B. LES APPORTS DE L'ANIMAL DE COMPAGNIE À L'HOMME

Pour pénétrer la cellule familiale et y trouver une place à part entière, l'animal de compagnie a dû séduire l'homme. Nombreux sont les bénéfices liés à la possession et cités spontanément par les maîtres : source de bien-être, affection, remède à la solitude, apaisement, sécurité... Mais comment démontrer par des méthodes scientifiques la richesse des relations qui lient les hommes à leurs compagnons familiers ?

De nombreuses études, notamment anglo-saxonnes, ont apporté des éléments de réponse significatives sur les interactions homme-animal.

1. L'animal, élément de la qualité de vie

L'animal permet tout d'abord à l'homme de conserver, voire de renouer un lien avec la nature.

La cohabitation de l'animal et de l'homme fournit à celui-ci l'occasion de se rapprocher de la nature. Elle oblige l'homme à respecter les rythmes naturels du cycle de vie chez l'animal, ainsi que les besoins d'exercice, de communication et d'alimentation.

Par ailleurs, l'animal et l'homme peuvent entretenir des relations équilibrées à tous les âges de la vie.

Chacun peut facilement faire l'expérience des relations ludiques et affectives développées au contact d'un animal familier.

Bruce R. Fogle, praticien vétérinaire exerçant en Angleterre, a cependant tenté de clarifier l'étendue de nos liens affectifs avec les animaux de compagnie : " Les animaux familiers assurent une forme irrationnelle d'attachement qui est calmante et rassurante. Ils donnent une surabondance d'amour sous une forme qui n'a existé que dans notre première enfance, oubliée depuis longtemps, quand la mère, pendant les premiers mois de la vie, représentait la consolation et la protection. Cet attachement instinctif, dans lequel l'animal n'est pas seulement un objet à soigner sinon un donneur de soins extra-humains, est à l'origine des sentiments de réconfort, de sécurité et de fidélité qu'éprouvent de nombreux propriétaires dans leurs rapports avec leur chien ou chat " 3( * ) .

L'animal est source d'affection, de réconfort et de divertissement.

La richesse des relations enfant-animal a fait l'objet de nombreuses études. Les enfants trouvent auprès de leur compagnon une source de réconfort et d'échange inépuisable.

De plus, les capacités olfactives, auditives et musculaires rassurent l'homme et accroissent le sentiment de sécurité vis-à-vis de l'extérieur.

2. Les apports thérapeutiques

De nombreux travaux de recherche ont révélé les bénéfices thérapeutiques.

Les scientifiques et les praticiens parlent aujourd'hui de plus en plus couramment des bénéfices directs pour la santé de l'homme.

Le concept de " thérapie assistée par l'animal " est ainsi apparu dans le courant des années 1980. Il trouve aujourd'hui écho non seulement auprès des professions médicales et paramédicales, mais aussi auprès du grand public qui découvre de nouvelles vertus à son compagnon.

D'ailleurs, la mise en relation des hommes et des animaux à des fins thérapeutiques existe dans de nombreux pays, et parfois depuis plusieurs siècles. Au IXe siècle, dans la ville de Gheel en Belgique, la garde d'oiseaux était confiée à certains malades pendant leur convalescence. Plus près de nous, le Royaume-Uni fut le premier pays, dès 1965, à organiser à l'échelle nationale, une marche à cheval pour les handicapés.

Il n'existe néanmoins aucun bilan médical définitif sur le succès ou les effets de ces expériences.

A ce jour, la recherche fondamentale consacrée aux effets du lien homme-animal s'est intéressée en priorité aux bénéfices apportés aux personnes hospitalisées ou handicapées, ou à celles qui ont subi des événements psychologiquement perturbants comme la séparation ou le veuvage.

En situation médicalisée, il a été établi par exemple que le fait de caresser un animal familier réduit de manière significative la pression artérielle, la température de la peau et la fréquence cardiaque 4( * ) .

Un champ d'investigation considérable reste, en outre, ouvert pour évaluer notamment les effets de la possession d'un animal de compagnie sur la santé de l'homme, sans que ce dernier présente de trouble particulier.

Les bénéfices physiologiques -l'animal familier émet une influence positive sur le rythme cardiaque des individus- vont au-delà de la simple marche à pied. Ainsi, les kinésithérapeutes sont intéressés par l'aspect naturel et ludique des sollicitations physiques qu'induit un animal.

Au-delà des bénéfices physiologiques qu'apporte l'animal de compagnie, ce dernier révèle des résultats intéressants sur le plan psychologique .

Certaines études ont montré les effets positifs d'un animal non seulement sur l'activité physique -par la promenade notamment- mais aussi sur le bien-être psychologique des propriétaires de chiens. Ainsi, l'animal pourrait contribuer notamment à diminuer le stress quotidien.

Pendant l'hospitalisation et la convalescence, il est admis que la mise en relation d'animaux de compagnie avec les malades se révèle bénéfique car elle pallie l'absence de contacts humains. Cette relation permet de lutter contre la dépersonnalisation de l'individu liée au caractère même des locaux institutionnalisés.

