« Écriture inclusive : langue d'exclusion ou exclusion par la langue »

Mme le président.  - L'ordre du jour appelle le débat sur le thème : « Écriture inclusive : langue d'exclusion ou exclusion par la langue », à la demande du groupe Les Indépendants - République et Territoires.

M. Jean-Pierre Decool, pour le groupe Les Indépendants - République et Territoires .  - Au collège, je m'interrogeais souvent devant les règles d'orthographe de notre belle langue. Pourquoi dit-on le soleil et la lune alors qu'en allemand, le genre de ces mots est inversé ? Pourquoi les mots orgue, délice et amour sont-ils masculins au singulier mais au féminin au pluriel ? Mon professeur me répondait : « parce que c'est comme ça ! » En vérité, personne ne le sait. C'est ainsi -   je ne dis pas que cela devrait être ainsi.

La langue n'est pas une création théorique mais une osmose des usages, après un travail lent et laborieux. Loin d'être un bloc de marbre froid, une langue est un corps, une glaise qui se modèle, se transforme et se patine avec le temps.

Ni linguiste, ni philosophe, je me borne à exprimer une opinion de bon sens. Une langue n'est pas le fruit de revendications identitaires et partisanes animées par un militantisme désuet. En découvrant l'écriture inclusive, j'ai cru à une fantaisie, un caprice de l'esprit. Ce serait dérisoire si cela ne reflétait pas une fracture dans la société.

Nous ne sommes pas tous égaux face à la langue et à l'orthographe française. Nous observons une lente et pernicieuse dégradation de l'apprentissage de notre langue chez les jeunes générations. Nos enseignants sont désespérés. Trop étudiants ne savent pas construire une phrase simple, ne disposent que d'un vocabulaire d'une pauvreté abyssale.

Selon le linguiste Alain Bentolila, 20 % des jeunes possèdent de moins de 500 mots pour dire le monde. Il n'est pas exagéré de parler d'une génération sacrifiée. Les nouvelles technologies et les « réseaux anti-sociaux », selon les mots de Claude Malhuret, n'aident pas. Il faudra une décennie pour rattraper ce temps perdu.

L'écriture inclusive est d'origine anglo-saxonne ; elle est défendue par des féministes dénonçant une masculinisation à marche forcée de la langue française et l'invisibilité de l'appartenance sexuelle. Elle critique la règle du XVIIe siècle selon laquelle le masculin l'emporte sur le féminin. Le grammairien académicien Nicolas Beauzée précisait : « le genre masculin est réputé plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ». C'était en 1767 !

L'histoire ne se regarde pas avec les yeux d'aujourd'hui. Nous pouvons comprendre la colère que de tels jugements peuvent entraîner et tenter de corriger ce soi-disant déséquilibre. Il n'est pas question d'interdire d'interroger l'orthographe.

Mais l'écriture inclusive ne s'arrête pas là. Elle consiste aussi à interférer des points médians à la fin des noms - vu la difficulté, cela met du temps à se répandre. En mars 2017, un premier manuel scolaire de CE2 est écrit en écriture inclusive ; des associations et des collectivités territoriales tentent aussi de l'imposer. Tout viendrait de la confusion entre genre grammatical et identificateurs de sexe.

Les partisans de l'écriture inclusive ont-ils parlé à nos concitoyens ? Lorsque j'évoque le sujet, on me regarde avec des yeux ronds !

Cette graphie est devenue pour les « éveillés » un signe extérieur de richesse culturelle, la Rolex de la bien-pensance. On l'utilise dans son CV pour intégrer un cercle. Rachel Khan l'a bien décrit dans son dernier ouvrage. Je me refuse à définir mes concitoyens par leur couleur de peau, leur genre, leur origine.

Jacques Derrida affirmait : « Je n'ai qu'une langue et ce n'est pas la mienne ». La langue n'est pas un outil idéologique. Plutôt que d'écrire des points médians, mettons un point final à la discussion.

Reléguer la gent féminine à un « e » final séparé par un point serait un violent renoncement à l'égalité. L'écriture inclusive vise à inclure des personnes qui se sentiraient exclues en raison de leur genre, ethnicité ou religion. Faudra-t-il modifier la langue sous l'influence d'autres groupes de pression, après les féministes ? Devons-nous accepter cette « archipélisation » de la société française, selon le mot de Jérôme Fouquet, cette dictature qui conduit Jacques Julliard à estimer que la société de l'individu prend le pas sur la République des citoyens ? Ces groupes défendent des intérêts particuliers.

