Funérailles républicaines

Mme la présidente.  - L'ordre du jour appelle l'examen de la proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, instituant des funérailles républicaines.

Discussion générale

M. Sébastien Lecornu, ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales .  - Cette proposition de loi, adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale il y a plus de deux ans sous la précédente législature, est examinée aujourd'hui au Sénat.

Le sujet est complexe. Il touche à l'intime, à la croyance. On dit que le degré de civilisation d'une société se mesure à la place qu'elle accorde aux défunts ; je le crois.

En France, la liberté des obsèques, civiles ou religieuses, a été établie par la loi du 15 novembre 1887, annonciatrice de la grande loi de 1905. Tout au long du XXe siècle, les principes et us funéraires ont évolué fortement. Aujourd'hui, 74 % des obsèques sont religieuses et 26 % civiles. Elles sont religieuses à 87 %, quand il y a inhumation. La crémation, qui représente 49 % des obsèques civiles, est passée de 1 % des décès en 1980 à 35 % en 2016. Il ne s'agit pas de nier cette évolution mais d'adopter la meilleure attitude face à la demande.

Première solution : passer par la loi, comme la proposition de loi veut le faire, en obligeant d'une part la commune à mettre à disposition gratuitement une salle adaptable afin de permettre aux familles d'organiser des funérailles civiles ; en ouvrant d'autre part la possibilité pour un officier d'état civil, s'il le souhaite, de mener la cérémonie.

C'est cependant une contrainte nouvelle imposée aux communes, sans aucune compensation financière, donc financée par le contribuable local. (MM. André Reichardt et Laurent Duplomb le confirment.) C'est aussi une source de contentieux. Qu'est-ce au juste qu'une salle « adaptable » ? Quand la mairie peut-elle refuser ? (Mme Françoise Gatel renchérit.) Cette question qui peut paraitre secondaire représente une insécurité juridique pour les communes.

Se pose aussi la question de l'articulation avec les opérateurs funéraires. Depuis la loi du 8 janvier 1993, le monopole des mairies sur « le service extérieur des pompes funèbres » a été aboli ; la mise à disposition gratuite de salles pourrait constituer une concurrence déloyale.

Je ne suis pas certain qu'il soit opportun de conférer de nouvelles attributions à l'officier d'état civil, dont le rôle est de délivrer des actes et non de présider des cérémonies. Un officier d'état civil, qui préside aux mariages, lit les dispositions du code civil. Cette proposition de loi en fait plutôt un maître de cérémonie, ce qui n'est pas son rôle. Malgré le caractère généreux de ce texte, et son intention louable, je ne crois pas que la loi soit le bon véhicule.

Je lutte contre les « irritants », notamment issus de la loi NOTRe. Ne créons pas de nouvelles normes. Il vaut mieux inciter plutôt que contraindre. (Marques d'approbation sur les bancs au centre et à droite)

J'ai été maire de Vernon, président de conseil départemental ; je connais comme vous la culture des élus locaux. Laissons-les choisir. Faisons leur confiance !

Enfin, les usages locaux sont très importants, en métropole comme en outre-mer. Plus que jamais, il faut faire confiance à l'intelligence territoriale.

M. Patrick Kanner.  - Ça change !

M. Sébastien Lecornu, ministre.  - Le Gouvernement est donc défavorable, non aux intentions de cette proposition de loi mais à la méthode retenue. (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains)

Mme Françoise Gatel.  - Très bien !

M. André Reichardt.  - Le ministre a tout dit.

M. Loïc Hervé, rapporteur de la commission des lois .  - La semaine dernière, la commission des lois a adopté un amendement de suppression de l'article ainsi que de cette proposition de loi de Bruno Le Roux. Nous délibérons donc sur le texte de l'Assemblée nationale, conformément au premier alinéa de l'article 42 de la Constitution.

J'ai entendu toutes les parties prenantes : associations d'élus, fédération des familles de France, ministères, cultes, fédération de la libre-pensée, opérateurs funéraires, publics et privés...Je me suis entretenu avec le deuxième signataire de la proposition de loi, M. Hervé Féron, également rapporteur de la commission des lois de l'Assemblée nationale. Merci à Jean-Luc Fichet d'avoir participé aux auditions et à Jean-Pierre Sueur, avec qui nous avons échangé...

M. Jean-Pierre Sueur.  - Avec quel résultat !

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - La liberté des obsèques est garantie depuis la loi du 15 novembre 1887, mais 74 % d'entre elles sont encore religieuses.

L'organisation d'obsèques civiles est libre, mais l'attribution d'une salle municipale relève de la décision de la commune et est soumise à redevance, sauf exception. La participation d'un officier d'état civil est possible, mais à titre privé - je l'ai fait en tant que maire.

Cette proposition de loi se heurte à de nombreux écueils : que signifie une salle « disponible » ? Cela créerait-il une priorité et donc des conflits d'usage ? Que signifie « adaptable » ? Dans quels cas la commune pourrait-elle légitimement refuser ces obsèques ? Cela n'est pas mentionné dans le texte.

