B. LES TRAVAUX RELATIFS AU SNADT

1. Le projet de SNADT présenté au CIADT d'Auch

Réuni le 10 avril 1997 à Auch, sous la présidence de M. Alain Juppé, le Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) a présenté les grandes orientations du schéma national d'aménagement et de développement du territoire (SNADT) et les principales mesures en faveur de l'aménagement du territoire, que le précédent Gouvernement entendait prendre.

Ce projet de SNADT s'est appuyé sur les travaux menés, depuis 1995, par les quatre groupes de travail créés sous l'égide du Commmissariat général du Plan, présidés par des parlementaires. Ces groupes de travail étaient consacrés à la démographie, au développement économique et aux finances publiques ; au système productif à l'emploi et au territoire ; à la cohésion sociale et territoires ; au contexte européen et international. Ils étaient respectivement présidés par MM. Bourdin, sénateur, J. Boyon, député, J.P. Delevoye, sénateur et A. Zeller, député.

Il a également tiré parti des réflexions des commissions thématiques nationales, également présidées par des parlementaires. Ces commissions thématiques étaient quant à elles respectivement consacrées au développement économique ; à l'emploi et à la population ; aux villes, à l'organisation des territoires et aux services collectifs, aux réseaux et territoires ; au développement rural ; et à l'environnement et au développement durable. Elles étaient respectivement présidées par MM. A. Cazin d'Onnincthun, député ; G. Larcher, sénateur ; J. François-Poncet, sénateur ; P. Ollier, député ; J.P. Balligand, député.

Le CIADT d'Auch a présenté un programme ambitieux dont les principales orientations méritent d'être rappelées car elles sont toujours d'actualité :

En matière d'éducation, d'enseignement supérieur et de recherche le schéma prévoyait de : ,

- développer les sites universitaires en privilégiant les universités à taille humaine ;

- répartir les crédits et les personnels de la recherche en privilégiant les sites universitaires dont le poids des troisièmes cycles est insuffisant ;

- généraliser l'usage des nouvelles techniques de communication (mises en réseau des bibliothèques universitaires ; numérisation des ressources documentaires ; installation, d'ici l'an 2000 de postes de consultation électronique) ;

- renforcer localement l'adéquation entre l'offre de formation et les axes de développement des entreprises en s'appuyant sur le réseau des lycées et les dispositifs de formation professionnelle et en mettant en place des conseils de site rassemblant tous les partenaires publics et privés ;

- tenir compte, dans l'évaluation des enseignants, de leur participation à l'orientation et à l'insertion professionnelle des étudiants ;

- créer des pôles de compétences dans les villes moyennes reposant sur le triptyque enseignement-recherche-industrie ;

- consolider les pôles d'excellence des métropoles à vocation européenne.

S'agissant des télécommunications , il prévoyait de :

- favoriser la poursuite de la baisse du facteur " distance " dans la tarification des télécommunications afin de faciliter l'implantation d'activités dans les zones peu denses et éloignées des grands centres urbains ;

- permettre, d'ici à l'an 2000, l'accès des entreprises, des établissements universitaires, scolaires, hospitaliers, des guichets publics et des équipements culturels aux services avancés de télécommunication ;

- organiser d'ici à l'an 2015, l'accès de l'ensemble des foyers à un réseau adapté aux applications multimédia interactives selon des conditions tarifaires et de qualité de service raisonnables ;

- mieux répartir les services publics sur l'ensemble du territoire grâce aux possibilités offertes par les téléservices et le télétravail ;

- améliorer la couverture du territoire par le téléphone mobile.

S'agissant de la santé et l'action sociale , le schéma tendait à :

- donner les moyens de mieux connaître les besoins de santé des populations ;

- assurer l'égalité d'accès des populations à des soins de qualité notamment grâce à la télémédecine ;

- corriger les déséquilibres géographiques dans la répartition des professionnels de santé ;

- coordonner l'action des différents partenaires sanitaires et médico-sociaux pour mieux satisfaire les besoins des usagers grâce à une politique et à des procédures contractuelles permettant une offre de soins de proximité dont l'hôpital local serait le pivot.