République, liberté, égalité, fraternité sont quatre mots féminins dont je ne revendique pas la masculinisation. Ils sont trop précieux, trop lumineux et universels. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, INDEP et RDSE)

M. Max Brisson .  - L'écriture inclusive défraie la chronique ; elle caricature le combat féministe.

Premier présupposé : la langue reflèterait l'ordre du monde. Aujourd'hui, l'écriture inclusive servirait une lutte féministe. Demain, quelle lutte servira-t-elle ?

Erick Orsenna, dans La Fabrique des mots, décrit un dictateur qui, voulant lutter contre les bavardages inutiles, déclare la guerre aux mots - plus facile que d'affronter le chômage.

Le masculin l'emporte sur le féminin. Cette règle cristallise les attaques des partisans de l'écriture inclusive. Les linguistes déconstruisent l'idée que cela aurait un rapport avec la soumission des femmes. L'accord de voisinage selon lequel « le coeur et la main ouvertes » est débattu depuis le début du XVIIe siècle, et est resté enseigné jusqu'au début du XXe siècle dans les manuels de grammaire. (M. Jean-Pierre Sueur le confirme.)

En France, le masculin est le genre de base portant la généralité. C'est au masculin qu'est formé le participe dans « j'ai écrit », même si le sujet est une femme.

M. Jean-Pierre Sueur.  - C'est l'accord du participe passé. Cela n'a rien à voir !

M. Max Brisson.  - C'est au masculin qu'on substantive les différentes catégories grammaticales comme le froid, le chaud, le pour, le contre et même le qu'en-dira-t-on.

L'écriture inclusive entraîne l'exclusion : multiplication des lettres muettes, révision de la ponctuation, complexité des règles d'accord... Autant de difficultés nouvelles qui entraînent une perte de compréhension.

Quels sont les bénéficiaires de l'écriture inclusive ? Si elle n'a pas à être enseignée aux enfants, à quoi sert-elle ? L'écriture inclusive créera un fossé entre ceux capables de la maîtriser et les autres.

Notre école a permis à des enfants non francophones de s'approprier notre langue et notre culture, pour faire Nation. En août 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts précisait que les arrêtés de la puissance publique devaient être clairs et exprimés en français. Ces objectifs de clarté et bonne compréhension sont des défis perpétuels.

Ni notre langue, ni notre société n'ont besoin de l'écriture inclusive. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et INDEP)

M. Joël Guerriau .  - L'idée que le pouvoir se refléterait dans la langue n'est pas nouvelle : jamais la langue n'a été aussi modifiée que pendant la Révolution française, pour prémunir la République de tout morcellement.

Trait d'union entre les citoyens, le français a intégré des mots patois, étrangers et des innovations lexicales. Notre langue est vivante, évolutive, chargée d'histoire.

L'écriture inclusive a déjà imprimé son empreinte à travers la féminisation des métiers et des fonctions, la suppression du « mademoiselle » dans les documents administratifs et le choix spontané de mots neutres - « collègues » plutôt « sénateurs » ou « sénatrices et sénateurs ». Le mieux est l'ennemi du bien.

Il ne faudrait pas confondre les évolutions naturelles de la langue, partagées par la majorité de Français, et sa confiscation par une petite minorité porteuse de revendications égalitaristes. Cette offensive lexicale se cristallise avec la tentative d'imposer le point médian dans certaines universités et collectivités territoriales.

En réalité, les autistes, les malvoyants, les dyslexiques seraient exclus de son usage, nous a alertés l'Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées. Pour une personne lisant par synthèse vocale sur écran, le point médian rend tout texte incompréhensible. L'écriture inclusive fabrique des discriminations.

Dans le monde, des femmes sont lapidées ou brûlées à l'acide parce qu'elles réclament de vivre librement ou refusent une demande de mariage. Choisissons nos combats.

Claire Koç, journaliste d'origine turque, a choisi la France pour ses valeurs, dont la fraternité - que certains veulent remplacer par la sororité, qui exclut les hommes.

Mona Ozouf plaide pour la nuance, et défend un féminisme à la française qui accepte la galanterie. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP)

M. Thomas Dossus .  - Merci au groupe INDEP pour ce débat capital sur le péril civilisationnel urgent de l'écriture inclusive et du terrifiant point médian ! Malgré la pandémie, la crise sociale, l'effondrement de la biodiversité, vous avez su garder la tête froide et proposer un vrai débat.

La langue, construction culturelle et sociale, reflète les évolutions et les rapports de force. Elle détermine en partie la façon dont nous appréhendons le réel.

