FICHE N°2

PRIX, EMPLOI, CHÔMAGE

Les trois scénarios (à 2,5 %, 3 % et 1,8 % de croissance annuelle moyenne sur 2004-2009) se caractérisent par l' absence de tensions inflationnistes .

Ainsi, dans les deux scénarios de croissance soutenue (à 2,5 % et 3 %), la baisse du chômage est compatible avec une stabilité des prix .

Dans le scénario de ralentissement à 1,8 %, l'appréciation de l'euro a un impact désinflationniste marqué (du fait de la diminution du prix en euro des produits importés).

Ces évolutions sont détaillées ci-après par scénario.

1. LE SCENARIO CENTRAL (2,5 %)

PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉVOLUTION
DE L'EMPLOI, DU CHÔMAGE ET DES PRIX
SCÉNARIO CENTRAL (2,5 %)

Évolution en  %

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Ä 2004-2009

Ä 1995-2004

Productivité par tête

Emploi

Population active

Chômage (points)

2,4

0,2

0,4

9,8

1,6

0,3

0,4

9,4

1,4

1,0

0,5

9,0

1,8

0,6

0,2

8,6

1,8

0,6

0,2

8,2

1,8

0,6

0,2

7,7

1,8

0,7

0,3

8,6

0,8

1,0

0,5

10,4

Prix à la consommation

2,0

1,7

1,7

1,8

1,8

1,8

1,8

1,8

• L'hypothèse relative à l'évolution de la productivité par tête totale, à moyen terme, est celle d'une accélération par rapport à la période antérieure : + 1,8 % en moyenne sur 2004-2009 contre 0,6 % par an sur 1995-2003.

• Cette hypothèse suppose que les dispositifs de la politique de l'emploi de nature à « enrichir le contenu en emplois de la croissance », baisse de la durée du travail et allègements de cotisations patronales essentiellement, aient à partir de 2007, un impact neutre .

• Sur les années 2005-2006 cependant, le « Plan Borloo » permet d'augmenter le stock des emplois aidés dans le secteur non marchand (cf. encadré ci-après ). Sur un plan macroéconomique, cela se traduit par un ralentissement de l'évolution de la productivité par tête totale (1,6 % en 2005 puis 1,4 % en 2006).

• Compte tenu de l'augmentation de l'activité et de l'évolution de la productivité, l'emploi total croît en moyenne de 0,7 % par an sur 2004-2009.

En 2004, la progression de l'emploi est faible (+ 0,2 %), les entreprises s'adaptant avec retard à la hausse de l'activité (la hausse de la productivité qui en résulte est caractéristique d'une période de reprise).

En 2005, la productivité ralentit et l'emploi progresse plus rapidement : + 0,8 %.

En 2006, les effets du Plan Borloo sur les emplois aidés non marchands (cf. encadré ci-après) accentuent cette évolution de l'emploi salarié : +1,0 %.

Sur les trois dernières années, les effets de ce Plan se dissipent et l'évolution de l'emploi (+0,6 % par an) est cohérente avec les évolutions de l'activité et de la productivité.

Une simulation par l'OFCE de l'impact du « Plan Borloo »
sur les emplois aidés dans le secteur non marchand

Contrat d'avenir (CA)

Les personnes employées en CA seraient rémunérées au SMIC horaire (7,61 euros en brut) et travailleraient 26 heures par semaine (soit un salaire mensuel brut de 857 euros). Le taux de cotisation appliqué est de 1,45 (le CA est exonéré de charges pour les employeurs, mais ces exonérations sont payées par le ministère de l'emploi). En enlevant le RMI (418 euros par mois), ceci conduit à un surcoût mensuel pour les APU de 824 euros, soit 9 891 euros par an et par personne.

