La postérité


• La presse à l’issue du procès

Le Moniteur et la Gazette de France ne font que relater les faits, tandis que le Journal des Débats (PDF - 549 Ko), le 8 décembre 1815, justifie la sévérité du jugement : « Ainsi a fini un guerrier justement célèbre pour sa valeur, mais qui a déshonoré une vie héroïque par une trahison sans égale dans l’histoire, et par un système de défense presque aussi déshonorant (…) Voilà donc une grande justice accomplie ! (…) L’attitude de la chambre des pairs dans ce mémorable procès n’a pas cessé un moment d’être digne en tout du premier corps de l’État. », relayant ainsi la propagande gouvernementale.

• La vision de Napoléon

Elle varie dans le temps, entre sévérité et mansuétude. Il est très critique sur la période des Cent-Jours, sur ses capacités de jugement,  mais n’oublie pas le héros des guerres de la Révolution et de l’Empire,  ses faits d’armes, son héroïsme lors de la retraite de Russie qui a sauvé tant d’hommes… Napoléon estime en parlant de la condamnation de Ney « que tous ses grands services rendus à la Patrie devaient le couvrir de leur protection et arrêter la main de la justice. »

L’exécution du maréchal, ses réhabilitations et sa postérité

• Le jugement des historiens

Il est bien sûr variable selon l’optique retenue par chaque historien. Toutefois, tous s’accordent sur le tempérament impulsif du maréchal et sa vaillance légendaire. Le procès est justifié par les nécessités de la raison d’État pour Jacques Bainville, auteur d’une Histoire de France (1957). Jean Lucas-Dubreton défend la mémoire du valeureux soldat : « La mémoire de Ney a été décantée par le temps, et quand on l’appelle le « Brave des braves », on a tout dit. Il n’y a rien à ajouter, rien à retrancher. » (Le maréchal Ney, 1769-1815)

• Le jugement des écrivains

Victor HUGO (1802-1885). Portrait extrait du Panthéon des illustrations françaises au XIXème siècle, par Victor Frond (1869). (JPG - 1.14 Mo)

Victor Hugo et Alphonse de Lamartine ont été séduits par le personnage. Le premier, dans un ton épique, encense le maréchal à Waterloo : « En sueur, la flamme aux yeux, l’écume aux lèvres, l’uniforme déboutonné, une de ses épaulettes à demi coupée par le coup de sabre d’un horse-guard, sa plaque de grand-aigle bosselée par une balle, sanglant, fangeux, magnifique, une épée cassée à la main, il disait : « Venez voir comment meurt un maréchal de France sur le champ de bataille. » (Les Misérables)

Le second porte le jugement suivant sur le procès : « La cour fut cruelle (…) »

Aussi la réhabilitation du maréchal par le sentiment populaire puis l’État a-t-elle été consacrée par les historiens et écrivains.