Le langage porte en lui des questions politiques. L'écriture inclusive ou le souci d'une communication inclusive sont un travail sur le langage, un processus de réappropriation de la langue pour plus d'égalité. Le point médian n'est pas l'alpha et l'oméga de l'écriture inclusive mais concentre les polémiques. (Mme Marie-Pierre Monier approuve.)

Des militants ont réfléchi et fait une proposition rompant avec l'ordre établi ; les réactionnaires, paniqués, ont monté le sujet en épingle pour nier l'exigence d'égalité.

Les polémiques se cristallisent sur des faux problèmes et nous finissons par disserter sur de la typographie !

On peut s'interroger sur la communication, y compris dans nos administrations, qui invisibilise la moitié de la population.

Non, le point médian n'est pas un « péril mortel » ni un « risque civilisationnel ». La langue française, vivante, évolue en fonction de celles et ceux qui la parlent. Il serait illusoire de la figer comme une langue morte.

C'est vrai, l'usage du point médian rend la lecture difficile aux personnes porteuses de handicap. C'est pourquoi Jean-Michel Blanquer en interdit l'usage à l'école. C'est le bal des tartuffes : on ne se soucie plus des enfants handicapés lorsqu'il s'agit de revaloriser les salaires des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH). (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)

M. Max Brisson.  - Démagogie !

M. Thomas Dossus.  - Le fond du problème, c'est la prédominance du masculin dans notre langue. Le latin reconnaissait trois genres : féminin, masculin et neutre ; ce dernier a disparu au profit d'un masculin générique.

Au Moyen-Âge, la langue, plus libre dans son usage, était épicène : elle faisait la part belle au féminin et au masculin dans de nombreuses occasions. Même lors de la fondation de l'Académie française par Richelieu, la règle de prédominance du masculin n'était pas aussi fortement affirmée qu'aujourd'hui. On préférerait l'accord de proximité. La Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen le respecte : tous les Citoyens « sont également admissibles à toutes -  et non tous  - dignités, places et emplois publics ».

Il n'y a pas d'un côté un usage pur et traditionnel de la langue, et de l'autre de soi-disant délires séparatistes.

Le processus d'évolution de la langue nous élève. Oui, il est possible de communiquer en incluant la diversité de la société. Non, vous ne serez jamais forcés d'utiliser le point médian.

Le discours que je viens de tenir, comme tous ceux du GEST, respecte l'écriture épicène que vous fustigez tant. Nul n'a jamais estimé que la langue française s'en trouvait malmenée. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE)

M. Jean-Pierre Sueur.  - Vive l'épicène !

M. Julien Bargeton .  - Sénatrices, sénateurs...

M. Jean-Pierre Sueur.  - Jusque-là, ça va !

M. Julien Bargeton.  - C'est un débat piège où l'on est rapidement pris en tenaille entre une hypermodernité et une attitude ultraconservatrice. C'est un débat de talk show de chaîne d'information en continu.

Il existe d'autres façons de faire progresser l'égalité entre les femmes et les hommes, grande cause du quinquennat. Je suis choqué que certains résistent à la féminisation des fonctions. Dire « Mme la présidente » et « Mme la maire » me semble évident. Ces débats sont anciens, y compris en France. Longtemps, un maire de Paris a commencé ses discours par « Parisiennes, Parisiens ».

Roland Barthes, dans son discours inaugural à l'Académie française en 1977, a dit : « La langue, comme performance de tout langage, n'est ni réactionnaire ni progressiste ; elle est tout simplement fasciste ; car le fascisme, ce n'est pas d'empêcher de dire, c'est d'obliger à dire. » Puis, il a déclaré : « Tout d'un coup, il m'est devenu indifférent de ne pas être moderne. »

Je remercie l'orateur précédent d'avoir reconnu que les associations de défense des personnes en situation de handicap soulignaient les difficultés engendrées par l'écriture inclusive.

Sous prétexte de progrès, on complique la langue et on ralentit le mouvement démocratique vers une plus grande lisibilité, en marche depuis le XVIe siècle.

Près de 10 % des élèves de 6ème ne maîtrisent pas convenablement le français : l'écriture inclusive compliquerait encore leur apprentissage.

Depuis Villers-Cotterêts, les documents publics sont rédigés dans une langue claire et partagée. La langue française rayonne à l'étranger.

Il faut cependant savoir, comme Roland Barthes, vivre dans la nuance. Aussi, je ne suis pas favorable à l'utilisation maximaliste de l'écriture inclusive, mais pas non plus à son interdiction.

Mme Laurence Rossignol.  - C'est le « en même temps » !