Après une période de montée en charge (2005-2006), la dépense supplémentaire annuelle pour l'Etat serait de 1,285 milliards en 2007 et 2008 (et baisserait à 1,12 en 2009). En ajoutant un même montant payé par les collectivités locales, la dépense supplémentaire pour les APU serait de 2,570 milliards par an en moyenne. A partir de 2007, le plan permettrait de financer un stock de 260 000 personnes employées en contrat d'avenir (c'est la dépense annuelle divisée par le coût annuel, soit 2 570 000 000 / 9891). En faisant l'hypothèse que ces personnes resteraient en moyenne 1 an en contrat (dont la durée peut aller de 6 à 36 mois) et en tenant compte de la montée en charge, environ un million de personnes devraient passer par ces contrats en 5 ans.

Autres contrats aidés du secteur non marchand

Pour les autres contrats aidés du secteur non marchand, l'OFCE a retenu les hypothèses suivantes : une extinction des emplois jeunes (EJ) à horizon 2007 ; une continuation de la baisse progressive des CES-CEC (renommés contrat d'accompagnement à l'emploi, CAE).

Au total, le stock d'emplois aidés non marchands (de 329 000 en 2004) monterait jusqu'à 421 000 en 2006 avec la montée en charge des CA, puis reviendrait progressivement jusqu'à son niveau initial en raison de la baisse continue des autres contrats.

STOCKS D'EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR NON MARCHAND
ENTRE 2004 ET 2009

Milliers de personnes

EJ

CAE

CAV

TOTAL

2004

111

218

0

329

2005

80

178

77

336

2006

40

155

226

422

2007

10

135

260

405

2008

0

119

260

379

2009

0

106

230

336

Source : OFCE

Derrière ce mouvement globalement neutre à horizon 2009, s'opère un changement radical quant aux publics concernés par les emplois aidés non marchands. Ces emplois en grande partie destinés aux jeunes et aux chômeurs de longue durée, sont redirigés vers les publics les plus éloignés de l'emploi, les allocataires de minima sociaux. Cela suppose pour les employeurs, principalement les collectivités locales, une adaptation des modes de recrutement et la mise en place d'un accompagnement supplémentaire pour le même travail puisse être réalisé.

Cette substitution entre contrats a également une conséquence budgétaire. Les contrats d'avenir étant moins coûteux à financer que les emplois jeunes et les CAE, en faisant le solde des dépenses supplémentaires liées aux CA et des économies sur les autres contrats, on observe globalement une économie de 770 millions à horizon 2009.

Mais l'enveloppe budgétaire affectée au CA ne semble pas incorporer le coût des formations obligatoires pour les personnes employées en contrat d'avenir. En prenant comme hypothèse que le coût d'une formation serait d'environ 1.500 euros par personne et par an (coût d'une action de formation préalable à l'embauche financée par l'Unédic), cela représenterait déjà une dépense supplémentaire de 390 millions pour les 260 000 personnes employées en contrat d'avenir.

DÉPENSES SUPPLÉMENTAIRES DES APU VERS L'EMPLOI AIDÉ NON MARCHAND
(EN MILLIONS D'EUROS, PAR RAPPORT À 2004)

Millions d'euros

EJ

CAE

CA

TOTAL

2005

-367

-289

766

109

2006

-842

-460

2238

936

2007

-1197

-612

2570

761

2008

-1315

-730

2570

525

2009

-1315

-819

2240

106

Source : OFCE

• L'année 2007 est celle du retournement démographique : l'augmentation de la population active ralentit nettement, soit 60.000 personnes supplémentaires sur le marché du travail en 2007 et 40.000 en 2009, contre 140.000 personnes supplémentaires en moyenne sur la période 1996-2005.

• La progression de l'emploi et le ralentissement de l'augmentation de la population active concourent à une baisse du chômage .

Après une stabilisation en 2004, le nombre de chômeurs baisse de 100.000 en 2005, le taux de chômage passant de 9,8 % à 9,0 % en fin d'année (9,4 % en moyenne annuelle en 2005).

