B. LES RESSOURCES DES PERSONNES HANDICAPÉES

1. L'allocation aux adultes handicapés

L'allocation aux adultes handicapés (AAH), prestation non contributive, soumise à condition de ressources, est un minimum social garanti par la collectivité nationale à toute personne reconnue handicapée par la commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP), l'allocataire devant justifier pour cela d'un taux d'incapacité permanente d'au moins 80 %. En application de l'article 95 de la loi de finances pour 1994, les personnes handicapées qui sont, en raison de leur handicap, dans l'incapacité de se procurer un emploi doivent également justifier d'un taux minimal d'incapacité de 50 %.

Les crédits budgétaires destinés au financement de l'allocation aux adultes handicapés s'élèvent dans le projet de loi de finances pour 1998 à 23,4 milliards de francs contre 22,3 milliards de francs en 1997.

L'AAH n'est pas encadrée par des critères de revalorisation propres, mais évolue, en application de l'article D. 821-3 du code de la sécurité sociale, comme le minimum vieillesse. Ainsi, au 1er janvier 1997, le montant de l'AAH a été porté à 3.433,08 francs soit une revalorisation de 1,2 %. L'allocation est versée par les CAF mais prise en charge par le budget de l'Etat.

L'AAH a été allouée à 630.500 bénéficiaires en 1996, ce nombre est en augmentation régulière. On peut rappeler que les bénéficiaires de l'AAH vivant de façon autonome, à leur domicile, peuvent également percevoir un complément d'AAH. Ce revenu complémentaire sert à financer le surcroît de dépenses engendré par les adaptations nécessaires à la vie autonome. Le complément représente 16 % du montant mensuel de l'AAH (549 francs) ce qui représentait une dépense de 746 millions de francs en 1996. Cette prestation a été accordée à 20 % des allocataires de l'AAH, soit 110.000 personnes handicapées.

Suppression de la condition de nationalité française
pour l'obtention de l'allocation aux adultes handicapés (AAH)

Le projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers en France et au droit d'asile (AN, XIème législature, n° 327) déposé par le gouvernement le 15 octobre 1997 comporte deux articles à caractère social, les articles 35 et 36. L'article 36 supprime l'obligation de nationalité française pour pouvoir bénéficier du minimum vieillesse et de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) ; on peut rappeler qu'actuellement, cette obligation de nationalité ne s'applique pas aux ressortissants européens.

Cette mesure, recommandée par le rapport Weil 7( * ) afin de prévenir une éventuelle condamnation par la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE), aurait un coût important, estimé par l'étude d'impact du Gouvernement entre 520 et 638 millions de francs ; ce coût pourrait toutefois être minoré par des économies en matière de RMI. Cette évaluation doit être appréciée avec prudence, l'offre de prestation révélant généralement une demande latente supérieure aux prévisions, ce qui aurait pour conséquence de sous-estimer le coût final de la mesure.

Pour ce qui est du financement de cette disposition, il ne semble pas que le chapitre 46-92, art. 10 qui retrace la contribution de l'Etat au financement de l'AAH ait été majoré en conséquence. Des précisions sont nécessaires de la part du Gouvernement quant aux moyens du financement de cette mesure dans l'hypothèse où elle devrait être définitivement adoptée.

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