IV. UN SUJET DE PRÉOCCUPATION : LE STATUT DES INTERMITTENTS

Le théâtre dramatique, comme l'ensemble du spectacle vivant, se caractérise par une organisation du travail particulière fondée en grande partie sur le salariat intermittent. Cette succession de contrats de travail à courte durée auprès de différents employeurs touche aujourd'hui plus de la moitié des actifs du secteur.

On observe depuis dix ans une augmentation du nombre des intermittents. Tous secteurs confondus, leur nombre a doublé de 1985 à 1994. En 1994, on dénombrait 68.000 intermittents dont près de la moitié dans le spectacle vivant. En outre, les contrats d'intermittence se traduisent aujourd'hui par une plus grande précarité comme l'illustre la réduction de la durée moyenne des contrats de 24,5 jours en 1985 à 8,7 jours en 1994. Ces évolutions ont conduit à ce que le régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle, prévu par les annexes VIII et X de l'UNEDIC, joue un rôle croissant dans l'économie du spectacle vivant.

Or, ce régime est depuis quelques années structurellement déficitaire. Pour un franc collecté, le montant reversé aux 40.000 intermittents indemnisés en 1995 a été estimé à 4,5 francs, le déficit des annexes ayant été évalué à 2,186 milliards de francs.

En novembre 1996, alarmés par la menace avancée par le CNPF de non-reconduction des annexes VIII et X, les intermittents ont fait preuve d'une mobilisation importante. Face à cette situation, le ministre de la culture, en collaboration avec le ministre du travail et des affaires sociales, a chargé M. Pierre Cabanes, conseiller d'Etat, d'une mission de proposition.

Celui-ci a présenté en mars 1997 une note d'orientation acceptée par les parties concernées. Les deux ministres concernés se sont engagés à mettre en oeuvre des mesures portant sur :

- une meilleure connaissance du marché du travail dans les secteurs du spectacle vivant et de l'audiovisuel,

- la lutte contre l'évasion des charges sociales,

- la rénovation du fonctionnement des entreprises du spectacle vivant,

- un accompagnement de la concertation des professionnels du spectacle pour aboutir à des règles plus claires, acceptées par tous, du recours à des contrats à durée déterminée d'usage.

L'ensemble de ces engagements a permis la prorogation en l'état des annexes VIII et X jusqu'au 31 décembre 1998. Votre rapporteur s'en félicite, car le statut des intermittents constitue aujourd'hui un élément essentiel de soutien aux activités théâtrales. Il souhaite dans cette perspective que cet accord signé le 28 mars dernier entre les partenaires sociaux et les pouvoirs publics soit pleinement appliqué. L'Etat s'est, en effet, engagé sur des actions précises portant sur :

- la création d'une commission mixte paritaire composée des professionnels du spectacle,

- la création d'un guichet unique pour la déclaration et le paiement des charges sociales par les employeurs occasionnels du spectacle vivant,

- la vérification du respect des obligations sociales préalablement aux subventions des structures par le ministère de la culture et de la communication,

- une réforme des régimes des entreprises de spectacles.

Jusqu'à présent, la commission mixte paritaire n'a toujours pas été constituée. Compte tenu de l'éclatement des syndicats d'employeurs et de salariés, la tâche n'est, il est vrai, pas facile. Une fois constituée, cette commission aura la mission difficile de définir des règles communes en matière de recours au contrat d'intermittence.

En revanche, une convention nationale de partenariat entre le ministère chargé de la culture et le ministère chargé de l'emploi pour la lutte contre le travail illégal a été signée le 21 mai dernier. La création d'un guichet unique devrait également pouvoir aboutir en 1998, une première expérience dans un département pilote devant être lancée d'ici la fin de l'année.

Enfin, un projet de loi portant réforme de l'ordonnance des spectacles, a été déposé au Parlement.

Ce projet de loi s'articule autour de quatre axes :

- une définition des entrepreneurs de spectacles vivants ordonnée en trois catégories fondées sur la réalité des métiers du spectacle vivant, qui se substitue à la définition actuelle en six catégories en fonction du genre artistique ;

- la mise en place d'un régime uniforme applicable à tous les entrepreneurs de spectacles vivants quel que soit leur statut, privé ou public, à but lucratif ou non ;

- la simplification et l'allégement des règles applicables aux spectacles occasionnels ;

- la mise en oeuvre de moyens de contrôle efficaces et de sanctions dissuasives, en particulier en cas de non-respect des lois et règlements relatifs au contrat de travail et aux obligations de l'employeur en matière de protection sociale.

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