De même chez les personnes âgées, l'animal représente une réelle compagnie. Il comble un besoin affectif et émotionnel, il assure le maintien de l'identité et communique un sentiment de confiance et de sécurité. L'animal sécurise, responsabilise, équilibre, évite l'inactivité et limite les sentiments de solitude.

Plusieurs études et conférences ont été menées chez les enfants et adolescents perturbés. C'est notamment le cas chez des enfants autistes qui ont modifié leur comportement social non seulement avec l'animal, mais aussi avec leur entourage.

Le professeur Hubert Montagner, spécialiste des relations enfant-animal, souligne que la vie animale fait émerger ou rend fonctionnelles les compétences fondamentales qui permettent à l'enfant de poursuivre avec succès son apprentissage de la vie.

Selon Hubert Montagner, l'animal utilisé à l'école permettrait à l'enfant autiste, mutique ou autocentré, de sortir de son isolement et d'exprimer sa véritable personnalité. Par ailleurs, il canaliserait l'agressivité et ferait émerger des comportements affiliatifs -donc, à terme, socialisants- avec les éducateurs. Enfin, l'animal permettrait de mieux structurer les gestes des enfants maladroits et de ceux qui connaissent des difficultés de coordination. L'exemple d'expériences récentes menées aux Etats Unis au cours desquelles des enfants autistes ou handicapés mentaux ont réalisés des progrès comportementaux significatifs au contact de dauphins apprivoisés en est une parfaite illustration et ouvre des perspectives thérapeutiques nouvelles pour l'homme.

Hubert Montagner écrit :

" Qui n'a pas observé des enfants réputés instables, hyperactifs (qui " ne tiennent pas en place "), incapables de fixer leur attention, devenir plus stables dans leur comportement et leur attention, moins turbulents ou " erratiques ", dès lors que leur regard s'est trouvé capté par le " spectacle " de la vie animale ? En se focalisant sur un chat qui joue avec un bouchon, un chien qui rapporte le bâton qu'on lui a lancé, un hamster qui met de la nourriture en réserve dans ses bajoues, etc., le regard s'organise. A la fois mobile et soutenu, il permet à l'enfant de capter de multiples informations, de leur donner un sens et de les organiser en savoir et en questionnements cohérents. L'instable, l'hyperactif, celui qui ne paraissait pas avoir la possibilité de fixer son attention, montrent et démontrent à cette occasion qu'ils sont capables de développer des capacités d'attention visuelle soutenue, alors que, habituellement, leur regard balaie le tableau ou le livre sans s'y arrêter, ou alors c'est fugace (ce qui ne leur permet pas de capter, et donc de traiter, les informations indispensables à la construction du savoir et des apprentissages), et de se structurer comme individus attentifs qui peuvent organiser des réponses adaptées aux informations qu'ils reçoivent de l'animal. "

3. Les apports socio-éducatifs

Les sociologues ainsi que les spécialistes de la communication et de l'enseignement ont découvert à l'animal des vertus majeures.

Ainsi, l'un des apports essentiels de la possession d'un animal de compagnie est sa capacité à faciliter les contacts et les interactions, non seulement avec des amis mais aussi avec des personnes étrangères.

L'animal est donc avant tout un vecteur de communication.

Entre les adultes, cette fonction s'exerce particulièrement à l'occasion de la promenade de l'animal. Par ailleurs, les enfants reconnaissent que le fait de posséder des animaux les aide à se faire des amis. Le compagnon animal apparaît comme un support de substitut affectif, une source de motivation et de jeu. Enfin, au sein de la famille, l'animal joue une grande variété de rôles.

Outre cette fonction de vecteur de communication, l'animal de compagnie est un élément moteur de socialisation et d'intégration sociale.

Le rôle de l'animal chez les adolescents a fait l'objet de nombreuses études, notamment dans les centres de réinsertion. Tout en condamnant fermement l'utilisation qu'une certaine population fait des animaux, et notamment de chiens molossoïdes, plusieurs expériences menées chez les adolescents de la banlieue parisienne ont conduit au résultat suivant :

- l'animal facilite la maturation psychoaffective et psychomotrice des adolescents. Il canalise et contient l'agressivité, stabilise, responsabilise, organise le temps, encadre le quotidien, met en relation avec la nature, réfléchit et valorise l'image de son possesseur ;

- l'animal restaure ou génère l'ambiance familiale et les relations interprofessionnelles; Il stimule la relation avec les parents, apaise les tensions ou les conflits, se fait porteur de messages ;

- l'animal empêche le repli sur soi et la dépression. Il donne le sentiment de servir à quelque chose ou à quelqu'un, permet d'éviter la peur des autres, de la foule et de la solitude ; il permet de se faire aimer tout en apportant de la compagnie.

Enfin, la présence des animaux de compagnie dans l'univers carcéral semble améliorer sans conteste le climat interne de ces institutions, autant du côté des prisonniers que de celui du personnel.

4. Une assistance aux personnes handicapées

Parallèlement aux bénéfices liés à la possession d'un animal de compagnie sans compétences spécifiques, il faut citer la formidable assistance que procurent certains chiens, une fois éduqués, aux personnes handicapées.