M. Julien Bargeton.  - D'autres moyens plus efficaces existent pour défendre l'égalité entre les femmes et les hommes.

M. Bernard Fialaire .  - Le combat pour l'égalité entre les femmes et les hommes, inscrit à l'article premier de la Constitution, est une juste cause qui mérite une action résolue et ambitieuse.

L'article 2 dispose que la langue de la République est le français ; socle fondamental de notre fraternité républicaine, facteur d'intégration et de rayonnement.

L'écriture inclusive interroge notre façon de faire société par le langage. Elle repose sur la féminisation des titres -  l'Académie française y est favorable  - pour lutter contre l'invisibilisation des femmes, et sur l'inclusion des deux sexes par le point médian. Ce second principe, qui consiste à écrire « électeur.rice.s », attise les passions.

Albert Camus écrivait : « Oui, j'ai une patrie, la langue française. » Mais le désir d'égalité n'excuse pas le façonnage des consciences. L'écriture inclusive conduit à la déconstruction de la langue et à une politisation du langage par une minorité de cercles militants très restreints. Sa généralisation est au mieux prématurée, au pire non souhaitable.

« Dès qu'elle est proférée, fût-ce dans l'intimité la plus profonde du sujet, la langue entre au service d'un pouvoir », écrivait Roland Barthes. Le français est riche d'un passé glorieux. Nos écrivains et diplomates illustres l'ont utilisé. Il ne doit pas être instrumentalisé au service d'une repentance anachronique. Alors que les élèves ont de plus en plus de mal à écrire, n'alourdissons pas son apprentissage. La confusion confine à l'illisibilité.

L'écriture inclusive consacre une rupture sans précédent entre la langue parlée et la langue écrite. Les services publics ne peuvent user d'un langage discriminant. Il est heureux que Jean-Michel Blanquer l'ait interdit dans les manuels scolaires.

Je ne peux me résoudre à lire un roman en langue épicène. De grâce, n'allongeons pas les phrases de Marcel Proust ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE)

M. Pierre Ouzoulias .  - Mesdames les sénatrices, mesdames les sénateurs, messieurs les sénateurs, chères collègues, chers collègues, « nous voulons que doressenavant tous arrestz ensemble toutes autres procedeures soient [...] enregistrez & delivrez aux parties en langage maternel francoys, et non autrement ».

Vous aurez reconnu le texte de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, prise par François 1er en 1539.

Quatre siècles plus tard, l'article 2 de la Constitution de 1958 déclare le français langue de la République. Mais de quel français s'agit-il ? Selon Villers-Cotterêts, il s'agit de la langue maternelle. Or, elle évolue en France comme dans le monde. Elle n'est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.

Le français est la langue de 300 millions de personnes dans le monde. Les locuteurs étrangers lui apportent beaucoup. En 1979, le Québec recommandait ainsi la féminisation des titres et fonctions. La proposition d'Yvette Roudy en 1986 suscita l'ire de ses opposants qui lui reprochèrent de vouloir « enjuponner le vocabulaire ». La situation a évolué, même si 28 de nos collègues femmes demandent qu'on leur donne du « sénateur ». En revanche, je n'ai pas trouvé d'homme revendiquant le titre de « sénatrice ». (Quelques rires)

Même les services du Sénat n'appliquent pas les consignes de l'Académie : les comptes rendus conservent les deux accents aigus à « événement ».

M. Jean-Pierre Sueur.  - L'Académie en laisse la liberté !

M. Pierre Ouzoulias. Néanmoins, ces franchises linguistiques doivent s'exercer dans le respect de l'esprit de la langue et de ses usages afin qu'elle demeurât...

M. Antoine Lefèvre.  - Il fallait le placer !

M. Pierre Ouzoulias.  - ...intelligible et maîtrisable par le plus grand nombre.

La communauté francophone de Belgique demande à ce que l'écriture inclusive ne rende pas la langue illisible.

Nous eussions préféré... (M. Jean-Pierre Sueur applaudit.) ...débattre du recul du français dans de nombreux domaines, notamment dans celui de la recherche où les organismes nationaux obligent autoritairement leurs agents à publier dans un vague volapük anglais. Il est temps d'appliquer la loi Toubon, madame la ministre !

M. Max Brisson.  - C'est vrai !

M. Pierre Ouzoulias.  - Faisons vivre notre langue et n'en figeons point l'usage.

Je conclus par une citation d'Ernest Renan : « les langues sont des formations historiques, qui indiquent peu de chose sur le sang de ceux qui les parlent. Une considération exagérée donnée à la langue a ses dangers. On se renferme dans une culture déterminée, tenue pour nationale ; on se limite, on se claquemure. On quitte le grand air qu'on respire dans le vaste champ de l'humanité pour s'enfermer dans des conventicules de compatriotes ». (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE et SER. Mme Sylvie Vermeillet et quelques membres du groupe Les Républicains applaudissent également.)

