D. L'ENSEIGNEMENT DE L'ART DRAMATIQUE

En soutenant les écoles spécialisées et les classes d'art dramatique des conservatoires, le ministère de la culture contribue non seulement à la formation de futurs professionnels mais également au développement de la pratique de l'art dramatique.

Pour assurer cette mission, le ministère dispose de plusieurs types d'actions :

En matière de sensibilisation , la direction du théâtre et des spectacles a mis en place avec le ministère de l'éducation nationale des " enseignements obligatoires " conduisant au baccalauréat option " théâtre et expression dramatique " proposé dans 114 lycées. Le ministère de la culture a consacré 11,1 millions de francs en 1997 à la rémunération des équipes artistiques assurant en partenariat avec les enseignants l'encadrement de ces enseignements. En 1998, une mesure nouvelle d'un million de francs devrait permettre d'augmenter le nombre de lycées offrant ce type d'enseignement.

L'initiation des jeunes comédiens relève des conservatoires nationaux de région et des écoles nationales de musique, essentiellement financés par les collectivités locales, qui comprennent 50 classes d'art dramatique.

L'enseignement professionnel est assuré par deux écoles nationales d'art dramatique placées sous la tutelle du ministère de la culture :

- le Conservatoire national supérieur d'art dramatique qui dispense un enseignement gratuit de formation au métier de comédien et bénéficie pour 1998 d'une dotation de l'Etat de 5,41 millions de francs contre 5,26 en 1997 ;

- l'Ecole du théâtre national de Strasbourg qui dispense également un enseignement gratuit pour les comédiens et techniciens du spectacle. Elle a reçu en 1997 une dotation de 5,085 millions de francs ;

- d'autres enseignements à caractère professionnel sont cofinancés par l'Etat et les collectivités locales, par voie de convention :

. les conservatoires de région de Bordeaux et de Montpellier,

. les écoles des centres dramatiques nationaux, du Théâtre national de Bretagne et de la Comédie de Saint-Etienne,

. l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes.

Au total, les crédits consacrés par le ministère de la culture aux enseignements et aux formations s'élèvent à 68,1 millions de francs pour 1998 contre 63,14 millions de francs en 1997, soit une progression de 7,9 %.

Ces crédits budgétaires sont toutefois insuffisants. C'est pourquoi une très grande partie des cours d'art dramatique relèvent du secteur privé ou sont subventionnés par les collectivités locales qui ont fait preuve d'un exceptionnel dynamisme dans ce secteur.

Cette situation n'apparaît cependant pas satisfaisante. Elle aboutit en premier lieu à créer une répartition très inégale des structures d'enseignement du théâtre dramatique sur le territoire. Certains départements, voire certaines régions, sont ainsi dépourvus de structure de formation de qualité.

L'absence d'un véritable réseau d'enseignement public du théâtre dramatique crée en second lieu des difficultés pour les jeunes apprentis comédiens qui souhaitent préparer le conservatoire et qui doivent se tourner vers des cours privés dont les frais de scolarité ne sont pas accessibles à tous. La très grande majorité des élèves reçus au conservatoire de Paris ou de Strasbourg sont ainsi issus de cours privés parisiens. Cette situation aboutit donc de fait à favoriser ceux qui ont les moyens de poursuivre leurs études à Paris et de payer des cours privés.

Plus généralement, l'absence d'un réseau structuré d'enseignement public d'art dramatique dans chaque département, comme c'est le cas dans le secteur de la musique, conduit à délaisser le théâtre amateur qui, de ce fait, se développe en marge de toute structure d'enseignement. Or, comme par ailleurs, une des subtilités de la répartition des compétences ministérielles a voulu que le théâtre relève du ministère de la jeunesse et des sports et non du ministère de la culture, il n'y a pas, comme c'est le cas en matière de pratique musicale amateur, de politique en faveur du théâtre amateur.

Cela est regrettable car la pratique amateur devrait constituer un des objectifs majeurs de la politique culturelle. Que chacun puisse participer activement à une pratique culturelle, que chacun trouve à travers l'art de son choix matière à exprimer sa personnalité, n'est-ce pas là l'objectif des politiques culturelles menées successivement par M. André Malraux, M. Jacques Duhamel et M. Jack Lang ? L'accès du plus grand nombre aux oeuvres de l'esprit ne passe-t-il pas autant sinon plus par le développement des pratiques amateurs que par la création de grands établissements culturels ?

La mise en place d'une véritable politique du théâtre amateur serait souhaitable . Cette politique, qui pourrait notamment passer par le renforcement du réseau d'enseignement, la mise à disposition de salles voire de costumes aurait indirectement un effet sur la politique à l'égard des compagnies dramatiques indépendantes. On considère, en effet, que l'absence de soutien au théâtre amateur incite un certain nombre de troupes d'amateurs à s'autoproclamer troupes professionnelles afin de recevoir des subventions. Un soutien accru au théâtre amateur limiterait sans doute ce processus. Couplée avec un renforcement du réseau d'enseignement d'art dramatique, l'aide au théâtre amateur permettrait, en outre, de structurer la profession de comédien.

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