Audition de Sa Béatitude Monseigneur Joseph ABSI,
Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient

Mardi 14 mai 2019

Mardi 14 mai 2019, le groupe de liaison, de réflexion, de vigilance et de solidarité avec les chrétiens, les minorités au Moyen-Orient et les Kurdes, présidé par M. Bruno RETAILLEAU (Vendée - Les Républicains) a reçu une délégation conduite par Sa Béatitude Mgr Joseph ABSI, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, composée de S.Exc. Mgr Jean-Clément  JEANBART, Métropolite d’Alep, Séleucie et Cyr, S.Exc. Mgr Nicolas ANTIBA, Vicaire patriarcal à Damas, Mgr Pascal GOLLNISCH, Directeur de l’Œuvre d’Orient, et Archimandrite Charbel MAALOUF, Exarque patriarcal en France  et Curé de Saint-Julien-le-pauvre. Mgr Joseph ABSI se rendait en France pour la première fois depuis son élection en juin 2017.

Dans son propos introductif, M. Bruno RETAILLEAU a tout d’abord adressé ses condoléances à la délégation suite au décès du cardinal Sfeir, ancien chef de l’Eglise maronite et artisan de la lutte contre l’occupation syrienne du Liban. Il a souhaité connaître le sentiment de Mgr Jospeh ABSI au sujet de la justice et de la coexistence entre les différentes communautés en Syrie et en Irak. Il a souligné l’engagement du groupe de liaison sur les questions liées aux communautés chrétiennes en Orient, et a évoqué le rôle majeur de la citoyenneté pour transcender l’appartenance confessionnelle et ethnique. M. Bruno RETAILLEAU a fait part de son espoir que le processus politique en cours en Irak puisse créer les conditions de la réconciliation nationale, rappelant que celle-ci s’inscrivait dans la position constante de la diplomatie française.

Mgr Joseph ABSI a fait valoir que l’Eglise melkite était profondément enracinée dans la région du Proche-Orient depuis les origines du christianisme, Damas ayant accueilli l’une des premières communautés chrétiennes. Ses fidèles sont aujourd’hui présents au Liban, en Syrie, en Palestine, en Irak, en Egypte, mais également en Amérique ou en Australie. Quant à la présence melkite en France, Mgr Joseph ABSI a évoqué une communauté importante, dotée d’Églises paroissiales à Marseille et à Paris. Il a abordé les souffrances traversées au cours des siècles par l’ensemble des Chrétiens d’Orient et s’est dit inquiet d’être contraint de quitter son pays durablement, à l’image d’une grande partie des fidèles de sa communauté. Refusant de voir celle-ci qualifiée de « minorité », il a fait part de son combat pour que les Chrétiens  puissent rester dans leurs pays, comme une composante du Moyen-Orient.

Interrogé par M. Bruno RETAILLEAU sur la situation en Syrie, Mgr Joseph ABSI a estimé que la situation sécuritaire dans les régions contrôlées par le gouvernement était stable. Toutefois, il a déploré les destructions considérables et a souligné qu’une solution politique devait être trouvée afin de reconstruire le pays. En outre, il a insisté sur les conséquences néfastes pour la population civile des sanctions internationales imposées à la Syrie, à l’origine d’une pénurie de carburant et de médicaments. Il a regretté que les chrétiens, peinant à trouver un emploi ou à se déplacer, quittent la Syrie en plus grand nombre encore que lorsque sévissait la guerre.

Les intervenants ont également évoqué le rôle de passerelle de la communauté chrétienne, en particulier entre les différentes communautés musulmanes et auprès de l’Occident. Mgr Jospeh ABSI a fait part de son attachement aux valeurs d’ouverture et de citoyenneté, et d’une volonté de cohabitation avec les musulmans. Il s’est dit partisan de la laïcité pour dépasser le dilemme du confessionnalisme.

En ce qui concerne les liens qui unissent la communauté à la France, Mgr Joseph ABSI a évoqué des liens culturels et linguistiques mais aussi un rapport de foi. Monseigneur Pascal GOLLNISCH, directeur de l’Œuvre d’Orient, a quant à lui rappelé que 400 000 élèves de l’Égypte à la Turquie étaient scolarisés dans des établissements dont la direction est francophone. Il a fait part de son inquiétude quant à une perte d’influence française dans la région et a appelé à renforcer ce réseau.

M. Bruno RETAILLEAU a souhaité savoir comment la France et le Sénat pouvaient venir en aide à la communauté et participer à l’effort de reconstruction en Syrie. Mgr Joseph ABSI a insisté sur la nécessité de lever les sanctions. Il a fait valoir qu’il relevait de l’intérêt français d’aider les communautés chrétiennes à rentrer chez elles. M. Bruno RETAILLEAU s’est dit prêt à travailler avec  M. Jean-Pierre VIAL, Président du groupe d’amitié France-Syrie, pour documenter la question des sanctions et leur impact néfaste sur les populations les plus fragiles et les plus pauvres.

Mgr. Absi et M. Bruno RetailleauLa délégation conduite par Mgr. Absi aux côtés de M. Bruno Retailleau