En matière de culture, le projet prévoyait de :

- mieux répartir sur le territoire les grands équipements de portée nationale ou internationale ;

- diffuser l'offre culturelle sur l'ensemble du territoire par une mise en réseau des équipements ;

- faire de l'éducation artistique, une priorité ;

- faire participer les acteurs culturels à l'élaboration des projets de développement locaux.

Concernant les infrastructures et services de transport, le schéma prévoyait :

- d'améliorer les liaisons directes des régions avec les grands pôles européens et non plus seulement avec la capitale ;

- de développer l'axe desservant les villes de la façade atlantique et l'axe Rhin-Rhône ;

- de maintenir la fluidité de l'axe Lille-Paris-Lyon-Méditerranée ;

- de créer des axes ouest-est permettant de relier rapidement la façade Manche-Atlantique aux grands axes européens ;

- de contribuer à la constitution de l'axe sud-européen Italie-Espagne reliant la Catalogne, le sud de la France, le Piémont et la Lombardie ;

- de renforcer la compétitivité des grands ports à vocation internationale et améliorer leur desserte terrestre ;

- de développer des aéroports internationaux au sein des métropoles régionales ;

- de conforter la place des Aéroports de Paris dans la concurrence avec les grandes plates-formes européennes ;

- d'améliorer la fluidité des trafics dans les grandes aires métropolitaines ;

- d'utiliser les nouvelles technologies (train pendulaire, information routière embarquée, localisation en temps réel des véhicules ferroviaires ou routiers, TGV à deux étages, etc.) pour tirer pleinement parti des réseaux existants ou en cours de réalisation ;

- de privilégier, dans le choix des projets, le service rendu aux usagers et de systématiser l'approche intermodale en comparant les performances des différents modes de transports et types d'infrastructures ;

- enfin, de mettre en place une instance d'experts chargée de veiller à la cohérence des schémas sectoriels du domaine des transports.

En matière de développement économique, il prévoyait, notamment, de :

- favoriser, sur la base du volontariat, la coopération des acteurs du développement au sein des territoires pertinents que sont les " pays " ;

- renforcer les politiques de soutien au développement des PMI (formation, information, aide à l'exportation, capital-développement) ;

- renforcer l'environnement technologique des entreprises ;

- aider les grandes métropoles, notamment Paris, à réunir les atouts nécessaires pour attirer les sièges sociaux des grands groupes nationaux ou multinationaux ;

- préserver la présence de commerces de proximité par des mesures d'aides à la formation, ainsi qu'à la création et à la transmission d'activités.

En faveur de la ville et des espaces métropolitains, il tendait, notamment, à :

- améliorer le cadre de vie urbain en restaurant le tissu des centres et des premières couronnes et en structurant les périphéries urbaines autour de pôles secondaires, au moyen de schémas territoriaux ou de directives d'aménagement établis à une échelle intercommunale suffisamment large ;

- favoriser la cohésion urbaine en agissant sur la politique du logement et la localisation des activités et des services ;

- poursuivre les politiques volontaristes en faveur des quartiers défavorisés ;

- favoriser l'approche globale des problèmes urbains en favorisant la mise en place de communautés urbaines dans les grandes agglomérations ;

- orienter la demande de déplacements vers les transports collectifs par une nouvelle politique de localisation des grands équipements générateurs de trafic ;

- créer des établissements publics fonciers dans les aires urbaines de plus de 500.000 habitants afin de préserver les territoires non construits, reconquérir les banlieues et créer des pôles secondaires ;

- renforcer les métropoles régionales en y implantant préférentiellement les grands équipements et en s'efforçant de créer des pôles de compétence ;

- accroître la péréquation financière, notamment par l'instauration de la taxe professionnelle unique d'agglomération ;

- permettre à l'Ile-de-France de jouer un rôle de métropole internationale en y soutenant l'implantation d'activité conformes à cette vocation et en y améliorant les conditions d'accueil des états-majors des grands groupes français et étrangers ;

- concevoir les politiques d'aménagement et des transports concernant l'Ile-de-France à l'échelle du bassin parisien afin de contenir l'étalement des banlieues ;

- au sein des aires métropolitaines, protéger fortement les espaces naturels, agricoles et forestiers séparant les territoires urbanisés.