Mme Annick Billon .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC) Depuis les années 1960 et particulièrement le début des années 2000, nos sociétés voient évoluer la place des femmes sans que l'appellation des métiers ne change.

Ce combat me tient à coeur comme présidente de la délégation aux droits des femmes.

L'écriture inclusive se présente comme un outil offrant une meilleure visibilité aux femmes mais croyons-nous qu'une modification des règles grammaticales nous fera parvenir à l'égalité ? De fait, elle pose des difficultés d'apprentissage. De nombreux parents et enseignants y sont hostiles. Jean-Michel Blanquer s'est prononcé contre cette pratique en octobre 2017.

L'Académie française a pointé le risque de l'écriture inclusive sur l'unité de la langue. Elle pose également problème pour les personnes handicapées en raison du décalage graphie-phonie que les programmes de synthèse locale ne traitent pas.

Mme Laurence Rossignol.  - Y a-t-il des études le montrant ?

Mme Annick Billon.  - Tous les systèmes d'écriture ont vocation à être oralisés. « Cher·e·s » ne se prononce pas.

La pratique de l'écriture inclusive s'avère excluante, complexe et élitiste. Je ne crois pas qu'elle favorise une évolution du sort fait aux femmes.

La meilleure visibilité des femmes est un combat à poursuivre mais les mutations syntaxiques n'accéléreront pas les mutations sociales. C'est le sort des femmes qui doit évoluer, non la langue.

Ayons une pensée pour Chahinez Boutaa et les 38 dernières victimes de féminicides. En matière de violence, le féminin l'emporte sur le masculin ! (Applaudissements sur les travées du groupe UC)

Mme Marie-Pierre Monier .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) « Ce qui n'est pas nommé n'existe pas », écrivait le poète turc Ilhan Berk. La langue joue un rôle dans notre représentation du monde. Elle a invisibilisé les femmes. Leur redonner leur place est l'objectif de l'écriture inclusive, que je préfère appeler « écriture égalitaire ». Je vous invite à l'étudier sans la caricaturer. Il existe de nombreux outils, parmi lesquels le point médian, pour cette écriture qui encourage une égalité de représentation. Le point médian suscite critiques et inquiétudes. Je les entends, mais il faut penser une écriture inclusive la plus lisible possible.

L'argument de l'esthétisme est subjectif ; Il a déjà été utilisé contre la féminisation des mots.

Il y aurait un masculin neutre et un masculin désignant les hommes. Or, les psycholinguistes témoignent que le masculin générique s'efface devant le masculin spécifique. Lorsque l'on dit « sénateur », on visualise un homme. La féminisation des titres, désormais mieux acceptée, est donc nécessaire.

Il n'a jamais été question d'imposer l'usage de l'écriture inclusive mais de garantir la liberté de l'utiliser, a contrario de ceux qui veulent l'interdire. (Mmes Laurence Cohen et Michelle Meunier applaudissent.)

La professeure de littérature Éliane Viennot nous invite à « réfléchir aux meilleures pratiques de l'écriture inclusive et aux moyens de la diffuser », à « mesurer sérieusement ses effets psychosociaux et son impact sur les inégalités », plutôt que de « la peindre, encore et encore, en péril mortel ». Elle conclut : « La langue est le ciment de notre culture. Réjouissons-nous de la voir pensée, discutée, négociée. » (Applaudissements sur les travées du groupe SER. Mme Laurence Cohen applaudit également.)

M. Stéphane Ravier .  - « La langue française est une femme et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu'on l'aime de toute son âme, et qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle », écrivait Anatole France. Existe-t-il une langue qui incarne mieux le respect de la féminité, le romantisme et la poésie que le français, cette langue magnifique aussi présente dans la littérature que dans la diplomatie ?

Être français, c'est d'abord parler français, comme le rappelle l'article 2 de la Constitution. Elle est une racine profonde de notre civilisation et de notre culture, ce qui faisait dire à Albert Camus que sa patrie était la langue française.

Mais l'heure est, pour Emmanuel Macron, à la déconstruction de notre histoire et de notre langue. Mme de La Fayette, la comtesse de Ségur, George Sand savaient-elles qu'elles utilisaient une langue sexiste ?

L'écriture inclusive, cette idiotie, doit être bannie des écoles, universités et établissements publics. Cette succession de points est illisible pour les malvoyants, les dyslexiques ou les étudiants étrangers. Les saccades sont autant de saccages. L'épicène est obscène.

