C. UNE PRIORITÉ PARTAGÉE PAR D'AUTRES GOUVERNEMENTS EUROPÉENS ET REPRISE PAR LE GOUVERNEMENT DE M. LIONEL JOSPIN

Le renforcement de la sécurité

A l'occasion d'un colloque récemment tenu à Villepinte, le Premier ministre a mis l'accent sur le fait que la sécurité devait être égale pour tous les citoyens. Il déclarait :

" L'inégalité devant l'insécurité n'est pas acceptable. Les moyens, notamment humains, de la police et de la gendarmerie doivent donc être mobilisés en priorité dans les zones où la délinquance est la plus forte. Cela peut paraître une évidence. Je considère que c'est aujourd'hui un objectif qui est loin d'être atteint.

Une concentration des moyens de l'Etat -qu'il s'agisse de la police, de la gendarmerie, mais aussi d'autres services de l'Etat- est indispensable pour obtenir de meilleurs résultats. Il convient ainsi que les moyens nouveaux que constituent les emplois jeunes -adjoints de sécurité et agents de médiation, aide-éducateurs- soient, pour l'essentiel, mis en place dans les quartiers.

Plus généralement, le moment me semble venu de conduire une réflexion d'ensemble sur la répartition des moyens de la police et de la gendarmerie sur le territoire [...].
"

Il annonçait avoir confié à ce sujet une mission à deux parlementaires avant d'ajouter :

" En tenant compte des conclusions de cette mission, le Gouvernement étudiera et mettra en oeuvre les redéploiements d'effectifs et de moyens nécessaires sur la base d'une géographique des priorités, résultant de l'état des lieux des phénomènes de violence urbaine et d'insécurité.

La carte des moyens de la justice, de la police et de la gendarmerie doit être adaptée à la géographie nouvelle des phénomènes sociaux qui constituent et déterminent l'insécurité.
"

Votre rapporteur pour avis tient à rappeler les avancées opérées en matière de politique de sécurité depuis plusieurs années. Il se réjouit de constater la prise de conscience que révèlent les propos du Premier ministre concernant un sujet sur lequel le Sénat a pris, dès le début des années 1990, une position qui s'avère plus que jamais fondée et réaliste.

Le renforcement de la sécurité à l'Ecole et le refus de l'impunité

Dans le droit fil des mesures prises par le précédent gouvernement, afin de lutter contre la délinquance juvénile, le ministre de l'éducation nationale a récemment présenté un plan de lutte contre la violence scolaire.

Celui-ci prévoit le recrutement de 10.000 assistants de vie scolaire dans le cadre d'emplois-jeunes, et leur affectation dans les collèges sensibles, ainsi que l'affectation d'aides éducateurs dans le primaire.

Dans la droite ligne des mesures préconisées par votre rapporteur à l'occasion de la présentation du projet de " programme national d'intégration urbaine " (PNIU) (lors de l'examen du budget pour 1996), le ministre a fait part de sa volonté de refuser l'impunité , même si les actes répréhensibles ne doivent pas tous faire l'objet d'une qualification pénale.

Le plan prévoit également d'apporter une aide aux victimes, qu'il s'agisse d'élèves ou de personnels, par la généralisation des cellules d'aide et de suivi gérées par des personnels médicaux et spécialisés. Afin de trouver un substitut à l'exclusion scolaire, dont chacun s'accorde à penser qu'elle ne résout en aucune façon les problèmes posés par les jeunes qui perturbent gravement la vie scolaire, il est prévu de renforcer la coopération avec les services de la protection judiciaire de la jeunesse, pour accueillir provisoirement ces élèves et les suivre individuellement.

Dans le cadre d'une action de long terme, le plan prévoit notamment :

- le recrutement de personnels spécialement motivés pour occuper des fonctions dans des établissements sensibles ;

- l'aide aux personnels dans l'exercice de leur métier (accueil et formation et soutien des enseignants) ;

- la prévention de la violence dès le plus jeune âge ;

- l'apprentissage de l'éducation civique ;

L'effort du gouvernement s'inscrit dans le cadre général d'un réflexion sur la violence qui est conduite dans chaque pays européen. A titre d'exemple, le tableau ci-dessous présente les principales dispositions du projet de loi présenté par le ministre de l'intérieur britannique afin de lutter contre la délinquance juvénile. Il rappelle certaines mesures prises par arrêté par quelques maires au cours de cet été !

DISPOSITIONS DU PROJET DE LOI BRITANNIQUE
SUR LA REPRESSION DE LA DELINQUANCE JUVÉNILE

- La présomption de droit commun selon laquelle un enfant de moins de 14 ans ne connaît pas la différence entre le bien et le mal et est, de ce fait, incapable de commettre un crime, sera révisée.

- Pour faire assumer aux jeunes délinquants les conséquences de leurs actes, les tribunaux pourront leur imposer réparation envers leurs victimes ou la communauté.

- Une assistance sera proposée aux parents pour les aider à contrôler le comportement criminel de leur enfant. Les tribunaux pourront enjoindre aux parents qui négligeraient volontairement leurs responsabilités, de s'assurer que leur enfant se trouve à la maison avant un certaine heure de la nuit ou qu'il est accompagné par un adulte pour aller et revenir de l'école.

- La procédure policière de " mise en garde " sera remplacée par "  une procédure d'avertissement ultime  " Un enfant qui reçoit cet " avertissement ultime " devrait également bénéficier d'une assistance et d'un soutien visant à diminuer les risques de récidive. Mais s'il n'en tient pas compte, il pourra s'attendre à de sévères sanctions de la part des tribunaux.

- Le plan d'action combinera des réparations, des sanctions et une réhabilitation dans le but de prévenir la récidive et impliquera les parents du jeune délinquant.

- Il est proposé de renforcer les mesures de suivi en permettant aux tribunaux de prononcer les modalités de réparation aux victimes en alourdissant les sanctions consécutives au non respect de l'engagement de réparation pris pas le jeune délinquant.

- Les tribunaux auront la possibilité de d'ordonner aux enfants de moins de 10 ans, qui menacent d'être impliqués dans un crime ou commençant à avoir un comportement anti-social ou criminel, d'être rentrés chez eux à une certaine heure ou leur interdire de se rendre à certains endroits.

- Après consultation publique, les autorités locales auront la possibilité d'interdire aux enfants de moins de 10 ans de se rendre temporairement dans certains lieux publics de manière à éviter tout comportement criminel ou antisocial.

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