Enfin, la notion de funérailles républicaines est ambivalente. Les obsèques religieuses ne sont pas moins républicaines que des obsèques civiles.

Les obsèques nécessiteront la participation d'un opérateur de pompes funèbres.

La participation de l'officier d'état civil est ambivalente pour une cérémonie qui ne crée pas de droits. Une telle cérémonie ne s'improvise pas. Les maîtres de cérémonie des opérateurs sont diplômés.

Le refus de l'élu pourrait être considéré comme une discrimination, relevant du juge judiciaire, alors que le contentieux de la mise à disposition de salles municipales relève de la compétence du juge administratif.

Je suis favorable à ce que les communes, quand elles le peuvent, mettent à disposition des familles des salles - elles le font déjà. Il n'est donc ni nécessaire ni utile de rappeler une telle possibilité, qui existe, tout en créant une nouvelle obligation à la charge des communes, sans compensation financière. Le Sénat attache la plus grande importance à la qualité de la loi et à son caractère normatif.

La commission des lois nous invite donc à rejeter cette proposition de loi en adoptant les amendements de suppression de son article unique déposés par Jean-Pierre Grand et Alain Marc. (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains)

M. Jean-Pierre Decool .  - Cette proposition de loi impose aux communes disposant d'une salle « adaptable » de mettre à disposition des familles une telle salle pour garantir l'organisation d'obsèques civiles et donne à un officier d'état civil la faculté de procéder à la cérémonie, si la famille du défunt le demande.

Cette proposition de loi manque de pragmatisme ; déjà en 2016, lorsque j'étais député, j'avais fait adopter en séance publique un amendement remplaçant « adaptée » par « adaptable », afin d'apporter un peu de souplesse aux communes. Dans certaines mairies de petite taille, le maire n'a même pas de bureau.

La gratuité de la mise à disposition de la salle contrevient aux règles de la domanialité publique, laquelle impose le paiement d'une redevance, même minime. (M. Pierre-Yves Collombat le conteste.) Les maires sont déjà surchargés de tâches et de responsabilités. Ne leur imposons pas une nouvelle charge sans compensation. Laissons-les s'occuper de leurs missions traditionnelles, assez nombreuses ! Il est inopportun de légiférer sur ce sujet alors que le droit en vigueur rend déjà possible l'organisation d'obsèques civiles en mairie sans pour autant contraindre les communes. Cette proposition de loi va à l'encontre du principe de libre administration.

Le groupe Les Indépendants ne votera pas ce texte. (M. Loïc Hervé, rapporteur, Mmes Françoise Gatel et Nicole Duranton applaudissent également ; marques de déception sur certains bancs du groupe SOCR.)

M. Patrick Kanner.  - Ce n'est pas glorieux !

Mme Patricia Morhet-Richaud .  - La liberté des funérailles est régie par la loi du 15 novembre 1887 dont l'article 3 dispose : « tout majeur ou mineur émancipé en état de tester peut régler les conditions de ses funérailles, notamment en ce qui concerne le caractère civil ou religieux à leur donner et le mode de sa sépulture ».

Cette proposition de loi propose que les maires soient impliqués, « automatiquement », dans l'organisation d'obsèques civiles au sein des salles municipales.

Aujourd'hui, le service extérieur des pompes funèbres, mission de service public, selon l'article L. 2222-19 du Code général des collectivités territoriales, est assuré par les opérateurs et 30 % des obsèques sont civiles.

Ce texte apporterait de nouvelles responsabilités pour les maires, de nouvelles charges financières pour les communes.

Ancien maire de Lazer dans les Hautes-Alpes, je peux témoigner que les maires savent répondre avec humanité à la détresse des familles. C'est pour cela que nous sommes élus, pour faire preuve de générosité mais aussi de discernement. Vous le savez, 49 % des maires déclarent qu'ils ne se représenteront pas en 2020. Ce n'est pas en leur ajoutant ainsi de nouvelles obligations qu'on suscitera de nouvelles vocations. (On s'amuse à gauche.) La législation en vigueur permettant déjà l'organisation d?obsèques civiles dans des bâtiments communaux, notre groupe ne votera pas ce texte. (Applaudissements sur les bancs des groupes Les Républicains et UC)

M. Alain Richard .  - Quelle est la conséquence du principe de liberté de choix établie par la loi de 1887, qui fait partie, avec la loi sur les communes, de ce cortège de lois faisant suite à la consolidation de la République en 1879 ? Je ne veux pas parler de pourcentage. Quelle que fût la proportion de ceux qui choisissent les obsèques civiles, il faudrait s'en préoccuper. Je ne considère pas comme vaine la mention de la possibilité d'accueil par les communes, dans une salle municipale, une célébration funéraire.

Je souhaite donc qu'un texte soit adopté mais je propose un texte différent de celui qui est soutenu par le groupe socialiste.

L'obligation générale n'est pas souhaitable, car certaines communes ne peuvent pas mettre de salles à disposition. Fixer le principe de la gratuité ne l'est pas non plus : toutes les obsèques sont payantes.

