II. AUDITION DE M. CLAUDE ALLÈGRE, MINISTRE, MINISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE

La commission a procédé à l'audition de M. Claude Allègre , ministre de l' éducation nationale , de la recherche et de la technologie , sur les crédits de son département ministériel, le 4 novembre 1997.

M. Claude Allègre a d'abord présenté le budget de l'enseignement scolaire, qui atteint 285 milliards de francs, en progression de 3,15 % par rapport à 1997. Il a précisé qu'en rupture avec le budget précédent, qui avait supprimé 900 emplois, le projet de budget pour 1998 maintiendrait les emplois de titulaires et permettrait la création de 1.320 emplois non enseignants (médecins et infirmières scolaires, assistantes sociales et ATOS).

Il a expliqué que les maîtres auxiliaires, qui avaient été recrutés dans l'urgence, pour faire face à l'importance des besoins, mais dont la gestion avait été mal assurée, n'avaient pas vocation à être automatiquement titularisés dans la fonction publique et que, pour ce faire, ils devraient passer les concours adéquats.

Il a ajouté que les 40.000 aides éducateurs, embauchés à un niveau bac + 2, dans le cadre du dispositif pour l'emploi des jeunes, devaient contribuer notamment à lutter contre l'insécurité dans les établissements scolaires.

Reconnaissant que les effectifs diminueraient de 65.000 élèves, le ministre a cependant affirmé que l'éducation nationale devait pratiquer une gestion qualitative de ses ressources humaines : il a notamment souhaité la diminution du nombre d'élèves par classe dans les quartiers difficiles, ainsi qu'un encadrement adapté à chaque situation particulière.

Il a insisté sur le fait que l'éducation nationale avait un rôle considérable à jouer en matière d'aménagement du territoire, expliquant que la fermeture d'une classe en milieu rural pouvait avoir des conséquences très graves. Il a, à cet égard, annoncé que la révision de la carte scolaire interviendrait dorénavant en concertation avec les élus.

M. Claude Allègre a ensuite fait part à la commission de son ambition de rétablir l'école républicaine. A cet égard, il a noté que les principes de l'école de la République n'étaient pas respectés sur l'ensemble du territoire, ajoutant que l'institution du fonds social pour les cantines, la création de 300 emplois d'infirmières scolaires, la relance des zones d'éducation prioritaires (ZEP), la lutte contre la violence dans les établissements scolaires ou encore le rétablissement de l'enseignement de la morale civique contribueraient à les restaurer.

Il a, enfin, estimé que l'enseignement était une question concernant la Nation tout entière et que, l'enjeu étant de former un citoyen capable de s'insérer dans la société, cet enseignement devait tendre à l'apprentissage de l'essentiel et non à une course à la connaissance, rendue vaine par l'accélération des progrès techniques.

En réponse à M. Alain Lambert, rapporteur général, le ministre a précisé que le rapport coût/efficacité de l'éducation nationale était une question à laquelle il était particulièrement attaché.

Il a estimé qu'une meilleure gestion des ressources humaines ne pouvait se faire à démographie décroissante, mais qu'elle nécessitait la remise en cause des heures complémentaires, l'institution d'un nouveau système de remplacement des enseignants ainsi que des mesures visant à protéger les enseignants contre la violence dans les établissements.

Il a affirmé que les aides-éducateurs seraient financés sur le budget du ministère, grâce notamment à des économies réalisées sur 70.000 heures complémentaires.

S'agissant de l'évaluation des enseignants, le ministre a insisté sur l'exemplarité nécessaire de l'éducation nationale, l'initiative, l'imagination et la qualité devant être récompensées. Mais l'évaluation doit aussi être juste : elle associera le chef d'établissement et l'inspecteur. Il a précisé qu'une mission avait été confiée sur ce point au recteur Pair.

Puis, il a affiché son ambition de parvenir au niveau "zéro défaut" dans l'éducation nationale, estimant que 1 % de dysfonctionnements concernait 150.000 élèves.

Répondant à M. Joseph Ostermann, rapporteur spécial sur les crédits de l'enseignement scolaire , en remplacement de M. Jacques-Richard Delong, empêché, le ministre a expliqué que les mêmes structures devaient assurer à la fois la formation initiale et la formation continue, la priorité devant toutefois être accordée à la formation des enseignants, en présence des élèves.

Il a répété que les maîtres auxiliaires ne seraient intégrés dans la fonction publique que par la procédure normale de recrutement, c'est-à-dire le concours.

Il a précisé que le fonds social pour les cantines serait doté de 250 millions de francs, répartis entre les académies en fonction du nombre d'élèves recevant l'aide à la scolarité, puis il a annoncé le rétablissement du versement direct des bourses.

Un large débat s'est alors engagé au cours duquel sont intervenus MM. Maurice Schumann, Jacques Chaumont, Claude Belot, Roland du Luart, Guy Cabanel, Joël Bourdin, René Régnault, Jean-Pierre Camoin, rapporteur pour avis au nom de la commission des affaires culturelles, et le président Christian Poncelet.

En réponse aux différents intervenants sur l'enseignement scolaire, M. Claude Allègre a apporté les informations suivantes :

- l'auto-recrutement des enseignants est impossible, du fait du principe constitutionnel de l'égalité devant les emplois publics ;

- neuf cents postes de chefs d'établissement sont aujourd'hui vacants.

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