IV. L'ÉQUIPEMENT DE LA GENDARMERIE : DES PERSPECTIVES PRÉOCCUPANTES

Le programme de télécommunications Rubis continue de drainer une part prédominante des crédits dévolus aux matériels de la gendarmerie : en 1998, 512 millions de francs de crédits de paiement (sur 2 099 millions de francs soit plus de 24 % de la dotation), compte tenu également des dépenses liées au maintien en condition opérationnelle (63 millions de francs). Dans une enveloppe budgétaire étroite et frappée régulièrement par des annulations de crédits, un tel effort, au demeurant justifié, requiert des sacrifices pour les autres équipements dont certains -au premier chef, dans le domaine de la mobilité- appellent pourtant un renouvellement rapide.

L'inquiétude se cristallise cependant aujourd'hui sur les infrastructures dont les crédits baissent de près de 12 % (782 millions de francs au lieu de 885 millions de francs en 1997). Les contraintes imposées au fonctionnement de la gendarmerie et aux conditions de vie des militaires par de nouveaux retards dans la mise en chantier ne sont pas sans limites.

A. UNE MARGE DE MANOEUVRE ÉTROITE

1. La priorité dévolue aux télécommunications

a) Le programme Rubis

Destiné à renouveler et fédérer la composante radioélectrique du réseau Saphir et des réseaux de commandement des unités de la gendarmerie départementale et d'autoroute, le programme Rubis est aujourd'hui déployé dans quarante trois groupements.

. Les derniers déploiements pourront avoir lieu à la fin de l'année 2000

En 1998, dix-sept groupements supplémentaires disposeront des matériels nécessaires. Ainsi malgré les annulations et autres gels de crédits, source de délais supplémentaires, la gendarmerie a su tenir, dans ses grandes lignes, l'échéancier prévu.

Cependant, l'enveloppe financière initiale, fixée à 2 576 millions de francs, a été dépassée. Le coût total du programme s'élève en effet à 2 730,8 millions de francs auxquels il convient d'ajouter les dépenses liées aux travaux d'ingenierie et d'infrastructure des sites effectués par la gendarmerie elle-même (soit 313,2 millions de francs) ainsi que la livraison des 10 700 terminaux portatifs (soit 206,2 millions de francs).

. Aujourd'hui l'attention doit porter sur la reconnaissance de la technologie Tetrapol, issue de Rubis .

Il y a là, en effet, un double enjeu à la fois pour la sécurité (et la coopération policière sur la base de techniques communes) et pour la commercialisation de cette technologie.

C'est pourquoi les utilisateurs de la technologie Tetrapol ont formé un groupe autour de Matra Communication et se sont assignés trois objectifs : défense de positions communes face aux organismes normalisateurs, soutien de Tetrapol comme standard européen de radiocommunication numérique, ouverture de la technologie employée à la concurrence pour favoriser un approvisionnement multiple.

D'ores et déjà plusieurs pays se sont dotés de la technologie Tetrapol. En France, il convient de citer, outre la gendarmerie, le ministère de l'intérieur (AEROPOL) et la SNCF (IRIS). A l'étranger, deux nouveaux contrats ont été signés cette année avec le Mexique et la Suisse.

b) Le matériel quotidien négligé

Si le programme Rubis se poursuit sans trop d'encombres, l'équipement de la gendarmerie en " petit " matériel de télécommunications, comme les télécopieurs, laisse apparaître des lacunes dommageables pour le fonctionnement quotidien des brigades. Certes, en 1996, l'ensemble des brigades de recherche et, à titre expérimental, les brigades du groupement de gendarmerie du Var ont bénéficié d'un équipement en fax. Toutefois, la généralisation de ces matériels aux quelques 3 600 brigades nécessiterait une allocation budgétaire estimée à 18 millions de francs et entraînerait évidemment des coûts de fonctionnement supplémentaires. Au regard de l'étroitesse des ressources financières et malgré les besoins des unités, le programme d'acquisition de télécopieurs au profit des unités territoriales a été reporté à la période 2005-2008.

Au profit de la gendarmerie il convient, à l'inverse, de mentionner l'interconnexion du répartiteur du réseau local du groupement de gendarmerie départementale avec le répartiteur Rubis afin d'assouplir l'emploi des terminaux Rubis dans les locaux du groupement et d'en réduire le coût d'installation. En outre, des modifications techniques ont permis, au cours du second semestre 1997, d'organiser l'acheminement au centre opérationnel de la gendarmerie (COG) de jour comme de nuit de tous les appels d'urgence " 17 " émis à partir des radiotéléphones au sein de la zone de compétence exclusive gendarmerie. Par ailleurs, la Commision nationale informatique et libertés (CNIL) a donné un avis favorable à la demande formulée par la gendarmerie, d'identification des appels en provenance du " 17 " à condition toutefois que ces appels aboutissent en un point unique de chaque département, en l'occurrence le COG. Une expérimentation en cours dans quatre départements (Cantal, Nièvre, Oise, Seine-Maritime), d'une durée de six mois, permettra de prendre la mesure des adaptations techniques nécessaires.

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