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Discours de M. Christian PONCELET

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Discours de M. Christian Poncelet, Président du Sénat
Photo : Christian PonceletVotre Majesté,
Votre Altesse Royale,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Madame,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

C'est pour le Sénat de la République française et pour son président, un insigne honneur et une grande joie d'accueillir, avec l'Assemblée nationale, les souverains d'un État ami, dans ce haut lieu de la démocratie parlementaire et de l'histoire de France.

Votre quatrième visite d'État en France intervient, Votre Majesté, un siècle après le début de l'Entente cordiale entre nos deux pays, entente qui ne s'est jamais démentie depuis, malgré les vicissitudes d'une histoire particulièrement chargée, incertaine et difficile.

Nous sommes, nous parlementaires, particulièrement fiers et heureux de recevoir le chef de l'État de la plus vieille démocratie parlementaire du monde, celle-là même qui a donné le jour à la Grande Charte de 1215, puis à l'Habeas Corpus, qui ont inspiré bien des constitutions démocratiques.


C'est donc avec une admiration et un respect particuliers que nous saluons des orfèvres dans l'art exigeant de la démocratie. Des orfèvres qui ont su la garantir et l'améliorer sur le fondement de la seule coutume, en s'épargnant la litanie des constitutions et de leurs multiples révisions dont d'autres pays, en particulier le nôtre, se sont faits une spécialité.
Je n'oublie pas non plus que le Royaume-Uni a aussi été précurseur en promouvant le bicamérisme, forme la plus achevée de la démocratie.


Comme le dit très bien LALLY-TOLLENDAL, qui fut le seul sujet de Sa Gracieuse Majesté membre de l'Assemblée Constituante française en 1789 -et dont j'aurai le plaisir de vous offrir tout à l'heure un manuscrit original- : « une assemblée unique court perpétuellement le danger d'être entraînée par l'éloquence, séduite par des sophismes, égarée par des intrigues, enflammée par des passions..., emportée par des mouvements soudains..., arrêtée par des terreurs... ». C'est d'ailleurs la Terreur qu'avait fait régner une assemblée unique, la Convention, qui nous a conduit, nous Français, à inscrire, de manière définitive, le bicamérisme dans notre paysage institutionnel.




Bien nous en a pris car comme le disait LALLY-TOLLENDAL : « Qu'il existe deux chambres au lieu d'une : la première portera plus d'attention à ses décisions, par cela seul qu'elles doivent subir une révision dans la seconde ».



Votre Majesté, 
Cette Entente cordiale, que nous célébrons aujourd'hui, est celle de deux peuples qui se respectent, et, j'oserais le dire, qui s'aiment, comme le montre bien cette « détestation amoureuse » perceptible lorsque nos équipes de rugby se rencontrent. Le passé récent l'a rappelé à point nommé.
Cette estime, ce respect, cette fascination doivent beaucoup au comportement héroïque du peuple britannique durant la Seconde guerre mondiale. L'héroïsme de vos compatriotes, admirablement symbolisé, Votre Majesté, par le courage du Roi George VI et de la Reine Elisabeth, vos Parents, a permis la victoire du monde libre et ouvert une nouvelle page de l'histoire du monde, où l'Europe est devenue une terre de paix, elle qui était jusque là le continent de la guerre, de la guerre intestine, de la guerre fratricide.


Cette communauté de destins, cette communion dans les heures les plus sombres nous unissent à jamais.

L'alliance hors du commun de deux peuples d'exception, qui ont marqué l'histoire et la culture de leur empreinte, doit perdurer, se renforcer et s'enrichir. C'est l'intérêt de la France comme du Royaume-Uni. C'est notre devoir et notre chance à tous, Britanniques et Français, Français et Britanniques.


Cette relation privilégiée ne doit évidemment pas se développer au détriment de l'Europe mais au contraire au service de l'Europe, d'une Europe forte. La communauté des vues britanniques et françaises sur la nécessité d'une véritable défense européenne en est une parfaite illustration, porteuse d'espoir dans un monde incertain.


