C. CHANGER L'ORGANISATION TERRITORIALE DE L'ÉTAT

1. Parfaire les partages de services

La mission dénonce le maintien des effectifs des services de l'État dans les secteurs où la responsabilité a été transférée aux collectivités territoriales, par exemple pour les collèges et les lycées.

Elle souhaite voir appliqué le principe fixé par la loi, selon lequel tout transfert de compétence est accompagné d'un transfert de personnel. Ce principe ne doit subir aucune exception ou atténuation.

A titre d'exemple, la commission consultative sur l'évaluation des charges résultant des transferts de compétences 317( * ) a rappelé qu'il convenait d'organiser les conditions du transfert des personnels consécutif à la mise en oeuvre de la loi quinquennale du 20 décembre 1993 qui a confié aux régions, à compter du 1 er janvier 1999, la compétence en matière de formation professionnelle continue des jeunes de moins de vingt-six ans.

2. Alléger l'organisation territoriale de l'État

Les services de l'État doivent adapter leurs interventions aux besoins spécifiques du territoire sur lequel ils agissent, plutôt que de faire prévaloir une conception trop uniforme. Ainsi, l'organisation de l'État doit tenir compte de l'extrême diversité des territoires (zone de montagne, zone littorale, zones fortement urbanisées, zones rurales et enclavées, etc.).

En effet, comme le souligne le " rapport Santel " 318( * ) , " le principe d'adaptation est un de ceux qui caractérisent le service public. Pourtant, la conception administrative dominante est encore celle de l'uniformité : au nom du principe d'égalité, l'administration territoriale de l'État devrait être uniforme de Lille à Mende et de Brest à Grenoble. C'est confondre la nécessaire égalité du service rendu au public, avec l'égalité des moyens, en l'occurrence de l'organisation ".

Le choix des niveaux pertinents de déconcentration soulève la question du découpage administratif de l'État. La loi relative à l'administration territoriale de la République du 6 février 1992 et la charte de la déconcentration militent pour le maintien de l'identité entre les circonscriptions d'action de l'État avec le découpage des collectivités décentralisées.

Toutefois, dans ce cadre, il ne paraît pas nécessaire que chaque ministère cumule une direction départementale et une direction régionale , alors même que les compétences sont partagées et parfois entièrement transférées aux collectivités locales.

Au regard de l'objectif d'efficacité de l'action publique, la mission ne considère pas pertinent qu'à chaque niveau de collectivité décentralisée corresponde un niveau déconcentré de l'État .

Lorsque les compétences sont décentralisées, il n'est pas conforme à l'impératif d'efficacité et de bonne gestion que l'État maintienne des services d'exécution à l'échelon local. L'État doit admettre qu'en matière d'action sociale ou d'équipement, l'intervention de l'État dans les tâches de proximité et de gestion fait double emploi avec l'intervention des collectivités locales.

Selon la compétence considérée, la direction départementale serait seule maintenue : tel pourrait être le cas en matière d'action sociale ; dans d'autres cas, la direction régionale serait l'échelon le plus pertinent et rendrait superfétatoire le maintien des directions départementales ; par exemple en matière d'emploi. En complément, le " rapport Picq " 319( * ) suggérait de regrouper les actuels services départementaux et régionaux de l'État en quelques grandes directions territoriales 320( * ) .

Entendu par la mission, M. Jean-Pierre Duport, président de l'Association du corps préfectoral, a estimé que, tant qu'une compétence restait du ressort de l'État, les services extérieurs étaient nécessaires . Il a toutefois admis que tous les ministères ne devaient pas bénéficier de tels services .

L'organisation des services de l'État et de leurs modes de coopération pourrait varier d'un département à l'autre, d'une région à l'autre 321( * ) . En effet, pour certaines missions, l'intervention de plusieurs échelons n'est pas efficace. A titre personnel, M. Jean-Pierre Duport, président de l'association du corps préfectoral, en a convenu, se demandant s'il était nécessaire que l'organisation de l'État soit la même sur toutes les parties du territoire.

Comme l'écrit Bruno Rémond 322( * ) , conseiller-maître à la Cour des comptes : " Tout est possible ! il faut simplement s'attacher à faire coïncider la logique des territoires, celle des politiques publiques et celles des institutions politiques comme des structures administratives ".

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