2. Évolution de la place du secteur public sur le marché publicitaire

La part de marché, en valeur, du service public de télévision dans l'ensemble des investissements publicitaires dans les cinq " grands médias " croît régulièrement pour atteindre près de 10,1 % en 1997, ce qui correspond à un gain de 1,9 point de part de marché depuis 1993.

Estimation de la part du secteur public de télévision
dans l'ensemble des cinq " grands médias "
(en pourcentage)

 

1993

1994

1995

1996

1997

Télévision publique

8,2

8,7

9,5

9,8

10,1

Télévision privée

23,0

23,2

23,5

23,7

23,9

Ensemble télévision hertzienne

31,2

31,9

33,0

33,5

34,0

Estimation SJTIC à partir des données IREP et SECODIP

Par ailleurs, selon la source traditionnellement utilisée qui est la SECODIP, 29,7 % des "investissements publicitaires" bruts dans le média télévision se seraient portés en 1997 sur le service public, c'est-à-dire France 2, France 3 et La Cinquième. Selon le CSA, qui a publié récemment une évaluation plus précise, s'appuyant sur des recettes nettes, la part des chaînes publiques s'élèverait à 31,2% légèrement supérieure donc à ce qu'indique la SECODIP.9( * )

Cette proportion s'élevait à 29,4 % en 1996, 28,9 % en 1995, 27,2 % en 1994 et 26,3 % en 1993.

 

1993

1994

1995

1996

1997

Télévision publique

26,3

27,2

28,9

29,4

29,7

Télévision privée

73,7

72,8

71,1

70,6

70,3

Ensemble télévision hertzienne

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Source SECODIP - 1998

L'audiovisuel public à tendance à gagner des parts de marché. Mais le fléchissement de la croissance du marché publicitaire de la télévision suscite une concurrence accrue qui fait peser une menace sur les recettes des chaînes publiques.

A cela s'ajoute les effets pervers de l'annonce de la réforme du financement de l'audiovisuel public : face à une pénurie anticipée d'écrans, certains annonceurs sont attirés par des contrats qui leur garantissent un accès à moyen terme aux écrans de TF1 et de M6 au moment où ceux-ci ne seront pas suffisamment important pour répondre à la demande. Il faut prendre garde à ce que la diminution des recettes publicitaires du secteur public ne soit pas en définitive, plus subie que voulue..

• La tendance récente

Le tableau ci-après récapitule l'évolution des recettes de publicité des sociétés nationales de programme depuis 1994.

Recettes de publicité
des sociétés nationales de programme depuis 1994
(en millions de francs)

Recettes nettes de publicité

1994

1995

1996

1997

1998 (LFI)

1999 (LFI)

France 2

 
 
 
 
 
 

Prévision (LFI)

1 915,30

1 974,00

2 111,50

2 417,20

2 513,80

2 526,0

Réalisation

1 987,10

2 133,70

2 306,00

2518,0

 
 

France 3

 
 
 
 
 
 

Prévision (LFI)

931,2

931,2

1 084,70

1 676,90

1 744,00

1806,9

Réalisation

1 004,20

1 446,60

1 527,90

1632,9

 
 

La Cinquième

 
 
 
 
 
 

Prévision (LFI)

 

26,5

10,6

14,1

19,3

19,3

Réalisation

 

6,4

14,9

27,5

 
 

RFO

 
 
 
 
 
 

Prévision (LFI)

88,9

87

76,2

31

50,0*

74,8

Réalisation

91,2

74,3

75,7

68,3

 
 

Radio France

 
 
 
 
 
 

Prévision (LFI)

61,3

70,7

60,7

81,2

87,2

94,4

Réalisation

73,1

97,2

105,8

93,3

 
 

RFI

 
 
 
 
 
 

Prévision (LFI)

5,5

4,5

4,5

5,5

5,5

5,5

Réalisation

2,5

4,8

4,4

4,3

 
 

Total réalisations

3 158,10

3 763,00

4 034,70

4344,7

 
 

% d'évolution n/n-1

13,21%

19,15%

7,22%

7,68%

 
 

Les recettes publicitaires initiales ainsi que celles réalisées par les sociétés incluent le COSIP, mais sont nettes de frais de régies

La Cinquième a commencé à diffuser le 13 décembre 1994

Les ressources publicitaires de RFI incluent celles du parrainage


La progression apparemment importante de la publicité sur RFO est en réalité un réajustement de l'évaluation pessimiste faite dans le projet de loi de finances 1997 des effets pour RFO de la suppression de la publicité sur le second canal de télévision et l'alignement de la publicité radio sur les règles appliquées à Radio France. Ces mesures, conjuguées avec le retrait progressif des programmes de TF1 sur le premier canal, ont eu inévitablement un effet négatif sur la publicité mais moindre que celui finalement observé en fin d'exercice. En conséquence, les chiffres pour 1998 ne reflètent pas une croissance de la publicité sur RFO mais un réajustement de la base sous-estimée.

