qui n'ont pu acquérir une
qualification au cours de leur scolarité ou dont la qualification ne
permet pas l'accès à un emploi. Ce contrat prévoit une
période de formation dont les enseignements généraux,
professionnels et technologiques, représentent au minimum 25 % de
la durée totale du contrat. Il doit déboucher sur une
qualification professionnelle qui doit être sanctionnée par un
titre homologué ou un diplôme de l'enseignement technologique, ou
être reconnue dans les classifications d'une convention collective de
branche, ou figurer sur une liste établie par la commission paritaire
nationale de l'emploi de la branche professionnelle.
L'employeur bénéficie de l'exonération des cotisations de
sécurité sociale et cotisations patronales dues au titre des
accidents du travail et des allocations familiales dans la limite du
SMIC ; une prise en charge forfaitaire de 9,1 euros (majoration
possible de 25 %) par heure de formation et par jeune accueilli est
assurée par l'employeur dans le cadre de sa participation au financement
de la formation professionnelle. L'aide à l'embauche attachée
à ces contrats, qui variait de 763,3 à 1.068,7 euros selon
leur durée, a cependant été totalement supprimée
à compter du 1
er
janvier 2001.
La rémunération du jeune est calculée en fonction de son
âge et de son ancienneté dans la mesure. Elle varie de 30 %
du SMIC pour les 16-17 ans au cours de la première année du
contrat, à 75 % du minimum conventionnel pour les plus de
20 ans à partir de la seconde année.
Les crédits consacrés aux contrats de qualification jeunes
baisseront, cette année encore, de 12 %
passant de 411
à
363 millions d'euros
. Le Gouvernement semble avoir pris la
mesure de l'échec de ce dispositif dont il avait d'ailleurs
déjà supprimé le volet « prime à
l'embauche » le 1
er
janvier 2001.
Les crédits consacrés aux contrats de qualification jeunes ne
financent donc plus que les exonérations des cotisations sociales
patronales dues au titre des assurances sociales, des accidents du travail et
des allocations familiales sur la partie du salaire n'excédant pas le
SMIC.
La suppression de la prime n'a cependant pas eu d'effet significatif
sur les contrats conclus au cours de l'année qui a suivi, les
employeurs étant surtout sensibles à l'exonération de
cotisations.
La
contribution financière des employeurs
, qui sont, par
l'intermédiaire des OPCA, les principaux financeurs de ces contrats,
s'est également maintenue en 2002
. Les OPCA y ont consacré
758 millions d'euros, soit une baisse de seulement 2 % du nombre de
contrats en alternance pris en charge par rapport à l'an dernier.
Nombre
d'entrées en contrats de qualification jeunes
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI
|
LFI 2001 |
LFI 2002 |
LFI
|
Exécution
|
PLF 2004 |
Contrats de qualification |
117.000 |
119.000 |
134.000 |
132.000 |
135.000 |
135. 000 |
100.000 |
125. 000 |
Evolution annuelle |
+15,2% |
+1,5% |
+13,3% |
-1,5% |
+2,0% |
-35% |
- 7 %- |
+25% |
Source : Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité
Les
chiffres montrent une attractivité décroissante des contrats de
qualification jeunes. Le ministère des affaires sociales relève,
pour sa part, la
forte diminution des exonérations
qu'il attribue
à la faiblesse du nombre d'entrées en 2003, elle-même due
à la mauvaise conjoncture économique, au ralentissement des
créations d'emploi et à la faiblesse de la
rémunération.
Tout récemment toutefois, les observateurs ont été
heureusement surpris de voir le nombre de contrats de qualification jeunes
augmenter subitement à partir du mois de septembre 2003 dans certains
secteurs porteurs de croissance, comme l'hôtellerie ou l'automobile.
Comptant donc sur une reprise de l'activité économique, le
Gouvernement prévoit une
augmentation de 25
% du nombre
de contrats de qualification jeunes en 2004, soit 125.000 contrats
supplémentaires
.
b) Les contrats de qualification adultes
Confirmé par la loi de finances pour 2002 et le décret du 16 avril 2002, le contrat de qualification adulte est le seul contrat en alternance proposé aux adultes .
Le contrat de qualification adultes
La loi
d'orientation n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la
lutte contre les exclusions a ouvert, à titre expérimental, le
contrat de qualification aux demandeurs d'emploi de 26 ans et plus, et ce
jusqu'au 31 décembre 2000. La loi de finances pour 2001 a
prorogé cette phase d'expérimentation jusqu'au 30 juin 2002.
Le contrat de qualification adultes est un contrat d'insertion en alternance
qui vise à permettre à son bénéficiaire
d'acquérir une qualification professionnelle reconnue.
Les employeurs souhaitant conclure des contrats de qualification adultes
doivent au préalable conclure une convention avec un organisme de
formation ou adhérer à un accord-cadre, et être
habilités par le préfet.