Lorsque la commune dispose d'une salle destinée à la réception du public, elle doit pouvoir percevoir la même redevance que pour d'autres activités.

L'entrée en scène de l'officier de l'état civil ne l'est pas davantage : son rôle est déterminé par la loi, il est là pour appliquer des obligations légales - ce qui n'est pas le cas lorsqu'il s'agit d'une telle cérémonie. Il me semble également que cette mention n'est pas justifiée.

Enfin, le service offert par la commune devrait être réservé, selon la proposition de loi, aux habitants de la commune. Mais si ce service est offert par certaines communes et pas par d'autres, il est incohérent d'empêcher les habitants de communes voisines d'en disposer. C'est pourquoi je propose une formule plus souple.

Je regrette que la majorité de la commission des lois ne souhaite pas débattre de ce texte. Nous pourrions proposer aux conseils municipaux de voter une délibération précisant les conditions d'organisation d'obsèques civiles dans la commune.

Une solution pragmatique et respectueuse de la liberté d'organisation des funérailles, de la liberté des communes et des besoins des familles concernées serait une meilleure solution. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOCR et LaREM)

M. Jean-Pierre Sueur.  - Cela va dans le bon sens !

M. Pierre-Yves Collombat .  - Même s'il me paraît difficile de voter, en l'état, un texte qui impose des obligations et des charges supplémentaires, à des communes et des élus qui n'en manquent pas, je partage les préoccupations des auteurs de la proposition de loi, parce qu'elle répond à l'attente de ceux qui, comme moi, ne se reconnaissant dans aucune foi religieuse ni obédience spirituelle, fût-elle fédérale, veulent partager un moment de recueillement et de souvenir à l'occasion du décès d'un proche. Il est des moments où la symbolique est essentielle.

Mon amendement de réécriture répondait aux objections formulées au texte initial, en supprimant l'obligation de fournir un local adapté. Il rendait tout facultatif. Il modifiait aussi la qualification des funérailles car les termes de « laïques » ou « civiles » sont plus adaptés que « républicaines ».

Inutile de répondre qu'il existe déjà des opérateurs privés. Ils ne sont pas gratuits et la mise à disposition de local est toujours liée à un service global.

Inutile aussi de dire que le texte est superfétatoire. Le CGCT ne manque pas de dispositions non normatives : les conseils départementaux « peuvent » délibérer de ceci ou de cela, les conseils régionaux « peuvent » engager telle ou telle action, les exemples sont légion. Hier soir encore, nous y avons ajouté nombre de dispositions facultatives.

M. Pierre-Yves Collombat.  - Oui, tout n'était que libertés ! Un texte non prescriptif peut avoir des effets incitatifs. Le Conseil d'État l'a souligné dans son étude de 2013 sur le droit souple, parfois appelé « droit mou ». Jean-Marc Sauvé, alors vice-président du Conseil d'État, estime lui-même « qu'il n'existe aucune contradiction entre la reconnaissance du droit souple ainsi que son expansion et une meilleure qualité du droit. En donnant un plus grand pouvoir d'initiative aux acteurs, et au-delà, plus de responsabilités, le droit souple contribue à oxygéner notre ordre juridique. Par un emploi raisonné, il peut pleinement contribuer à la politique de simplification des normes et à la qualité de la réglementation ». Alors, oxygénons !

Le site officiel servicepublic.fr indique lui-même que le baptême civil, que je préfère appeler parrainage civil, peut se pratiquer à la mairie. Toutefois, comme il n'a pas de valeur légale, la mairie n'est pas obligée de l'organiser...

La laïcité est d'application variable dans ce pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe CRCE ; protestations sur les bancs du groupe UC)

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - Tout ce qui est excessif est dérisoire !

M. Pierre-Yves Collombat.  - Mais ça réveille...

M. Jean-Luc Fichet .  - (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR) Notre groupe a souhaité inscrire cette proposition de loi adoptée par l'Assemblée nationale sous la précédente législature à l'ordre du jour réservé. La pratique est déjà fréquente, en particulier dans les communes rurales, lors des obsèques d'une personne impliquée dans la vie de la commune, ou lorsque la famille fait la demande.

Il s'agit de faciliter les démarches de ces familles qui, en l'absence d'information suffisante et de dispositions légales sur le sujet, doivent faire un choix en inadéquation avec les dernières volontés de leurs proches défunts, faute d'alternative connue.

Selon cette proposition de loi, une commune aurait désormais l'obligation, si et seulement si elle dispose d'une salle, de la mettre à disposition, si elle est adaptable. Cela laisse une latitude d'appréciation aux maires. Un officier d'état civil peut -  et seulement peut  - y procéder à une cérémonie civile. Aucune obligation n'est inscrite dans la proposition de loi.

Cette proposition de loi permet l'égalité des familles sur le territoire.

