Le 9 décembre 2025, M. Jean-Jacques LOZACH, président du groupe interparlementaire d’amitié France – Pays-Bas, et Mme Else JOSEPH, vice-présidente, se sont entretenus sur le thème « regards croisés sur le processus de négociation préalable à la formation d’un gouvernement, une tradition aux Pays-Bas » avec S.E. M. Jan VERSTEEG, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas en France, et M. Thomas BEAUFILS, docteur en anthropologie sociale et ethnologie, professeur des universités en civilisation néerlandaise et responsable de la section de néerlandais à l'université de Lille.

Revenant sur la situation politique issue des dernières élections dans les deux pays – scrutin législatif de juillet 2024 en France et d’octobre 2025 aux Pays-Bas –, la discussion a porté sur un premier constat partagé de morcellement de la représentation politique dans les secondes chambres. Un second constat a été établi autour des différences institutionnelles et politiquesfait majoritaire en France et tradition de coalition au Pays-Bas – qui structurent les modalités de nomination d’un nouveau gouvernement. Enfin, si l’absence de majorité absolue se dégageant de la tripartition des blocs politiques à l’Assemblée nationale apparaît comme un fait nouveau, la situation semble tout aussi inhabituelle pour la deuxième chambre des États généraux dans la mesure où 15 partis se partagent 150 sièges, rendant ainsi la formation d’une coalition plus difficile même si par tradition, là encore, les discussions autour de scénarios de coalition et les négociations sur un accord formel peuvent durer plusieurs semaines ou mois (la formation du nouveau gouvernement issu des élections de novembre 2023 aura ainsi nécessité 223 jours de négociation).

Le principal enseignement de cet échange de vues aura porté sur les racines historiques et culturelles de cette tradition hollandaise de négociation préalable avant la formation d’un gouvernement, puisant dans la culture dite des « polder » où, face aux phénomènes climatiques, toute décision nécessite un large appui de la population, que l’on peut traduire sur le plan politique par une culture du consensus. De même, la construction historique d’un État centralisé issu des anciennes Provinces unies et d’un double prosélytisme religieux catholique et protestant perdure aujourd’hui à travers la notion de « pilarisation » de la société », dans laquelle chaque composante conserve une autonomie religieuse, culturelle mais aussi politique, expliquant l’ancrage de la recherche d’un consensus.

Les enseignements retirés de cette réunion ne sont naturellement pas transposables ex nihilo, mais permettent d’éclairer et de nourrir le débat au sein de chacun des pays autour de ses spécificités politiques, à l’exemple de la laïcité à la française qui célèbre les 120 ans de la loi de 1905 en contrepoint de la notion de tolérance néerlandaise. 

En conclusion de cet échange de vues, un large panorama a été dressé des actions de coopérations bilatérales, notamment l’année économique franco-néerlandaise avec une visite royale à Toulouse, le renforcement historique de la coopération de défense et d’armement autour des programmes de sous-marins et de bâtiments anti-mines, le soutien à l’Ukraine par la coalition des volontaires et les potentialités de coopération dans le nucléaire civil. De nombreux sujets de coopération pourront ainsi trouver matière pour 2026 à l’approfondissement des relations interparlementaires entre les Chambres hautes des deux pays, notamment à la suite de l’accession en septembre 2025 de Mme Mei Li VOS à la présidence de la Première chambre des États généraux.

De gauche à droite : M. Thomas BEAUFILS, S.E. M. Jan VERSTEEG, M. Jean-Jacques LOZACH et Mme Else JOSEPH
Contact :

M. Jean POUCH
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