En Europe -et en France notamment-, la notion de chien d'assistance commence à peine à se développer. En revanche, la société américaine a intégré depuis longtemps cette relation essentielle qui permet de redonner une certaine indépendance aux personnes handicapées. Pour preuve : la majorité des hôtels sont équipés pour recevoir facilement le couple maître-chien.

Evidemment, il convient de distinguer ici les différentes contributions de ces animaux à l'amélioration de la qualité de vie de leurs maîtres. Les chiens guides d'aveugles, les chiens d'assistance aux personnes handicapées, les chiens pour malentendants reçoivent tous une éducation spécifique pour des missions très précises.

Il faut aussi préciser que les apports de ces animaux dépassent toujours largement le cadre de leur assistance technique. Chacun sait que le chien qui accompagne les personnes en fauteuil roulant et les aide dans leurs tâches quotidiennes, leur permet aussi de sortir de leur isolement psychologique en attirant les regards bienveillants. Il a, en effet, été établi que la présence d'un animal de compagnie augmente la quantité et la qualité de l'attention que les amis, la famille, mais aussi les passants dans la rue portent aux personnes handicapées. Cet effet d'attraction est évidemment appréciable pour le bien-être psychique des personnes qui souffrent d'un handicap physique et qui sont la plupart du temps, hélas, volontairement évitées ou ignorées.

a) Les chiens guides d'aveugles

Le chien-guide permet d'améliorer la réinsertion sociale des personnes qui acceptent leur handicap et souhaitent réagir à la contrainte physique. L'animal facilite une locomotion indépendante. Son affection est sans condition et n'est liée à aucun sentiment de pitié. Il procure un soutien fiable sans souligner le handicap. Il contribue ainsi d'une manière décisive à l'indépendance physique, à l'amélioration de la volonté et de la joie de vivre des non-voyants.

Selon le docteur-vétérinaire Fabrice Clerfeuille, le rôle du chien-guide ne se limite pas à faciliter la mobilité des non-voyants. Il permet aussi de faire face aux désordres psychologiques et sociaux résultant de la cécité.

Ces désordres ne concernent pas seulement les réactions émotionnelles liées à la perte de la vue, mais aussi les troubles résultant d'un manque de perception de l'environnement : perte d'intégrité physique, perte de confiance dans les autres sens, perte du contact réel avec l'environnement, perte de l'arrière plan visuel, perte de l'appréciation de l'esthétique et du réel, perte de l'expérience écrite et parlée.

b) Les chiens pour handicapés moteurs

Le rôle de cet animal consiste à épargner aux handicapés un certain nombre d'efforts et à les assister sur le plan physique et psychologique. Le chien peut ainsi ramasser et rapporter des objets (sac, téléphone...), effectuer des transactions (porter un objet qui appartient au maître à une tierce personne, prendre de la monnaie à un comptoir..), solliciter l'assistance d'autrui en cas de besoin (en aboyant sur commande ou en allant chercher quelqu'un), ouvrir et fermer une porte, appeler et faire monter un ascenseur, aider à la traction du fauteuil dans des cas difficiles (rampe inclinée, trottoir...).

L'animal doit être éduqué de façon à suivre son maître à gauche, à droite ou derrière le fauteuil. Il doit pouvoir l'attendre dans un lieu public ou devant l'entrée d'un magasin et se tenir dans certaines positions (sur le côté, le dos, etc.) pour faciliter le brossage et les soins.

Les personnes victimes d'un traumatisme crânien trouveront dans le chien d'assistance une source de stimuli permettant de soutenir leur vigilance. Sur le plan psychologique, un tel animal peut redonner confiance et joie à des personnes qui se sentent abattues ou isolées. En effet, l'animal facilite les interactions sociales et les contacts avec d'autres handicapés.

Les chiens les mieux adaptés pour remplir ces missions quotidiennes sont les Golden et les Labrador Retriever. D'un caractère facile, équilibrés, calmes et très affectueux, ils sont aussi très coopératifs et suffisamment intelligents pour se prêter aux activités auxquelles on les destine. Leur corpulence et leur musculature les prédisposent par ailleurs au trait du fauteuil roulant.

c) Les chiens pour malentendants

Les Associations " Canine Companion for Independence ou Handidog " aux Etats-Unis, le " Hearing Dogs for the Deaf Training Centre " au Royaume-Uni ou encore, depuis 1992, l'Association " Le chien écouteur " en France, forment des chiens destinés à assister les sourds et malentendants.

Les animaux apprennent à mémoriser certains sons ou certains situations de manière à pouvoir avertir leur maître : Minitel-dialogue, sonnerie à la porte d'entrée, appel vocal d'un voisin, pleurs d'un enfant, etc. Tout comme les chiens-guides pour non-voyants ou les chiens d'assistance pour handicapés physiques, les chiens pour malentendants apportent à l'homme une double contribution : une alternative aux aides mécaniques et la facilitation des relations sociales.

La place de l'animal à nos côtés, dans nos familles, dans notre vie économique est essentielle. Elle a suscité, notamment, une législation qui s'avère aujourd'hui lacunaire face au problème de société que constitue le développement du phénomène des " chiens agressifs ".

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