En commission des lois, des doutes ont été formulés ; ils ont amené à adopter un amendement de suppression. C'est fâcheux. L'adoption d'un tel amendement empêcherait de modifier le texte. Ainsi, l'amendement n°11 d'Alain Richard qui pourrait recueillir l'assentiment de tous ne serait pas examiné. Aujourd'hui, les obsèques coûtent au minimum 5 000 euros pour une famille.

Nous nous rallions également au deuxième amendement d'Alain Richard qui modifie le nom de la proposition de loi, si nous pouvions l'examiner...

Mme la présidente. - Veuillez conclure.

M. Jean-Luc Fichet.  - Cette proposition de loi revêt une dimension symbolique, reposant sur le triptyque de notre devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR ; M. Pierre Ouzoulias applaudit aussi.)

Mme Maryse Carrère .  - Les rites jalonnent la vie des individus et structurent la vie sociale. La Révolution française a donné aux communes nombre des obligations dévolues auparavant aux paroisses. Jean-Jacques Rousseau estimait qu'une société républicaine ne saurait être édifiée sans transcendance et en appelait en conséquence à sacraliser « l'être-ensemble collectif ». D'où la laïcisation de l'état civil le 20 septembre 1792. Le décret du 20 prairial an II créait en outre le parrainage républicain, que l'article 42 de la loi Égalité et citoyenneté encadrait encore.

La loi de 1887 donne à chacun le droit de choisir sa cérémonie funèbre, religieuse ou non. L'intitulé de la proposition de loi instaure des funérailles républicaines. Des questions se posent néanmoins. Ainsi la commune a l'obligation de mettre à disposition gratuitement une « salle municipale adaptable » pour « garantir » l'organisation de telles funérailles et le texte pose la possibilité, pour un officier d'état civil, de procéder, à la demande de la famille, à une cérémonie civile.

Le déroulement du mariage républicain obéit à des obligations, dont la lecture des articles du code civil concernant les devoirs des époux. La possibilité d'organiser des cérémonies religieuses dans des salles municipales nous interpelle. C'est parfois déjà le cas. Cette proposition de loi a été déposée car des maires ont été confrontés à des situations délicates.

Le groupe RDSE juge qu'il aurait été plus judicieux de travailler davantage sur le texte initial. Nous voterons donc l'amendement n°11 d'Alain Richard, qui offre plus de souplesse aux communes. Si des communes fournissent déjà des salles, cette proposition de loi a le mérite de l'inscrire dans le CGCT.

Si la proposition de loi n'était pas adoptée, une réflexion d'ensemble pourrait toutefois être menée sur les cérémonies républicaines : mariage, parrainage, ou encore cérémonie d'accueil dans la nationalité française.

Le groupe RDSE ne votera pas l'amendement de suppression du texte pour pouvoir examiner l'amendement de M. Richard.

M. Yves Détraigne .  - Cette proposition de loi impose aux municipalités de fournir aux familles une salle adaptable et gratuite, ainsi que les services d'un officier d'état civil si la famille le souhaite. Cela me rappelle nos débats de 2015 sur le parrainage civil, ou baptême républicain. La commission des lois avait écarté la proposition de faire de cette coutume un acte officiel obligeant les communes. Il s'agit aujourd'hui de créer une nouvelle obligation.

Maire pendant 28 ans d'une commune de 5 000 habitants dans la banlieue de Reims, j'ai participé à des baptêmes républicains, loué des salles comme pour les mariages et obsèques. Tous les maires le font.

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - Bien sûr !

M. Yves Détraigne.  - Au reste, de plus en plus de familles font appel à une société d'organisation d'obsèques... Cette proposition de loi n'a plus la pertinence qu'elle aurait eue il y a une quinzaine d'années... Aussi n'y a-t-il pas lieu de légiférer.

Quant à l'intervention d'un officier d'état civil, cela ne relève pas du champ habituel de ses obligations. Mais dans la pratique, rien n'empêche le maire d'accompagner la famille ni de prendre la parole. Je l'ai moi-même fait à de nombreuses reprises lorsque je connaissais suffisamment le défunt pour pouvoir en parler.

M. Jean-Pierre Sueur.  - C'est optionnel.

M. Yves Détraigne.  - S'agit-il de créer un rite civil ? Cela n'améliorera pas la pratique actuelle. Il n'est pas raisonnable d'imposer de nouvelles obligations aux communes et ce n'est pas nécessaire de manière générale. (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains)

M. Alain Marc .  - Notre Haute Assemblée examine une proposition de loi sur les obsèques républicaines que nous pourrions nommer « Obsèques civiles » ou « laïques ».

La loi les autorise déjà depuis le XIXe siècle. Le droit en vigueur permet l'organisation d'obsèques civiles, dans les locaux des mairies ; c'était le cas dans ma commune, pas plus tard que samedi dernier ! Pourquoi donc légiférer pour créer une nouvelle obligation ? Le maire n'est pas ordonnateur des pompes funèbres. Ne ridiculisez pas les élus locaux en les transformant en croque-morts, (Marques de réprobation à gauche) même si cette profession est estimable.

