Hommage à l'occasion du 75e anniversaire du Débarquement du 6 juin 1944

M. Gérard Larcher, président du Sénat .  - Je souhaite excuser M. le Premier ministre qui assiste aux cérémonies commémoratives du 75e anniversaire du débarquement allié du 6 juin 1944. Nos collègues sénateurs de Normandie, dont les présidents de commission Philippe Bas, Hervé Maurey et Catherine Morin-Desailly ainsi qu'un certain nombre de sénateurs représentant les Français établis hors de France ont l'honneur d'y représenter la Haute Assemblée.

Sur les plages de Normandie, territoire cher à mon coeur, des dunes de Varreville au port d'Ouistreham, 136 000 hommes - Américains, Britanniques, Belges, Néerlandais, Norvégiens, Grecs, Danois et Français, engagés volontaires dans les forces alliées, venus aussi d'Afrique, venus du ciel et d'une mer déchaînée décidèrent du sort de la guerre et, par-delà, de la liberté et de l'avenir de la démocratie. Ce jour-là, 3 500 hommes sont tombés.

Âgés souvent de 20 ans à peine, pour beaucoup n'ayant jamais ou si peu entendu parler de la France, au milieu de cet enfer de feu et d'acier, ils n'ont pas hésité et avancé sur le sol de France, bravant les balles et les obus, tombant les uns après les autres, pour abattre un régime diabolique ; ils ont avancé pour nous libérer.

Parmi eux figuraient des membres du commando Kieffer, dont le commandant de vaisseau Hubert qui donna sa vie parmi les premiers à Ouistreham. Comment ne pas penser à nos marins tombés il y a quelques jours en Afrique, héritiers de ce commando, qui donnent leur vie avec le même héroïsme ?

Ce débarquement est à jamais inscrit dans nos esprits, par tant de souvenirs, tant d'images. Sur ces plages, une certaine manière de vivre, de croire et d'espérer l'a emporté sur l'ennemi, sur le nazisme.

Aujourd'hui, je veux aussi avoir une pensée pour les populations civiles si durement éprouvées les nuits des 6, 7 et 8 juin en Normandie.

L'heure est d'abord au recueillement et au souvenir. Elle est aussi à ce que nous avons choisi de construire en commun, dans la diversité : l'idée européenne, peut-être née sur les plages de Normandie, avec la liberté et la démocratie restaurée, avec le sentiment que ces guerres fratricides étaient la négation de l'Europe, de ses valeurs et de sa culture, que tant de souffrances et de destructions ne pouvaient avoir été vaines, que nous devions donner un sens au sacrifice en nous engageant résolument dans la seule voie qui assure la paix, en Europe et la paix dans le monde, celle de la réconciliation entre les peuples. (Applaudissements prolongés)