Avant de laisser la parole à mon ami Jean-Louis DEBRÉ, président de l'Assemblée nationale, car le temps m'est malheureusement compté, comme à nous tous, je voudrais simplement, Votre Majesté, Votre Altesse Royale, vous redire ma fierté et ma joie de vous accueillir au Palais du Luxembourg, vous-mêmes et les parlementaires britanniques qui vous accompagnent et témoignent ainsi de la vitalité de nos relations interparlementaires.


Vive le Royaume-Uni !

Vive la France !

Vive l'amitié franco-britannique et l'Entente cordiale !

Et « God save the Queen » !
Your Majesty,
Your Royal Highness,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Ministers,
Ladies and Gentlemen,
Dear Friends,



It is a great honour and a great pleasure for the French Senate and its President, as for the Assemblée nationale, to welcome the sovereigns of a friendly State into this building so emblematic of parliamentary democracy and the history of France.


Your fourth State visit to France comes, Your Majesty, one century after the signing of the Entente cordiale between our two countries, an entente that remains unchallenged despite the uncertainties and difficult times with which history has burdened us.

We parliamentarians are particularly proud and happy to welcome the Head of State of the world's longest-standing parliamentary democracy, that very same one that adopted Magna Carta in 1215 and subsequently the Habeus Corpus Act that have inspired so many democratic constitutions.

So it is with special admiration and respect that we acclaim experts in the very demanding art of democracy, experts who have succeeded in guaranteeing and enhancing democracy on the basis of custom alone, while sparing themselves the numerous constitutions and revised versions in which other countries, and France in particular, have indulged.
Nor am I forgetting that the United Kingdom was a forerunner in the two-chamber system which is the most advanced form of democracy.

LALLY-TOLLENDAL was the only subject of Her Gracious Majesty to be a member of the French Assemblée Constituante in 1789, and I shall have the pleasure of presenting you with an original manuscript of his later on. He put it very well when he said: "a single chamber is constantly in danger of being swept away by eloquence, of succumbing to sophisms, of being misled by intrigues and inflamed by passion ..., carried away by sudden shifts ..., paralysed by terror ..." Moreover, it was the Terror that prevailed under a single chamber, la Convention, that led us French to include the two-chamber system definitively in our institutional structure.

And we were right to do so, because as LALLY-TOLLENDAL explained: "May we have two chambers rather than just one: the first chamber will take greater care with its decisions, if only by virtue of the fact that they shall be revised by the second chamber."

Your Majesty, 
The Entente Cordiale that we are commemorating today is between two peoples who respect, and, dare I say, love one another, as borne out by the love-hate relationship in evidence when our national rugby teams meet. The recent past is ample evidence of this.
This esteem, this respect and this fascination owe a lot to the heroic behaviour of the British during World War II. The heroics of your compatriots, (admirably symbolised, Your Majesty, by the courage of your parents King George VI and the Queen Consort), enabled the free world to win the war and start a new page of world history with Europe becoming a haven of peace after long being the continent of internal and fratricidal wars.

This common destiny and this communion in our darkest hours have united us irreversibly.

The extraordinary alliance between our two exceptional peoples, who have both left their mark on history and culture, must continue, be strengthened and be enhanced. It is in France's interests as it is in Britain's. It is our duty and our good fortune as British and French, French and British people.

However, this special relationship should not develop to the detriment of Europe; on the contrary, it should be at the service of Europe, of a strong Europe. Our shared outlook on the need for a real European defence system is a perfect illustration of this and good reason for hope in today's uncertain world.

Before giving the floor to my friend Jean-Louis DEBRÉ, the President of our Assemblée nationale, and as I am unfortunately running out of time, as indeed we all are, I would simply like to repeat, Your Majesty, Your Royal Highness, how proud and pleased I am to welcome you to the Palais du Luxembourg, both yourselves and the British Members of Parliament accompanying you and who bearing witness to the vitality of our interparliamentary relations.

Vive le Royaume-Uni !
Vive la France !
Long live Franco-British friendship and the Entente cordiale !
And God save the Queen !