Cette proposition de loi est inutile. Le groupe Les Indépendants ne la votera pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)

Mme la présidente.  - J'adresse un salut tout particulier à une délégation de jeunes citoyens qui portent fièrement leur écharpe tricolore. Bienvenue au Sénat ! (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent.)

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - C'est leur première communion républicaine ! (Sourires)

Mme Nicole Duranton .  - Après le mariage civil, les funérailles républicaines... Le sujet n'est pas nouveau, l'Assemblée nationale en avait débattu en 2016.

L'intention est louable mais le texte présente des écueils. Prévoir la mise à disposition obligatoire d'une salle communale adaptable, lorsqu'elle existe et la mobilisation d'un officier d'état-civil à la demande des familles, c'est encore et toujours contraindre les communes !

Il n'y aurait pas d'alternative pour ceux qui ne veulent pas de funérailles religieuses. Faux, puisque l'article 3 de la loi du 15 novembre 1887 prévoit la liberté de choix entre funérailles civiles et religieuses et que l'article L. 2223-19 du code général des collectivités territoriales investit les pompes funèbres d'une mission de service public.

Ce texte prévoit, par dérogation à l'article L. 2125-1 du code général de la propriété des personnes publiques, la gratuité de la salle mise à disposition pour les funérailles. Comme le disait Margaret Thatcher, l'argent public n'existe pas, il n'y a que l'argent du contribuable. Aménagement de la salle, rangement et nettoyage, chauffage, électricité, des heures supplémentaires des agents retenus pour l'occasion seront autant de coûts supplémentaires pour les communes.

L'article unique est ainsi rédigé que la mise à disposition de la salle adaptable est rendue obligatoire. Comment feront les petites communes où les locaux sont rares ? Et les grandes où les locaux sont déjà très utilisés ? Maire d'une commune rurale, je n'avais pas de salle à proposer aux familles endeuillées. Toutes les petites communes ne seront-elles pas pénalisées ? Les familles à qui l'on avait, par ce texte, promis une salle leur porteront moins d'estime.

L'association des maires de France (AMF) s'est opposée, comme la commission des lois, à cette charge supplémentaire pour les communes. Les compétences des officiers d'état-civil, en outre, ne recouvrent pas le fait d'encadrer une cérémonie de funérailles et de prononcer un discours à cette occasion.

Lors de l'examen du texte à l'Assemblée nationale, ses défenseurs n'avaient pas caché leur souhait d'instaurer une forme de religion civile. Mais la République est une forme de gouvernement, elle n'a pas de dimension religieuse ou spirituelle.

M. Pierre Ouzoulias.  - Ce n'est pas ce que nous pensons !

Mme Nicole Duranton.  - Le député Philippe Gosselin, membre de l'entente parlementaire pour la famille, avait souligné, à juste titre, que les professionnels du funéraire savent parler avec les familles endeuillées parce qu'ils y sont formés, ce que les maires et leurs adjoints ne sont pas.

Ce texte représente clairement une tentative d'insertion de l'État dans la vie privée de nos concitoyens. Je voterai la suppression de l'article unique. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)

Mme Hélène Conway-Mouret .  - En mai 1882, le député Clovis Hugues défendait sa proposition de loi tendant à autoriser les obsèques publiques des républicains en disant : « Nous voulons le jour où nous allons dormir dans le grand sommeil, suivant l'expression de Bossuet, avoir la conviction d'être accompagnés par nos amis. » Cette volonté, plus d'un tiers des familles la partage dans une société de plus en plus laïque. Devons-nous aller contre ce mouvement ou l'accompagner ?

La première mission des pouvoirs publics est de garantir l'égalité. Or ceux qui n'adhèrent pas à une religion ne peuvent se rassembler dans un lieu qui ne soit ni commercial ni religieux. Une salle municipale serait l'idéal pour garantir l'égalité des citoyens devant la mort.

Le sujet a été soulevé à l'Assemblée nationale en 2007 puis en 2009 ; en 2016, l'article unique de cette proposition de loi y a fait consensus, seule l'extrême droite s'y est opposée. Certes, les funérailles civiles existent depuis 1887 mais de nombreuses familles l'ignorent. Inscrivons-le dans la loi pour le faire connaître.

Électricité, chauffage, nettoyage de la salle ? Ce sont des coûts que les communes assument pour n'importe quelle cérémonie ou réunion. Je doute que cela grève leur budget. Je comprends néanmoins l'émoi que suscite le terme de gratuité, raison pour laquelle nous sommes ouverts à la discussion du texte.

Victor Hugo, dont on sait l'attachement à notre institution, écrivait dans son testament : « Je donne 50 000 francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l'oraison de toutes les églises. Je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu ». Avec le poète, je suis convaincue que des funérailles républicaines peuvent être l'expression d'une spiritualité laïque.

Montrons que nous sommes capables d'être en phase avec les demandes de notre société. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOCR et RDSE ; M. Pierre Ouzoulias applaudit également.)

Mme la présidente.  - Je salue à nouveau une jeune délégation portant l'écharpe tricolore - nous sommes chanceux ! Jeunes citoyens, soyez les bienvenus au Sénat ! (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent.)