Le contrat de qualification adultes est ouvert aux demandeurs d'emploi depuis
au moins douze mois durant les dix-huit mois qui ont
précédé leur embauche et âgés de 26 ans
ou plus. Une dérogation à la condition d'ancienneté
d'inscription comme demandeur d'emploi et une prolongation de la période
de référence sont possibles dans certains cas
(bénéficiaires du RMI, travailleurs handicapés).
Le dispositif prévoit un temps de formation supérieur ou
égal à 25 % de la durée du contrat,
l'exonération des charges sociales pour l'employeur, l'utilisation des
fonds de l'alternance pour le financement de la formation et la
possibilité de renouveler le contrat si ses objectifs ne sont pas
atteints.
La rémunération est calculée sur la base du SMIC à
taux plein ou sur la base des minima conventionnels. Les employeurs
bénéficient d'une prime à l'embauche de
1.524,49 euros à laquelle vient s'ajouter, à l'issue du
contrat, une prime additionnelle de 1.524,49 euros si la personne
embauchée est restée demandeur d'emploi 24 mois au cours des
36 mois qui ont précédé l'embauche et qu'elle se voit
confier un contrat de travail à durée indéterminée
dans l'entreprise. Ces aides peuvent exceptionnellement être
majorées dans le cas des employeurs qui accueillent des adultes
handicapés.
Ce dispositif a tardé à se développer. Au demeurant, la
réforme intervenue au 1
er
janvier 2002 a
profondément modifié les conditions d'accès à la
mesure (élargissement du public, renforcement de l'aide de l'État
en fonction des risques d'exclusion, implication de l'Unédic,
suppression de l'exonération spécifique).
L'exonération des cotisations patronales ayant été
supprimée à compter du 1
er
janvier 2002,
l'aide de l'État consiste désormais en une aide à
l'embauche
dont le montant sera substantiellement revalorisé en 2004
à hauteur de 1.525 euros pour les contrats de six mois avec une
majoration de 120 euros par mois du septième au
vingt-quatrième.
Pour l'année 2004,
les crédits consacrés aux contrats
de qualification adultes s'élèveront à 22,7 millions
d'euros.
Ces crédits correspondent à la dotation des primes
des contrats de qualification adultes, les contrats conclus avant le
1
er
janvier 2002 sur la base d'exonération de
cotisations spécifiques arrivant à échéance
à partir du 1
er
janvier 2004. La dotation
arrêtée pour 2003 étant une dotation résiduelle
destinée à prendre en charge les dernières
exonérations spécifiques, les contrats conclus à partir de
2002 bénéficient désormais des exonérations de
droit commun.
Crédits budgétaires en faveur du contrat de qualification adultes
(en millions d'euros)
|
LFI 2001 |
LFI 2002 |
LFI 2003 |
PLF 2004 |
Primes |
16,9 |
2,9 |
19,5 |
22,7 |
Exonérations |
58,1 |
31,7 |
3,2 |
0.0 |
Total |
75,0 |
34,6 |
22,7 |
22,7 |
Source : Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité
Il semblerait que l'extension des publics bénéficiaires et le relèvement de l'aide de l'État aient été contrebalancés par la suppression de l'exonération spécifique de cotisations sociales. Par conséquent, les réalisations au premier semestre 2003 ont été inférieures de 3 % à celles du premier semestre 2002. Le Gouvernement anticipe, malgré tout, une hausse de 30 % des flux d'entrées par rapport à 2003, pour les porter à 13.000 en 2004.
Nombre d'entrées en contrats de qualification adultes
(en nombre de contrats signés par an)
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
LFI 2002 |
LFI 2003 |
Exécution
|
PLF 2004 |
Contrats de qualification adultes |
4 |
3.236 |
6.677 |
14.000 |
14.000 |
10.000 |
10.000 |
13.000 |
Source : Minisètre des affaires sociales, du travail et de la solidarité
Ce
retard s'explique de plusieurs manières :
- des raisons économiques et financières, dues au
ralentissement économique, aux difficultés de recrutement de
certaines branches et à l'insuffisance des incitations
financières en faveur des OPCA ;
- des raisons « culturelles » en raison des
réticences des entreprises à rémunérer au SMIC un
adulte en formation durant son temps de travail ;
- l'échec du partenariat entre l'Unédic et l'AGEFAL
7(
*
)
: la convention
financière du 7 novembre 2001 qui lie l'Unédic et l'AGEFAL n'a
pas donné les résultats escomptés. En effet,
conformément à la convention du 1
er
janvier 2001,
l'Unédic avait été autorisée à affecter une
partie de ses ressources (152 millions d'euros) au financement de la
formation des contrats de qualification adultes conclus par les
bénéficiaires de l'allocation d'aide au retour à l'emploi.
Or, seul 0,6 % du budget prévu a été mobilisé
pour le financement de 573 contrats au lieu des 20 à 25.000
prévus en raison de la dégradation de la conjoncture
économique.