M. Jean-Pierre Sueur.  - C'est totalement ridicule !

M. Stéphane Ravier.  - Les partisans de l'écriture inclusive sont les mêmes qui veulent faire table rase du passé et refusent de commémorer la mort de Napoléon. Ils défendent le poison de la repentance perpétuelle. Ils ont les mêmes motivations, le même virus mortel : la haine de la France.

Voici ce que donnerait un extrait de L'albatros de Baudelaire en écriture inclusive : « Le·a poète est semblable au·à la prince·sse des nuées qui hante la tempête et se rit de l'archer·ère ; exilé·e sur le sol au milieu des huées, ses ailes de géant·e l'empêche de marcher. »

Cet exemple suffit à monter le danger de l'écriture inclusive pour la beauté de notre langue !

M. Jean-Pierre Sueur.  - Camus n'aurait pas applaudi. Le citer est une imposture !

Mme Micheline Jacques .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Les difficultés posées par l'écriture inclusive en matière d'apprentissage auraient dû suffire à clore le débat.

Forte de mon expérience d'enseignante, j'approuve l'interdiction de l'écriture inclusive imposée par Jean-Michel Blanquer.

La structure de la langue ne doit ni être déconstruite, ni complexifiée.

Les femmes sont majoritaires au sein des populations illettrées : à rebours de ses objectifs, l'écriture inclusive les pénaliserait. Elle dessert la compréhension des textes en modifiant la ponctuation et les structures grammaticales.

Du reste, avec le point médian, le féminin viendrait toujours après le masculin. Nous devrions plutôt apprendre la différence entre le genre des mots et le sexe de la personne. Nous courons le risque de l'essentialisation des femmes. Les autrices, les actrices sont d'abord distinguées en tant que femmes. Pourtant notre époque refuse les déterminismes de genre et certains rejettent l'assignation à leur sexe.

Visuellement, le point n'inclut pas mais établit une séparation entre la forme masculine et la marque du féminin. De nombreux linguistes ont démontré le caractère excluant de cette écriture : ils ont été 32 à signer une tribune dénonçant les effets d'éviction de l'écriture inclusive. Il s'agit d'ailleurs d'un nom de domaine déposé en 2016 par une société de communication...

N'oublions pas les enfants et ne leur imposons pas une difficulté supplémentaire. Laissons à chacun le choix d'utiliser les mots qu'il souhaite. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Pierre-Antoine Levi .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC) Je salue le travail remarquable d'Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes.

Le combat pour l'égalité entre les femmes et les hommes nous concerne tous. Les noms de fonctions se féminisent. La langue n'est pas figée. Mais l'écriture inclusive est une aberration qui repose sur l'idée fausse selon laquelle les femmes auraient été exclues de la langue française en raison de la règle du masculin qui l'emporte sur le féminin. Mais cela n'est qu'un masculin grammatical. Si les femmes ne parlent plus comme Ronsard -  qui disait « la rose avait déclose » - c'est que le masculin grammatical est plus facile à prononcer. Personne ne peut voir dans cette règle la transposition d'une supposée prédominance de l'homme sur la femme comme ils voudraient nous le faire croire.

Mme Laurence Rossignol.  - Et les féminicides ?

M. Pierre-Antoine Levi.  - Notre langue est genrée comme l'italien et l'espagnol. Certains genres sont arbitraires : la girafe peut être un mâle. Les piliers de notre République sont bien féminins : liberté, égalité, fraternité. Les hommes devraient-ils s'émouvoir d'être une sentinelle, une sage-femme ou une nouvelle recrue ?

Quand on sait que 25 % des élèves de 6e ont des difficultés à écrire, pourquoi complexifier encore notre langue ? Clémentine Autain, dans un tweet, parle des droits des « étudiant.e.s bafoué.e.s »... alors que ce sont les droits qui sont bafoués. Si les chantres de l'écriture inclusive font des fautes d'orthographe, comment s'y retrouver ?

Et quid de nos amis francophones ? Ne rompons pas les liens. Le sexe ne devrait pas être assimilé à l'identité de genre. Ici on en revient au sexe.

Je conclus par un passage de la tribune de 32 linguistes dans Marianne, en septembre 2020 : « En introduisant la spécification du sexe, on consacre une dissociation, ce qui est le contraire de l'inclusion. En prétendant annuler l'opposition de genre, on ne fait que la systématiser. » (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Stéphane Piednoir.  - Très bien !