La discussion générale est close.

Discussion de l'article unique

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont .  - Pour citer encore Bossuet, « nous entrons dans la vie avec le devoir d'en sortir. » Comment, nous, législateurs, pourrions-nous nous abstenir d'offrir une solution aux 30 % de nos concitoyens qui ne souhaitent pas d'obsèques religieuses ?

« Honorer ses morts [...] est non seulement un fait culturel universel, c'est [...] aussi l'impératif moral le plus solide, le devoir ultime que s'imposent en toutes circonstances les différentes sociétés humaines. », dit l'anthropologue Grégory Delaplace. Des familles dans la tristesse peinent à trouver une salle pour accomplir ce devoir ultime, aidons-les en sécurisant une pratique qui existe déjà dans certaines communes.

L'AMF, dans son vade-mecum de 2015, rappelait cette possibilité.

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - Cela suffit...

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont.  - Ce texte ouvre des possibilités, il ne génère pas de nouvelles obligations. Il n'ôte de droit à personne. Il ne porte aucun jugement de valeur, ne véhicule aucune idéologie. Nous ne pénalisons pas les communes ; nous actons, au contraire, leur rôle dans la chaîne de la vie.

« En nous imposant des devoirs funéraires, [...] les morts font de nous ce que nous sommes. », disait encore Grégory Delaplace. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)

Mme la présidente.  - Amendement n°1, présenté par M. Grand.

Supprimer cet article.

M. Jean-Pierre Grand.  - Je ne suis pas philosophiquement opposé aux funérailles républicaines et partage tout ce qui vient d'être dit mais, et nous le savons mieux que quiconque au Sénat, nos communes sont diverses. Instaurer des funérailles républicaines alourdirait leurs charges. Les communes qui n'offriraient pas cette possibilité se le verraient reprocher, ouvrant là des débats potentiellement malsains. À quelques mois des prochaines échéances électorales, préservons les maires.

Imaginez une commune ; des familles frappées par un deuil cruel, celui d'un enfant, et les salles sont déjà réservées pour des mariages...

Mme la présidente.  - Veuillez conclure !

M. Jean-Pierre Grand.  - Imaginez le drame humain !

Mme la présidente.  - Amendement identique n°14 rectifié, présenté par MM. A. Marc, Decool, Guerriau, Fouché, Bignon, Malhuret et Capus, Mme Mélot et MM. Lagourgue et Wattebled.

M. Alain Marc.  - Pourquoi légiférer ? Dans l'Aveyron, les communes ne veulent pas forcément fusionner pour devenir des communes nouvelles et faire plaisir à Mme Gatel... Elles ont parfois de toutes petites mairies, inaptes à accueillir de tels événements.

M. Jean-Pierre Sueur.  - L'usage fait de la procédure risque de nous empêcher de nous exprimer sur le fond. En commission des lois, la semaine dernière, le texte a été repoussé puis l'on nous a demandé de nous exprimer sur un amendement de suppression. Et le président de la commission des lois de nous informer que l'adoption d'un amendement qui supprime un texte qui n'existe pas ferait tomber les autres amendements...

Plusieurs voix à droite. - Et alors ?

M. Jean-Pierre Sueur.  - Je pourrai vous démontrer que toutes les objections à l'encontre de ce texte nécessaire que le rapporteur et le ministre ont faites sont satisfaites par l'amendement d'Alain Richard.

Je vous demande donc, chers collègues, de ne pas adopter ces amendements de suppression pour que nous puissions effectuer un travail positif. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - Je partage l'objectif des auteurs de la proposition de loi mais, pour toutes les raisons que j'ai données, il ne me semble pas utile de légiférer. Le vade-mecum de l'AMF, le guide des bonnes pratiques en cours de rédaction sont des outils de droit souple suffisants et aucune difficulté ne nous a été rapportée.

Monsieur Sueur, je ne peux vous laisser dire que nous usons d'un artifice de procédure. L'article 42 de la Constitution dispose qu'à défaut de texte élaboré par la commission, c'est le texte de l'Assemblée nationale qui est discuté en séance.

Nous délibérons sur une proposition de loi extrêmement intéressante. Cependant, au regard de l'actualité, il conviendrait de relativiser la nécessité de ce débat. (Applaudissements sur les bancs des groupeUC et Les Républicains)

M. Sébastien Lecornu, ministre.  - L'intention de la proposition de loi est intéressante, je le redis. Mais depuis deux mois que je suis au poste, je fais mon possible pour simplifier le travail des élus locaux.

Soit on dit confiance locale, pacte girondin et on fait confiance aux élus ; soit on tâche de guider les choses parce que l'on veut l'égalité (Murmures sur les bancs du groupe SOCR) sur tous les territoires. Ce n'est pas un gros mot ! Les deux visions se respectent.

Sans faire de politique, lorsque le Gouvernement prend des mesures contraignantes, on lui reproche d'être jacobin ; dès qu'il propose des mesures de simplification, on lui dit qu'il vaut mieux l'écrire dans la loi.