Recettes de parrainage
des sociétés nationales de programmes depuis 1994
(en millions de francs)

Recettes nettes de parrainages

1994

1995

1996 (LFI)

1997

1998 (LFI)

1999 (LFI)

France 2

 
 
 
 
 
 

Prévision LFI

91,8

111,7

142,1

125,0

136,0

132,0

Réalisation

164,7

151,0

179,0

176,9

 
 

France 3

 
 
 
 
 
 

Prévision LFI

51,0

60,2

101,5

87,0

100,9

100,0

Réalisation

92,9

91,9

113,1

110,7

 
 

La Cinquième*

 
 
 
 
 
 

Prévision LFI

 

10,0

0,0

6,0

2,6

2,6

Réalisation

 

2,7

1,9

2,6

 
 

RFO

 
 
 
 
 
 

Prévision LFI

 

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

Réalisation

8,3

7,6

13,7

16,7

 
 

Radio France

 
 
 
 
 
 

Prévision LFI

30,0

30,5

30,5

30,0

31,0

33,0

Réalisation

25,4

31,2

34,9

38,4

 
 

RFI

 
 
 
 
 
 

Prévision LFI

 
 

4,5

5,5

5,5

0,0

Réalisation

2,1

4,0

3,3

2,9

 
 

Total réalisation

293,4

288,4

345,9

348,2

 
 

% d'évolution n/n-1

26,25 %

- 1,70 %

19,94 %

0,66%

 
 

* La Cinquième a commencé à diffuser le 13 décembre 1994

De fait, les premières données connues pour 1998 font apparaître que France 3 ne devrait pas atteindre les objectifs qui lui avaient été assignés. La régie France Espace estime, sur la base de la structure de l'audience actuelle, à 100 millions de francs l'insuffisance de recettes de publicité pour l'exercice 1998. Le manque à gagner constaté au 30 juin 1998 s'élevait déjà à 74,2 millions de francs

La situation de France 2 à la même date apparaît moins préoccupante puisque le retard sur les prévisions n'était que de 40 millions de francs sur des objectifs de 1,142 milliards de francs. Aujourd'hui, la situation semble plus préoccupante :



• d'abord comme permet de la constater le tableau ci-joint, la part d'audience des chaînes publiques régresse en 1998 ; pour les dix premiers mois : France 2 passe de 22,7% à 21,7%, tandis que France 3, qui se remet lentement des effets de la grève de décembre, recule plus nettement encore de 18,3% à 16,7% ; TF1 en revanche remontait de deux points à 36,1% de part de marché.

la différence avec les objectifs fixés par la loi de finances pour 1998 , soit 2513,8 millions de francs pour France 2, 1744 millions de francs pour France 3 pourrait se révéler importante de l'ordre de 200 millions pour les deux chaînes à comparer aux 4257,8 millions de francs prévus par France télévision dans le précédent projet de loi de finances. Ces performances médiocres sont d'autant plus inquiétantes que le marché se porte plutôt bien et que TFI affiche des résultats exceptionnels : un chiffre d'affaires publicitaires de 4,6 milliards de francs pour le premier semestre 1998, en croissance de 5,6 % par rapport à la période correspondante de 1997.

Le problème risque de persister par suite du manque de succès de la nouvelle grilles de programme notamment au moment de " l'access prime time " et surtout du fait du climat d'incertitude et des effets pervers consécutifs. Comme on l'a vu les annonceurs ont tendance à choisir d'ores et déjà TF1 pour préserver leur accès aux écrans lorsque le retrait partiel de France télévision aura diminué l'offre.

Les objectifs de recettes publicitaires fixés pour 1999 ( +0,5% pour France2 et +3,6% pour France3 ) pourraient se révéler hors d'atteinte par rapport à des niveaux réels de référence en 1998, nettement moins élévés.

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