Institué pour compenser l'action supposée trop progressiste de la Chambre des députés, le Sénat de 1876 est composé de 75 sénateurs inamovibles et de 225 élus, répartis en deux grandes tendances : les Républicains et les Conservateurs.

Les Républicains qui ont obtenu 149 sièges, regroupent :

-         les Radicaux de Gambetta ;
-         les « Ultra-radicaux » tels que Victor Hugo, Louis Blanc, Raspail et Clemenceau formant l'extrême-gauche ;
-         la Gauche républicaine qui compte dans ses rangs Jules Grévy, Jules Ferry, Waddington et Freycinet ;
-         le Centre-gauche de Thiers, dont les opinions sont proches de l'aile droite de la gauche de Méline, sauf pour les problèmes religieux.

Les Conservateurs, faiblement majoritaires avec 151 sièges, regroupent :

-         les Constitutionnels, au centre-droit, tels que le duc d'Audiffret-Pasquier et le duc Decazes, qui ont accepté le régime républicain ;
-         les Orléanistes et les Légitimistes ;
-         les Bonapartistes.

La crise du 16 mai 1877 influence nettement les élections de 1879 qui renouvellent un tiers du Sénat : c'est une victoire des Républicains et un net recul des Orléanistes et des Bonapartistes. Le Moniteur universel commente ainsi ces résultats : « les hommes qui composent la nouvelle majorité ne sont pas des sectaires... Ce sont des républicains de raison, des républicains du lendemain plus que des républicains du parti pris. » Les élections de 1882 et de 1885 confirment celles de 1879. Les Conservateurs voient leurs effectifs décroître de manière importante, de 121 sièges en 1879 à 67 en 1885, tandis que la Gauche républicaine, grande bénéficiaire de ce recul, passe de 78 sièges en 1879 à 184 en 1885. L'extrême gauche, avec ses 15 sénateurs, stagne durant cette période. L'évolution du Centre-gauche est plus difficile à cerner : la distinction de ce groupe avec celui de la Gauche républicaine est davantage liée à des questions de personne. Il ne trouvera son autonomie que quelques années plus tard avec une aggravation du problème religieux et une opposition à Emile Combes.