Le 27 novembre 2025, sous la présidence de M. Dominique de Legge (Les Républicains – Ille-et-Vilaine), président, le groupe d’amitié France-Saint-Siège s’est entretenu avec Mme Florence Mangin, ambassadrice de France près le Saint-Siège.
Étaient également présents MM. Emmanuel Capus (Les Indépendants - République et territoire – Maine-et-Loire), Daniel Guéret (LR – Eure-et-Loir), Loïc Hervé (Union Centriste – Haute-Savoie), Daniel Laurent (LR – Charente-Maritime), Franck Menonville (UC – Meuse), Laurent Somon (LR – Somme) et Michaël Weber (Socialiste, Écologiste et Républicain – Moselle).
Mme Florence Mangin s’est tout d’abord félicitée de la récente visite du Président du Sénat au Vatican et au pape Léon XIV qui l’a exceptionnellement reçu alors qu’il n’a pour l’instant accueilli que des chefs d’État.
Revenant sur le jubilé 2025, elle a noté que près de 30 millions de pèlerins seraient venus, soit une affluence un peu en-deçà des prévisions. Cela s’explique par le fait que le pape François n’en avait pas fait un enjeu aussi important que, par exemple, Jean-Paul II en 2000. Mais avec l’avènement de Léon XIV, il y a eu un afflux très important sur la seconde partie de l’année. La France a été très présente et la curie s’est félicitée de ce dynamisme. Mgr Gallagher a par exemple participé à des conférences devant les participants des jubilés des personnalités politiques, des militaires et des patrons chrétiens. L’ambassade, notamment via les Pieux établissements de la France à Rome et à Lorette, a organisé de nombreux concerts en veillant à les dédoubler à des fins de solidarité dans des hôpitaux, des prisons et ou des paroisses de la périphérie de Rome. De même, l’exposition « Lieux saints partagés »[1] à la villa Médicis est un véritable succès. Elle porte sur les lieux saints partagés par les trois monothéismes autour de la Méditerranée.
Puis revenant sur les premiers pas de Léon XIV à la demande de M. Michaël Weber, l’ambassadrice a rappelé la surprise qu’a constituée son élection rapide. L’Église était divisée après le pontificat de François. Mais le cardinal Prévost, longtemps supérieur général des Augustins puis cardinal, chef du dicastère pour les évêques, était en fait connu dans le monde entier. Même si c’était un « outsider » pour le grand public, sa capacité de rassemblement était reconnue.
Léon XIV est un pape qui travaille et écoute beaucoup. Il participe à des réunions de travail dans chaque dicastère ainsi que dans plusieurs autres services de la curie pour dresser un état des lieux et forger son opinion avant de prendre des décisions. Il veille à rester maître de son temps et de son agenda. C’est une démarche réfléchie. Cette méthode tranche avec celle de son prédécesseur, avec lequel il présente néanmoins de nombreux éléments de continuité ; en témoigne sa première exhortation apostolique, Dilexi te[2], sur le soin des pauvres, qui avait été préparée par François et qu’il a signée.
Léon XIV est aussi un pape qui ancre toutes ses prises de parole, y compris diplomatiques, sur un développement théologique et spirituel ou une exégèse de l’Écriture.
Méthodique, organisé et réfléchi, c’est également un pape qui sait décider et est capable de propos vifs et tranchés.
Constituant un signe de continuité, son déplacement en Turquie avait été projeté par François pour célébrer le 1 700e anniversaire du concile de Nicée ; le souverain pontife y a finalement ajouté le Liban pour des raisons évidentes. Répondant à M. Daniel Guéret, l’ambassadrice a d’ailleurs précisé qu’il y avait eu des échanges avec la France pour préparer cette partie du voyage. De même, le pape souhaite se rendre prochainement en Algérie, à la fois pour soutenir l’Église locale, pour défendre la liberté religieuse et le dialogue avec l’Islam dans l’univers méditerranéen mais également pour visiter les lieux où a vécu Saint Augustin d’Hippone.
Questionnée par M. Loïc Hervé sur les relations du Saint-Siège avec les Etats-Unis, Florence Mangin a rappelé que le pape s’entretenait naturellement avec tous les pays. Mais il y a, il est vrai, des pierres d’achoppement avec l’administration Trump. Avant son élection, le cardinal Prévost avait repris publiquement l’interprétation que le vice-président américain J.D. Vance avait donné d’une parole de Saint Augustin. Depuis son élection, Léon XIV a écrit à l’épiscopat américain pour demander d’être plus exigeant sur le traitement réservé aux migrants.
Répondant à M. Dominique de Legge, président, l’ambassadrice a annoncé que le pape réunirait un consistoire début janvier vraisemblablement pour organiser des sessions de travail avec les cardinaux et mettre à nouveau en avant la collégialité au sein du Sacré collège, ce que François n’avait fait qu’une seule fois. Le Pape n’abandonne pour autant pas la synodalité mais la remet en perspective.
Concernant la Chine, évoquée par M. Emmanuel Capus, Mme Florence Mangin a indiqué que le Saint-Siège poursuivait son dialogue dans la lignée de ce qui avait été dessiné par le cardinal Parolin, Secrétaire d’État. Il y a vraisemblablement une bonne entente entre ce dernier et le pape, notamment après le conclave où le cardinal Parolin, qui était parmi les favoris, avait fait l’objet d’attaques venues des Etats-Unis.
Abordant, à la demande de M. Daniel Laurent, les questions financières, l’ambassadrice a rappelé que cela avait été l’un des objectifs les plus constants de François. Si la situation de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) a été assainie, ce n’est pas le cas de toutes les entités économiques de l’État du Vatican. La réforme n’est pas achevée. C’est un enjeu du pontificat qui s’ouvre.
Enfin, évoquant la réforme des Pieux établissements français à Rome et à Lorette, Mme Florence Mangin a rappelé les changements entrepris sous sa direction et par sa prédécesseuse. La gestion du patrimoine immobilier (13 immeubles et 140 appartements dans le centre historique) a été rationalisée et normalisée en recrutant des personnes compétentes. Des appels d’offre sont passés. Sur les douze recommandations du rapport de la Cour des comptes[3], onze sont appliquées. Seule la transformation des Pieux en établissement public est apparue inadaptée au regard de leur dimension religieuse.
[1] va.ambafrance.org/Lieux-Saints-Partages-exposition-et-dialogues-mediterraneens
[2] www.vatican.va/content/leo-xiv/fr/apost_exhortations/documents/20251004-dilexi-te.html
[3] www.ccomptes.fr/fr/publications/lambassade-de-france-pres-le-saint-siege-et-son-administration-des-pieux
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