Pour l'espace rural, le projet prévoyait :

- d'encourager la mise en oeuvre de plans de développement durable et, dans certaines situations, l'extensification des systèmes de production ;

- de poursuivre une politique de labellisation et de " traçabilité " des produits à même de mettre en valeur le caractère de chaque terroir ;

- d'aménager les régimes d'aide afin de favoriser l'élevage dans les zones à vocation herbagère dominante, notamment en privilégiant les aides à la surface ;

- de favoriser l'installation d'agriculteurs dans des structures d'exploitation viables et d'encourager la diversification de leur activité ;

- de poursuivre les efforts de rationalisation de la gestion forestière et de la filière bois ;

- de favoriser les solidarités entre les villes et le monde rural, notamment au moyen des pays ;

- de renforcer l'attractivité des zones rurales en développant l'offre de logements locatifs et sociaux par la réhabilitation du patrimoine bâti et en offrant des services de qualité en s'appuyant sur les petites villes et les bourgs.

Enfin, en faveur de l'environnement et du développement durable , le projet prévoyait de :

- protéger les milieux les plus remarquables : espaces littoraux, massifs montagneux et vallées fluviales, massifs forestiers et zones humides par des mesures juridiques spécifiques, des procédures d'aménagement concertées, et des études d'impact permettant une insertion écologique et paysagère très fine des infrastructures et des aménagements importants ;

- préserver la qualité patrimoniale et la diversité paysagère de tous les territoires, et pas seulement de ceux qui sont remarquables ;

- rétablir la qualité des eaux et des sols et reconstituer les paysages des territoires urbains, périurbains, industriels et d'agriculture intensive ;

- financer la part du coût de gestion des ressources naturelles qui ne peut donner lieu à un service marchand par des mécanismes de solidarité ;

- réaliser un schéma à long terme du réseau de transport électrique (400 KV) ;

- économiser l'énergie et gérer les ressources naturelles de manière durable, en portant une attention particulière à l'eau ;

- mesurer la valeur économique et sociale de l'environnement chaque fois que nécessaire, en particulier dans le cadre des études d'impact et lors de la préparation des programmes d'investissements publics, et à cet effet, disposer des bases de calcul permettant d'établir le bilan des coûts et avantages environnementaux ;

- faire de la qualité des sites, des paysages, des productions et du patrimoine un élément du développement local.

L'avant-projet de schéma devait être soumis pour avis aux régions, aux départements et aux principales associations représentatives des communes, avant d'être présenté au Parlement, dans le courant de l'automne 1997.

2. Les nouvelles orientations prises par le Gouvernement de M. Lionel Jospin

Au cours de l'été 1997, Mme Dominique Voynet a fait part de sa volonté de relancer l'élaboration du SNADT. Elle a annoncé, devant la Commission des Affaires économiques, réunie le mercredi 15 octobre 1997, sa décision de faire figurer, dans le projet de loi portant modifications de la loi d'orientation n°95-115, les éléments normatifs du SNADT, et a indiqué que cette révision s'articulerait autour de la définition de schémas de service, notamment dans le domaine des transports, la consolidation de la politique des pays et l'affirmation du rôle des agglomérations dotées de compétences et d'instruments adéquats.

Votre commission des Affaires économiques juge souhaitable que les travaux du Gouvernement ne procèdent pas du principe de la " table rase mais qu'ils poursuivent l'effort de réflexion engagé par les groupes de travail et les commission thématiques, concrétisé par la publication du projet de SNADT d'avril 1997.

Elle souhaiterait connaître l'échéancier des réformes qu'entend mettre en oeuvre le Gouvernement et leur lien avec l'élaboration du SNADT.
Elle considère, en outre, que les orientations définies au CIAT d'Auch méritent d'être poursuivies.

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