Mme Laurence Rossignol .  - (Mme Marie-Pierre Monier applaudit.) Chers collègues sénateurs... Cette entrée en matière était courante il y a une quinzaine d'années. Et celles et ceux qui choquaient étaient celles et ceux qui féminisaient les fonctions. Quand cette évolution a eu lieu, elle a rencontré d'énormes réticences. Cela a changé. À l'Assemblée nationale, un député a été sanctionné car il s'obstinait à appeler la présidente « madame le président ». La langue évolue car la société évolue.

Quand je dis « mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs », je m'exprime en langage inclusif. On ne dit pas « la » balai au motif que ce sont les femmes qui le passent... (Quelques rires et protestations amusées.)

Le masculin serait générique avant d'être masculin. Prenons l'exemple des droits de l'homme. Les femmes ne s'entendent pas dans cette expression. Mais les droits de l'homme n'ont pas concerné initialement les femmes.

M. Max Brisson.  - Réécriture !

Mme Laurence Rossignol.  - Monsieur Brisson, je ne vous ai pas interrompu tout à l'heure, pourtant certains éléments m'ont écorché les oreilles.

C'est pourquoi je préfère parler des droits humains. Il faut une meilleure lisibilité des femmes dans la langue. Il y a les mots épicènes et, donc, le point médian. Quelle grande affaire !

M. Stéphane Piednoir.  - Quelle horreur !

Mme Laurence Rossignol.  - Ce serait une revendication des féministes radicales et excessives ? Les bonnes féministes sont toujours celles du passé -  mais elles étaient à l'époque dénoncées comme excessives et radicales ! Mais sont-elles en cause ?

On compte quatre propositions de loi pour interdire l'écriture inclusive, un débat, une circulaire du Premier ministre, une intervention du ministre de l'Éducation nationale : le combat contre le point médian est devenu politique. Ce sont les mêmes qui ont combattu le mariage pour tous, la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes, l'allongement du délai d'interruption volontaire de grossesse (IVG). Puisqu'ils ont perdu ces combats, ils veulent une nouvelle croisade. Je vous souhaite une bonne bataille. Pendant ce temps, la société évolue. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE)

Mme Anne Ventalon .  - La langue a pour but la communication. Le français a été la langue de la diplomatie européenne puis de l'olympisme. C'est un bien collectif. Le français est la langue qui compte le plus de prix Nobel de littérature. Elle est syllabique et peut se lire à haute voix. C'est aussi une langue irrégulière difficile à apprendre.

Mais certains voudraient encore la complexifier et la transformer en un étrange sabir, comme le javanais, le louchébem ou le verlan, un idiome qui ne serait compris que d'un petit groupe qui cultive l'entre soi.

Mais ces facéties ne nous amusent plus. Nous passons de Queneau à Orwell, de l'argot à la novlangue. En imposant des écrits indéchiffrables, ses partisans sapent le travail de nos instituteurs et professeurs de français.

En fin de troisième, 15 % des élèves ne maîtrisent pas le français. Les orthophonistes nous alertent sur les dégâts de l'écriture inclusive pour les dyslexiques, les malvoyants, les personnes âgées.

Est-ce vraiment la grammaire qui a mis les femmes en état de minorité ? Les langues turque, persane, chinoise ne distinguent pas le masculin du féminin - cela avantage-t-il les femmes ? Une langue n'est pas inerte et je me réjouis de la féminisation de certains mots. Mais n'en faisons pas un ferment de division.

Nier la structure d'une langue, c'est dire à ses locuteurs qu'ils n'ont plus rien à faire. Notre société a davantage besoin de traits d'union que de points médians. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire .  - Après vous avoir écoutés attentivement, je suis heureuse de m'exprimer au nom du ministre de l'éducation nationale sur l'écriture inclusive. Ce n'est pas un petit sujet, une lubie de quelques personnes isolées prises de passion pour un nouveau jeu littéraire. Ce n'est pas un exercice de style mais un enjeu de société, d'éducation et de politique.

La langue doit accorder métiers et fonctions selon le genre : c'est salutaire. Mais je parle ici de l'écriture inclusive au sens de la circulaire du Premier ministre du 21 novembre 2017, c'est-à-dire du point médian et des néologismes neutres tels que le pronom « iel », censé remplacer « il » et « elle ». Cette écriture inclusive dépasse aujourd'hui la sphère militante. Elle est présente dans certains journaux, des publicités, les réseaux sociaux. Elle se développe à l'université, encouragée par certains professeurs au détriment de certains élèves. D'autres l'emploient dans leurs copies et des enseignants se sentent dépassés par le phénomène. Pourquoi prendre le risque de se mettre à dos élèves ou collègues ? Comment résister à la pression, voire aux intimidations ?