Par la suite, le taux de chômage baisse régulièrement : - 0,4 point par an, pour atteindre 7,7 % en 2009 (100.000 chômeurs de moins par an environ) .

• Ce scénario se caractérise par l'absence de tensions inflationnistes. Les prix de la consommation augmentent ainsi de 1,8 % par an en moyenne même s'ils connaissent une faible accélération en cours de projection (+ 0,1 point par an).

En première analyse, ce résultat peut paraître surprenant compte tenu de la relation inverse entre chômage, d'une part, et salaires et inflation, d'autre part (courbe de Phillips). Cette relation apparaît en effet dans les équations de prix et de salaires des modèles macroéconomiques. Il existerait ainsi un niveau du chômage (ou NAIRU 37 ( * ) ) en deçà duquel apparaîtraient des tensions inflationnistes. Le niveau du taux de chômage « accélérateur d'inflation »est généralement estimé autour de 9 %.

Or, en projection, le taux de chômage effectif passe au-dessous de ce seuil dès 2007, sans que les salaires ou les prix ne connaissent d'augmentation significative.







Ceci résulte du choix des modélisateurs de faire baisser le NAIRU (ou « chômage accélérateur d'inflation ») sur le moyen terme au fur et à mesure que le chômage effectif diminue 38 ( * ) : ainsi une baisse du chômage effectif de 1 point entraîne-t-elle une baisse de 0,9 point du NAIRU.

2. LE SCENARIO A 3 %

Avec une croissance de 3 % et une hypothèse d'évolution de la productivité identique à celle du scénario précédent (soit 1,8 % par an en moyenne), le chômage baisse de 0,7 point par an (contre 0,4 point par an dans le scénario à 2,5 %), pour atteindre 6,6 % en 2009.

Pour les raisons évoquées ci-dessus les prix restent stables également dans ce scénario.

Ceci suggère que dans cet exercice de modélisation le taux de chômage structurel - ou de plein emploi - de l'économie française se situe pour le moyen terme au-dessous de 6,6 % .

SCÉNARIO À 3 %

Évolution en %

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2004-2009

Emploi

0,2

0,8

1,4

1,0

1,0

1,0

1,0

Taux de chômage
(en points)

9,8

9,4

8,6

8,0

7,3

6,6

8,0

Prix à la consommation

2,0

1,7

1,7

1,8

1,9

2,0

1,9

3. LE SCENARIO NOIR (1,8 %)

• Dans le scénario noir décrit dans la fiche n° 2, le taux du chômage se stabilise en fin de période au-dessus de son niveau de 2004 (soit 9,9 %) après un pic en 2003 (10,6 %).

Ceci montre que le ralentissement de l'évolution de la population active ne « suffit » pas à baisser le chômage si la croissance de l'économie est durablement inférieure à son potentiel.

• Ce scénario se caractérise par l'absence de tensions sur les capacités de production et par l'appréciation de l'euro qui permet de diminuer le prix des produits importés et, en particulier, de compenser les effets d'une stabilisation des prix du pétrole autour de 40 dollars (contre 37 dollars dans les scénarios à 2,5 et 3 %).

Il en résulte que l'augmentation des prix à la consommation est limitée de 1,4 % par an en moyenne sur 2004-2009.

SCÉNARIO CENTRAL (2,5 %)

Évolution en  %

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2004-2009

Emploi

0,2

0,8

0,3

- 1,1

- 0,3

1,0

0,1

Taux de chômage
(en points)

9,8

9,4

9,5

10,4

10,6

9,9

10,0

Prix à la consommation

2,0

1,7

1,0

0,7

1,3

1,9

1,4

* 37 Pour «Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment »

* 38 Ceci s'appuie sur divers travaux économétriques qui montrent que le NAIRU peut varier avec le chômage effectif mais surtout qu'à moyen terme, la notion de NAIRU est trop instable pour être pertinente.

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