Je veux être cohérent avec l'action que je mène depuis deux mois. Il n'est pas besoin d'écrire dans la loi ce qui relève de la liberté locale. (M. Loïc Hervé, rapporteur, renchérit ; applaudissements sur les bancs des groupes Les Républicains, UC et Les Indépendants.)

Mme Catherine Di Folco, vice-présidente de la commission des lois.  - Monsieur Sueur, il n'y a pas eu d'artifice. La commission des lois a travaillé dans des conditions parfaitement régulières et conformes à l'article 49 du Règlement du Sénat. (MM. Loïc Hervé, rapporteur, et M. Laurent Duplomb applaudissent.)

M. Jean-Pierre Sueur.  - Oui, c'est indubitable sur la forme ! Mais sur le fond, cela empêche d'examiner les autres amendements !

M. Pierre Ouzoulias.  - Hier, nous avons débattu de l'interdiction de porter le voile dans l'espace public et vous nous avez expliqué que le Comité des droits de l'homme des Nations unies ayant rendu un avis contraire, il était essentiel que nous votions pour réaffirmer les valeurs de la République. Nous l'avons fait.

La laïcité n'est pas la religion de l'État, madame Duranton ; elle est l'organisation des relations entre les citoyens au sein de la République. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOCR et CRCE ; M. Joël Labbé applaudit également.)

Le baptême civil est organisé par la loi du 20 prairial an II, du 28 juin 1794, il ne crée aucune obligation. Je n'ai jamais entendu parler d'un contentieux opposant des citoyens à des communes refusant d'en organiser.

Le mariage civil existe aussi. Qu'est-ce qui, philosophiquement, empêche que le citoyen poursuive sa vie dans le corps de la République, par cette ultime cérémonie ? (Applaudissements sur les bancs des groupes CRCE et SOCR)

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - Rien !

M. André Reichardt.  - Lorsque j'ai lu pour la première fois le texte de cette proposition de loi, je me suis longuement interrogé. Pour rendre ce texte acceptable, j'ai proposé quatre amendements visant à revenir sur l'obligation faite aux communes de mettre à disposition une salle gratuitement, sur celle faite à l'officier d'état civil de célébrer des funérailles civiles, et à compenser financièrement aux communes les charges occasionnées par cette compétence nouvelle. Elles ont déjà tout à faire, même si elles ont échappé de peu au parrainage civil gratuit grâce au Conseil constitutionnel.

Qui peut le plus peut le moins. Je voterai sans état d'âme ces deux amendements de suppression. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)

M. François Bonhomme.  - N'ajoutez pas de l'idéologie à ce débat. Les maires se plaignent depuis des années de l'alourdissement des charges. Cette proposition de loi n'est pas opportune car la ritualisation de la mort n'a pas à être institutionnalisée au niveau d'une mairie. La pratique donne déjà satisfaction aux familles.

Si nous légiférons, imaginez les contentieux sur la notion de salles adaptables. Les maires seront en difficulté.

Cette proposition de loi est dans l'air du temps. Elle vient après le débat sur la fessée à l'Assemblée nationale.

M. Pierre-Yves Collombat.  - Oh non, pas ça !

M. François Bonhomme.  - C'est dire la saturation des symboles qui caractérise notre époque ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)

Mme Françoise Gatel.  - Je voudrais dire avec sincérité que le sujet dont nous débattons est d'une grande gravité. L'intention des auteurs de cette proposition de loi les honore. Si la mort relève de la vie privée, certains la rattachent à des convictions religieuses ou philosophiques.

Monsieur Ouzoulias, mieux vaudrait parler de parrainage civil que de baptême...

Organiser des funérailles civiles en mettant à disposition une salle adaptable engendrerait des risques de contentieux car la notion même d'adaptabilité reste indéfinissable. On ne peut pas demander à la République laïque de gérer notre vie privée. Peut-on demander à un maire de se faire prêtre de la République ? (Protestations sur les bancs des groupes SOCR et CRCE)

M. Michel Savin.  - Très bien ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains)

M. Patrick Kanner.  - M. Hervé a laissé entendre que l'actualité rend caduque notre débat.

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - Je n'ai pas dit cela !

M. Patrick Kanner.  - Je ne le crois pas et nous devons continuer notre travail. Nous souhaitons que les familles puissent enterrer leurs défunts dans les meilleures conditions possible. Nous sommes prêts à reprendre les propositions d'Alain Richard. Les deux amendements de suppression nous empêcheraient de mener notre débat à son terme. Au nom de mon groupe, je veux marquer que cela serait regrettable. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont.  - Les leçons sur la confiance à accorder aux élus locaux sont mal venues. Si nous ne faisions pas confiance aux élus locaux, nous ne siégerions pas sur ces bancs.