La réponse, c'est l'institution. L'État est le seul à pouvoir fixer la norme. Je le redis avec force et conviction : l'écriture inclusive est un danger pour notre école, notre langue, les principes de notre République.

Mme Laurence Rossignol.  - L'écriture inclusive ou le point médian ?

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - Je ne vous ai pas interrompue.

Nul ne peut contester la difficulté d'écriture. On bat en brèche l'apprentissage de la lecture. On disloque les mots, on les fend en deux. On est contraint à la myopie : on ne voit plus que le mot, on perd le sens de la phrase. On perd le sens tout court ! On est ramené au déchiffrage : c'est une régression. (Mmes Laurence Cohen et Laurence Rossignol protestent.)

Les enfants apprennent à lire en suivant cinq étapes successives. Aucun élève n'apprend dans le flou. Les mêmes règles sont enseignées à tous et doivent être claires.

À l'inverse, les militants de l'écriture inclusive font évoluer leurs règles syntaxiques d'une semaine à l'autre. Ils ont leurs radicaux et leurs modérés.

Mme Laurence Cohen.  - C'est une caricature !

Mme Laurence Rossignol.  - C'est indigne d'une ministre !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - Peut-on se payer le luxe, en France, d'aggraver les difficultés de lecture de nos élèves ? En dépit d'une grande progression depuis 2018, trop d'élèves sont encore en difficultés à l'entrée en sixième.

Mme Laurence Cohen.  - Ce n'est pas à cause de l'écriture inclusive !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - Le président honoraire Bernard Cerquiglini l'a dit : l'écriture inclusive rompt avec le mouvement progressiste qui milite depuis le XVIe siècle pour la lisibilité démocratique de la langue.

M. Max Brisson.  - Très bien !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - Elle est en outre inadaptée aux élèves présentant des troubles dys de l'apprentissage, dont la dyslexie, et à ceux qui sont en situation de handicap.

Mme Laurence Cohen.  - C'est n'importe quoi !

M. André Gattolin.  - Si, c'est vrai !

Mme Laurence Cohen.  - La dyslexie n'a rien à voir.

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - La typographie de l'écriture inclusive ne se lit pas, ne se dit pas : elle n'a aucunement sa place dans notre école.

M. Antoine Lefèvre.  - Et aucun avenir.

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - Comme l'écrivait Jean Zay...

Mme Laurence Cohen.  - Encore un exemple masculin !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - ... l'école doit rester cet asile inviolable où les querelles des hommes ne doivent pas pénétrer.

C'est pourquoi mon ministère vient de publier une circulaire interdisant l'usage de l'écriture inclusive dans l'enseignement. L'école est le creuset de la République. Ce qui touche aux principes fondamentaux de notre République touche à l'école.

La généralisation de l'écriture inclusive marquerait la fin de la francophonie. N'oublions pas que la simplicité de l'emploi constitue un avantage comparatif majeur or, il n'y a pas d'accord dans la langue anglaise. Ceux qui défendent l'écriture inclusive font le choix de fragiliser notre langue par l'excroissance des mots. (M. Max Brisson approuve.)

Mme Laurence Rossignol.  - Tellement réac' !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - L'écriture inclusive signe le déclin du français parlé dans le monde.

« L'histoire de France commence avec sa langue », nous dit Michelet. Nous sommes les bâtisseurs de la langue. La nôtre ne s'est pas faite en un jour : elle est le fruit d'une longue histoire.

Mme Laurence Rossignol.  - On apprend des choses !

Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État.  - J'en suis heureuse !

Cette vérité appelle l'humilité et nous pousse à réfléchir. L'écriture inclusive participe d'une idéologie qui ne souffre pas la contestation.

C'est vrai, mieux vaudrait éviter de dire que le masculin l'emporte sur le féminin et préférer dire que les noms s'accordent au masculin ou pluriel - car ils font office de neutre. L'écriture inclusive refuse le neutre - donc l'universel. C'est en contradiction totale avec les principes de notre République qui unit avant d'exclure.

L'écriture inclusive est une méconnaissance de notre histoire et une tentative d'appauvrir notre pensée.

L'école de la République apprend à chaque enfant à habiter sa langue, à être porté par une littérature qui a toujours célébré l'esprit français de liberté et de partage.

Notre langue est notre destinée commune ; c'est par elle que nous nous projetons vers l'universel.

Sachons la garder belle et l'énoncer clairement, sans cesser de l'enrichir. Les générations futures nous sont tributaires. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et RDPI ; Mmes Laurence Rossignol et Laurence Cohen protestent.)

M. Max Brisson.  - Très bien !