2. Redéfinir les rôles respectifs des administrations centrales et des services déconcentrés

La mission recommande de faire respecter une définition des rôles entre le centre et le terrain correspondant à l'objectif d'efficacité et de simplicité. A ce titre, le respect du principe d'égalité ne doit pas être perçu comme un frein à la déconcentration des services de l'État.

Les administrations centrales doivent préparer les grands choix stratégiques nationaux, élaborer les politiques publiques et les normes juridiques nécessaires à la garantie de l'intérêt général et de la cohésion nationale, fixer des objectifs aux services déconcentrés et promouvoir systématiquement l'évaluation.

Les services déconcentrés doivent être en mesure de mettre en oeuvre les politiques publiques, étant bien entendu que la mise en oeuvre ne se limite pas à l'exécution mais suppose une véritable capacité d'étude de la part de ces services, la contractualisation des objectifs et des moyens avec l'administration centrale, l'évaluation systématique des résultats et une autonomie de gestion suffisante.

3. Promouvoir une véritable " interministérialité de terrain "

La mission souscrit à l'idée, préconisée par le " rapport Picq ", d'une " mission régionale ", instrument d'une véritable interministérialité de terrain dégagée des tâches de gestion , se consacrant entièrement aux fonctions d'expertise, de planification et d'évaluation.

Des fusions de services doivent être envisagées. Par exemple, certains départements pourraient relancer l'expérience de regroupement des directions départementales de l'agriculture et des directions départementales de l'équipement, dont les missions sont complémentaires.

Interrogé sur les fusions de services, M. Jean-Pierre Duport, président de l'association du corps préfectoral, s'est déclaré opposé à des regroupements autoritaires de services de l'État, estimant nécessaire de maintenir dans chaque département des spécialistes dans chaque domaine de compétence.

A défaut de cette formule très intégrée, des délégations interservices 326( * ) , voire de simples rapprochements entre services 327( * ) doivent être


systématisés. Une véritable organisation interministérielle suppose toutefois d'aller plus loin que des relations bilatérales, par la mise en place de véritables réseaux interservices étendus.

Cette interministérialité passe par le renforcement de l'autorité préfectorale sur les services déconcentrés de l'État, réduits et restructurés autour de " pôles de compétences " placés sous l'autorité du préfet. Le double rattachement, hiérarchique et fonctionnel , d'un service déconcentré au préfet et à son administration centrale, doit être conçu selon une logique de réseau.

Lors de son audition par la mission, M. Émile Zuccarelli, alors ministre de la fonction publique, de la réforme de l'État et de la décentralisation, a souhaité réaffirmer le pouvoir de coordination des préfets sur les services déconcentrés. Il a noté que l'autorité des préfets ne pouvait s'exercer de la même façon à l'égard des différents services et d'un département à l'autre . Il a jugé préférable de proposer une " boîte à outils ", incluant la déconcentration des crédits, afin que les préfets choisissent le mode d'organisation le plus adapté à leur département.

En particulier, la mise en commun de moyens humains ou matériels doit être encouragée. Il s'agit de confier au préfet les moyens techniques et humains lui permettant d'agir sur l'ensemble des secteurs de compétence étatique avec la même marge de manoeuvre que celle dont disposent les présidents de conseil général ou régional. Cette mise en réseau concerne le partage de services juridiques et les formations de niveau interministériel . Il convient aussi d'encourager l'organisation du travail en équipe des sous-préfets, chacun ayant un domaine de spécialisation. La voie d'un renforcement de l'autorité du préfet par une présence suffisamment longue dans un poste (quatre ou cinq ans) mérite d'être explorée 328( * ) .

Le rattachement du corps préfectoral au Premier ministre pourrait permettre de mieux affirmer son caractère interministériel. Dans cette conception, le rattachement au ministère de l'Intérieur ne se justifie plus que par des raisons historiques, lorsque les missions du préfet consistaient avant tout à faire respecter l'ordre public.

En ce sens, s'exprimant devant l'Académie des sciences morales et politiques, M. Christian Poncelet, président du Sénat, s'est déclaré favorable à l'idée d'instituer une véritable " mission de coordination interministérielle des politiques publiques, placée auprès du Premier ministre et à laquelle seraient directement rattachés les préfets ", ajoutant qu'aujourd'hui " la gestion du corps préfectoral par le ministère de l'Intérieur ne s'imposait plus ".

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