Chers collègues de la majorité sénatoriale, qu'est-ce qui vous inquiète au point de vouloir brider ce débat ? Les arguments du coût supplémentaire fait aux communes sont faibles. Je soupçonne chez certains le refus d'admettre des obsèques qui ne soient pas confessionnelles. (Protestations sur les bancs des groupes UC et Les Républicains) La spiritualité n'est pas le propre des religions. Ces débats datent d'il y a plus d'un siècle... Je vous en prie, débattons du texte pour l'amender dans le sens que vous souhaitez ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)

M. Loïc Hervé, rapporteur.  - Ce n'est pas de notre fait !

Mme Marie-Pierre de la Gontrie.  - En quelques mois, la majorité sénatoriale a montré son attachement aux écoles privées hors contrat ; elle a refusé notre commission d'enquête sur la pédophilie dans l'Église. Et voici qu'elle veut refuser la possibilité des funérailles républicaines. Je croyais que le Sénat était le temple de la laïcité et j'y découvre le poids des religions. (Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains)

Mme Françoise Gatel.  - Oh non !

Mme Marie-Pierre de la Gontrie.  - Monsieur Hervé, à vous qui avez suggéré que ce débat était de peu d'importance après ce qu'il s'était passé à Strasbourg, sachez qu'après que Paris a été dévasté le 1er décembre, nous avons tous reçu un mail indiquant que Les Républicains souhaitaient inscrire à l'ordre du jour un texte sur la sécurisation des passages à niveau... Vous instrumentalisez l'actualité de manière indécente. Encore une fois vous plierez le genou devant l'engagement religieux. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOCR et CRCE ; huées sur les bancs du groupe Les Républicains)

M. André Reichardt.  - C'est scandaleux !

Mme Nadia Sollogoub.  - Pardonnez-moi d'être terre à terre. Pourquoi des parrainages et des mariages républicains, et non pas des funérailles républicaines ? Tout simplement parce que les secondes se préparent en trois à quatre jours, contre des mois pour les premiers.

Il serait indécent de mettre un corps dans une salle où l'on organiserait ensuite un marché de Noël ou entre deux paniers de basket qui accueilleront bientôt le tournoi des poussins. C'est une question tout simplement pratique ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains)

Mme Françoise Gatel.  - Très bien !

M. Claude Bérit-Débat.  - Au sein de toutes les commissions, le président ou le rapporteur peut demander l'examen en priorité d'un amendement. Discuter de l'amendement de M. Richard n'empêcherait personne de voter contre cette proposition de loi. Cependant, le groupe socialiste serait satisfait car le débat aurait eu lieu. Ce serait plus démocratique. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)

Mme Brigitte Lherbier.  - Je voterai les amendements de suppression avec grand plaisir car je souhaite soulager les maires de nouvelles obligations. Tous les élus épaulent leurs concitoyens dans les moments douloureux, rien ne sert de l'inscrire dans la loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)

M. Yves Détraigne.  - Mme de la Gontrie nous dit que nous voulons empêcher d'organiser des funérailles républicaines. Ce n'est pas du tout le cas !

Mme Marie-Pierre de la Gontrie.  - Assumez-le !

M. Yves Détraigne.  - Elles existent déjà ! J'ai été enfant de choeur, interne dans une institution religieuse (Rires) et j'ai présidé à une dizaine d'obsèques civiles. Il n'y a pas de contradiction. (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains)

M. Jean-Pierre Grand.  - Mon amendement me semble encore plus justifié après nos débats. Pour ou contre la laïcité, pour ou contre la religion, nous avons dérivé. Ils seront encore plus brutaux au sein des conseils municipaux des petites communes. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)

M. Jean-Luc Fichet.  - On rend complexe ce qui est infiniment simple : demander aux municipalités de mettre à disposition une salle communale pour des obsèques. On donnerait ainsi une réponse aux familles qui se trouvent dans l'obligation de procéder à des obsèques religieuses quand elles souhaiteraient des obsèques civiles. (On le conteste à droite.) Nous n'imaginions pas le tour que prendraient ces débats, le vote unanime nous semblait acquis.

Mme Catherine Di Folco, vice-présidente de la commission.  - Monsieur Claude Bérit-Débat, la commission des lois a souhaité examiner l'amendement de M. Grand en lui donnant un avis favorable.

M. Franck Montaugé.  - Pourquoi compliquer une proposition de loi qui est très simple ? Il s'agit ni plus ni moins de proposer un nouveau service public à notre population dans un contexte où les familles sont éclatées. Les gens viennent de très loin pour assister aux funérailles. Cela ne coûtera pas un centime à nos maires de leur mettre à disposition une salle des fêtes. Ce texte répond à une attente profonde. (Murmures d'impatience à droite)

À la demande des groupes Les Républicains, UC et Les Indépendants, les amendements identiques nos1 et 14 rectifié sont mis aux voix par scrutin public.

Mme la présidente.  - Voici le résultat du scrutin n°39 :

Nombre de votants 342
Nombre de suffrages exprimés 321
Pour l'adoption 208
Contre 113

Le Sénat a adopté.

(Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes Les Républicains et UC)

La proposition de loi est rejetée.

La séance, suspendue à 16 h 30, reprend à 16 h 35.