II. LES AIDES DE L'ETAT

Elles demeurent capitales pour l'ensemble d'un secteur dont il s'agit d'assurer la sauvegarde. La marine marchande française occupait le cinquième rang dans le classement mondial en 1914, puis le huitième en 1939. Elle s'est maintenue à ce rang jusqu'en 1979. Elle n'est plus qu'au vingt-quatrième rang aujourd'hui.

Depuis 1980, le nombre de navires marchands a été divisé par deux et le tonnage de notre flotte a diminué d'environ 70 %.

Les effectifs, qui atteignaient 35.000 salariés en 1675, sont passés à 6.000 aujourd'hui.

Ce recul est d'ailleurs celui de l'Europe dans son ensemble, qui possédait encore en 1975 la première flotte du monde en tonnage et ne transport plus aujourd'hui sous pavillons nationaux que 14 % du commerce mondial. Mais même au sein de l'Europe, la flotte française sous pavillon national ne se situe plus, en tonnage, qu'au sixième rang des pays européens, derrière la Grèce, l'Italie, le Danemark, la Grande-Bretagne et l'Allemagne.

Depuis 1976, le secteur de la construction navale en Europe a perdu 200.000 emplois environ.

Pour tenter de renverser cette évolution, la France a mis en place des dispositifs budgétaires de soutien à notre flotte de commerce.

Le projet de budget pour 1998 propose, à cet égard, une dotation de même niveau que celle inscrite en loi de finances initiale pour 1997. Cette dotation est destinée à poursuivre les concours de l'Etat en faveur du soutien au pavillon français et, par là-même, à sauvegarder l'emploi maritime. Elle devrait aussi permettre de continuer à financer l'aide à la consolidation et à la modernisation, réservée aux entreprises soumises à une concurrence internationale.

La dotation totale de 1998 s'élève à 190 millions de francs en autorisations de programme et à 173 millions de francs en crédits de paiement.

A ces aides directes, s'ajoutent les allégements de cotisations armatoriales à l'Etablissement national des invalides de la marine pour les navires immatriculés aux terres australes et antarctiques françaises (réduction de 70 %) et pour les navires effectuant des liaisons internationales immatriculés en métropole (réduction de 50 %). Le montant de ces allégements atteint 140 millions de francs en 1996.

Par ailleurs, le remboursement par l'Etat à la Compagnie générale maritime et financière (CGMF) des charges spécifiques de retraite et d'accident du travail des personnels sédentaires de la Compagnie générale maritime bénéficie d'une dotation de 110 millions de francs.

Le dispositif prévu par la loi du 5 juillet 1996 sur les Quirats que l'Assemblée nationale, sur proposition du Gouvernement vient de supprimer (article 8 du projet de loi de finances) commençait à porter ses fruits en attirant l'épargne vers l'investissement dans la flotte maritime française.

Le dispositif permet aux personnes physiques de déduire, au titre de l'impôt sur le revenu, afférent à l'année de versement, les sommes investies jusqu'au 31 décembre 2000 dans la limite annuelle de 500.000 francs pour les contribuables célibataires, veufs ou divorcés et de 1.000.000 francs par couple;

En matière d'impôt sur les sociétés l'intégralité des sommes investies sont déductibles du bénéfice imposable de l'exercice de versement.

La réforme a eu pour objectif de relancer l'investissement sous pavillon national et d'enrayer le déclin de la flotte française ; objectif atteint, d'ailleurs, au-delà des espérances et ce, très rapidement.

Après seulement un an d'existence, le nouveau dispositif fiscal a eu des effets prometteurs : 10 % de la flotte française ont été renouvelés, l'investissement maritime a plus que doublé (5 milliards de francs contre une moyenne annuelle de 2,2 milliards de francs précédemment) et 550 emplois de navigants et sédentaires ont été créés, alors que 300 pertes d'emplois de navigants avaient été enregistrés chaque année entre 1990 et 1995. Les commandes induites auraient permis de maintenir 4.700 emplois dans la construction navale.

Seize navires neufs ont été agréés au titre de la réforme sur les quirats, six seront construits dans des chantiers français. Les six navires neufs commandés à des chantiers français représentent, en valeur, 2,331 milliards de francs (2,296 milliards de francs pour les dix bâtiments construits dans les chantiers étrangers).

En novembre 1996, il y avait trois navires français en construction dans les chantiers français ; il y en a neuf aujourd'hui.

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