2. Un faible chômage structurel en raison de facteurs difficilement transposables en France

On l'a vu, la faiblesse du taux de chômage du Japon et de la Corée provient non seulement d'un faible taux de chômage conjoncturel, mais aussi d'un faible taux de chômage structurel.

Le chômage structurel est celui qui ne disparaîtrait pas du fait d'une activité économique plus importante. Schématiquement, on peut le répartir en deux composantes :

- le chômage « frictionnel », correspondant au temps incompressible que les personnes mettent à trouver un emploi ;

- le chômage « classique », correspondant aux personnes qui sont structurellement inemployables aux salaires en vigueur ou qui ne veulent pas trouver un emploi.

a) Le coût du travail est faible en Corée, mais élevé au Japon

Si le coût horaire du travail est faible en Corée, il est analogue au Japon à ce qu'il est en France, comme l'indique le graphique ci-après.

Coût horaire du travail dans le secteur manufacturier

(Etats-Unis = 100)

Source : U.S. Bureau of labor statistics, février 2006

Par ailleurs, la part des salaires dans la valeur ajoutée est élevée au Japon, comme l'indique le graphique ci-après.

Part des salaires dans la valeur ajoutée

(en %)

Source : OCDE

La faiblesse du taux de chômage structurel du Japon ne peut donc provenir du niveau des salaires.

b) Le Japon a l'un des meilleurs niveaux d'éducation du monde

Un facteur qui contribue certainement au faible taux de chômage structurel du Japon, c'est que ce pays fait partie de ceux qui ont le meilleur niveau d'éducation.

Bien que de tels résultats doivent être utilisés avec précaution 58 ( * ) , la proportion de personnes peu éduquées semble corrélée au taux de chômage structurel, comme l'indique le graphique ci-après.

Proportion de personnes peu éduquées et taux de chômage structurel (2005)

(en %)

Hors Portugal.

La source utilisée (Perspectives économiques de l'OCDE) n'indique pas d'évaluation du taux de chômage structurel dans le cas de la Corée. Dans le cas de la Corée, la proportion de personnes ayant un niveau de formation inférieur au deuxième cycle de l'enseignement secondaire est de 29 %.

Source : OCDE

Ainsi, plus un pays a une forte proportion de personnes ayant un très faible niveau d'éducation, plus son taux de chômage structurel tend à être élevé.

On peut supposer que ce phénomène tend à réduire le taux de chômage structurel du Japon, dont la proportion de personnes ayant un niveau de formation inférieur au deuxième cycle de l'éducation secondaire est de seulement 16 % 59 ( * ) , contre 33 % en moyenne dans l'OCDE. Si un faible niveau d'éducation n'est pas facteur de chômage dans les économies peu ou moyennement développées, il rend en revanche plus difficile l'obtention d'un emploi dans celles - comme le Japon - où l'économie de la connaissance joue un rôle important.

* 58 En particulier, l'inclusion du Portugal dans le graphique ci-après ramènerait la corrélation (R²) de 0,45 à 0,15.

* 59 Cette proportion est de 29 % dans le cas de la Corée.

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