II. LE PRÉSENT : UN ORDRE ACTIF ET STRUCTURÉ, GARANT DU DEVOIR DE MÉMOIRE

La Libération n'a pas signifié une quelconque mise en sommeil de l'Ordre. Certes, le décret du 23 janvier 1946 a mis fin à l'attribution de la Croix de la Libération. Mais deux ordonnances du 26 août 1944 et du 10 août 1945 5( * ) assurent la pérennité de l'Ordre, tout en marquant l'évolution de sa mission.

A la mission de reconnaissance succède en effet une mission de mémoire. Durant la guerre, l'Ordre incarnait la lutte pour la Libération et l'esprit de Résistance. Désormais, il est chargé de les perpétuer et d'en porter témoignage devant les nouvelles générations. C'est le sens de l'inscription de la crypte du Mont Valérien où un emplacement réservé attend le dernier Compagnon : " Nous sommes ici pour témoigner devant l'histoire que de 1939 à 1945 ses fils ont lutté pour que la France vive libre ".

Les nouvelles architectures institutionnelles et missions définies au lendemain de la Libération sont encore celles qui existent aujourd'hui.

A. L'ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE ACTUELLE

L'ordonnance du 10 août 1945 pose le principe de l'autonomie de l'Ordre et définit le cadre général de son organisation.

1. Une autonomie garantie

L'exposé des motifs de l'ordonnance du 10 août 1945 indiquait qu'" il est donc apparu nécessaire de donner à l'Ordre de la Libération un statut lui permettant de remplir sa mission et d'atteindre son but ". Ce statut passe nécessairement par la reconnaissance d'une autonomie.

Cette autonomie est assurée d'une double manière.

L'Ordre est d'abord doté de la personnalité morale . Cela entraîne une série d'implications juridiques qui deviennent autant de garanties d'autonomie. Il est ainsi appelé à prendre des décisions exécutoires, lesquelles peuvent parfois appeler une approbation de l'autorité de tutelle. Il possède un patrimoine propre. Il dispose également d'un budget propre. Il peut enfin agir en justice, en action comme en défense, pour y défendre les intérêts de l'Ordre.

Corollaire de la personnalité morale, l'Ordre est également doté de l'autonomie financière . L'Ordre possède ainsi un budget propre dont le Chancelier est l'ordonnateur principal. Ce budget est un budget annexe rattaché au budget du ministère de la justice. Les crédits s'élèvent à un peu plus de 5 millions de francs en loi de finances initiale pour 1999.

2. Une institution structurée

Second Ordre national après celui de la Légion d'honneur, l'organisation de l'Ordre de la Libération est similaire à celle de l'Ordre de la Légion d'honneur. L'exposé des motifs de l'ordonnance du 10 août 1945 soulignait d'ailleurs que son statut était " inspiré par celui de la Légion d'honneur ".

L'Ordre de la Libération repose sur deux organes aux fonctions complémentaires.

Le Conseil de l'Ordre a été institué par le décret du 29 janvier 1941. Il est chargé d'assurer la pérennité des traditions de l'Ordre. A ce titre, il fixe les grandes orientations de celui-ci. Il a également pour mission d'assurer la discipline de l'Ordre.

Présidé par le Chancelier, le Conseil est exclusivement composé de Compagnons de la Libération, qui sont nommés par décret, pour une durée indéterminée. Actuellement, les membres du Conseil sont au nombre de seize, mais aucun texte ne fixe de nombre de membres. Le Conseil se réunit au moins quatre fois par an sur convocation du Chancelier.

Le Chancelier , en application de l'article premier de l'ordonnance du 10 août 1945, assure l'administration de l'Ordre. L'Ordre n'ayant eu qu'un seul Grand-Maître en la personne du Général de Gaulle, le Chancelier est incontestablement le premier personnage de l'Ordre. Dépositaire du Sceau de l'Ordre, il dirige les services de la Chancellerie. Il convoque le Conseil et en prépare les séances. Il est l'ordonnateur principal du budget. Il a seul qualité pour représenter l'Ordre de la Libération. Il préside en outre la Commission nationale de la Médaille de la Résistance française.

Choisi au sein du Conseil, il est nommé, sur proposition du Conseil, par un décret du Président de la République pour un mandat de quatre ans renouvelable. Quatre chanceliers se sont succédé depuis la création de l'Ordre : l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu (1941-1958), le général François Ingold (1958-1962), M. Claude Hettier de Boislambert (1962-1978) et le général d'armée Jean Simon (depuis 1978).

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