B. LES ZONES D'ÉDUCATION PRIORITAIRES

La politique des ZEP initiée en 1981 a pour objet de " renforcer l'action éducative dans les zones où les conditions sociales sont telles qu'elles constituent un facteur de risque, voire un obstacle pour la réussite scolaire des enfants et des adolescents qui y vivent et donc, à terme, pour leur insertion sociale. " L'objectif premier de cette politique est " d'obtenir une amélioration significative des résultats scolaires des élèves, notamment des plus défavorisés " (circulaire n° 90-028 du 1 er février 1990).

On dénombre à la rentrée scolaire 1996, 564 ZEP, dont 28 dans les DOM et 5 dans les TOM. Il y en avait 355 en 1982, année de leur mise en place.

La carte des ZEP a été redéfinie par les rectorats et arrêtée pour 3 ans à la rentrée 1990, puis prorogée d'un an. De nouvelles modifications ont été apportées par les recteurs aux rentrées 1994 et 1995 : elles restent peu importantes.

Les ZEP concernent 9,8 % des écoles et établissements scolaires et 11,8 % des élèves (soit 1,18 millions d'élèves). 75.684 enseignants y enseignent.

1. Les moyens mis au service des ZEP

Véritables laboratoires d'innovation pédagogiques de par leurs pratiques éducatives dans le cadre d'un projet d'action conduit par une équipe éducative volontaire en partenariat avec les élus, le monde associatif, les parents et les services déconcentrés de l'Etat, les zones d'éducation prioritaire (ZEP) bénéficient de moyens importants :

des crédits pédagogiques 2,7 fois plus élevés que dans l'ensemble des autres établissements ; ils ont évolué comme suit :

1995

1996

1997

75,2

71,1

66,27

En 1997, sur une enveloppe de 66,27 millions de francs, 29,91 millions de francs ont été consacrés aux établissements du premier degré et 36,36 millions de francs aux établissements du second degré.

Pour 1998, les ZEP bénéficieront de l'attribution de 18 millions de francs de crédits supplémentaires, ce qui se traduit par l'abondement des crédits pédagogiques (15,27 millions de francs pour le premier degré et 2,32 millions de francs pour le second degré) afin de permettre aux écoles et établissements concernés de mener une action renforcée en direction de leur public.

une indemnité de sujétions spéciales de 6.741 francs (taux au 1 er mars 1997) accordée aux enseignants et aux personnels de direction, ce qui représente 533,3 millions de francs au budget 1997 (contre 516 millions de francs en 1996) ;

une bonification indiciaire se substituant à l'indemnité de sujétions spéciales pour les personnels enseignants, d'éducation et de documentation titulaires affectés dans un établissement sensible classé en ZEP (104,10 millions de francs en 1997 contre 46,2 MF en 1996).

Une nouvelle bonification indiciaire (NBI) est accordée aux personnels ATOS pour une coût de 58,34 millions de francs au budget 1997.

l'apport de 4.700 appelés du contingent qui interviennent dans le domaine de l'accompagnement scolaire (79,90 millions de francs).

Enfin des postes supplémentaires ont été implantés dans les ZEP afin d'assurer un encadrement adapté à la spécificité du public scolaire et d'alléger les effectifs dans les classes :

La mesure n° 13 du nouveau contrat pour l'école vise ainsi à une réduction en 3 ans des effectifs à 25 élèves par classe en école maternelle à partir de la rentrée 1995. La loi de programmation du nouveau contrat pour l'école du 12 juillet 1995 a prévu les moyens nécessaires à la mise en place de cette décision : l'équivalent de 600 emplois ont été consacrés à cette mesure, et 500 le seront à la rentrée 1996.

2. Les résultats obtenus en ZEP

Ils sont positifs et se traduisent par :

une amélioration des performances scolaires des élèves. Les taux d'élèves en retard en fin d'enseignement élémentaire et en 6 ème tendent ainsi à diminuer de façon sensible.

De même, les orientations vers des CPA (classes préparatoires à l'apprentissage) et vers les enseignements professionnels à la fin de la 5 ème sont en baisse.

une amélioration du climat des établissements résultant de la mobilisation des équipes éducatives, de la mise en oeuvre de projets éducatifs, de l'ouverture des établissements et du développement de relations avec de nombreux partenaires.

une amélioration des conditions d'enseignement se traduisant par un nombre d'heures d'enseignement par élève supérieur à la moyenne et une scolarisation des enfants de 2 et 3 ans plus développée.

A la rentrée 1997, l'objectif du précédent Gouvernement consistant à limiter l'effectif à 25 élèves en moyenne par classe en maternelle dans les ZEP a été atteint.

Les classes s'avèrent être moins chargées dans les écoles primaires situées en ZEP (21,6 élèves en moyenne, contre 22,7 élèves dans celles situées hors ZEP).

Par ailleurs, les collèges situés en ZEP offrent davantage de langues vivantes.

Enfin, les lycées professionnels de ces zones ont vu de nombreuses sections de bacs professionnels s'ouvrir.

3. Quel avenir pour les ZEP ?

Afin de préparer l'évolution de la politique des zones d'éducation prioritaires et de mieux prendre en compte la diversité des situations, l'inspection générale de l'éducation nationale et l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale établissent actuellement un bilan du dispositif des ZEP.

Dans un premier temps, cette étude examinera les conditions dans lesquelles la carte des zones d'éducation prioritaires peut être aménagée, puis elle s'attachera à mettre en évidence les déterminants de la réussite scolaire en ZEP.

Votre rapporteur spécial souhaite cependant mettre en garde contre l'effet de " cliquet " induit par les avantages financiers, indemnité de sujétions spéciales ou nouvelle bonification indiciaire dont bénéficient les personnels exerçant leurs fonctions dans les ZEP. Il est en effet extrêmement délicat de priver une équipe éducative de ces avantages dès lors que la politique de discrimination positive a produit ses effets et que les résultats des élèves se sont améliorés.

Il conviendra donc, dans l'optique d'une éventuelle réforme de la carte des ZEP, de laisser un délai suffisamment long entre la publication de la nouvelle carte des ZEP et sa date d'effet pour permettre aux personnels dont l'école ou l'établissement sort du dispositif ZEP, de se déterminer en toute connaissance de cause, soit en demandant une nouvelle affectation dans une école ou un établissement classé en ZEP, soit en conservant leur affectation et en perdant le bénéfice des avantages liés à l'exercice de leurs fonctions en ZEP.

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