3) Le déséquilibre des forces politiques en présence
Les élections de novembre 1989 avait donné 57 % des voix (42 sièges) à la SWAPO dirigée de longue date par M. Nujoma. Le principal parti d'opposition, la DTA (Démocratie Turnhalle Alliance), alliance de composantes diverses (anciens alliés de l'Afrique du Sud, nationalistes hostiles à la SWAPO, ethnies craignant la domination des Ovambos, majoritaires au sein de la SWAPO) remportait alors 28 % des voix. Les 15 % des suffrages restant étaient répartis entre de petits partis politiques.
Ce résultat, incontestable, puisqu'obtenu sous contrôle de l'ONU, satisfaisait les observateurs internationaux, qui craignaient que la prédominance de la SWAPO ne l'amène à une majorité supérieure aux deux-tiers requis pour procéder à une révision constitutionnelle.
En effet, tant par la légitimité acquise durant la longue lutte pour l'indépendance que par la bonne organisation qu'avait promue Sam Nujoma, ce parti domine nettement la vie politique namibienne.
Les premières élections législatives et présidentielles conformes à la Constitution, organisées les 6 et 7 décembre 1994 a renforcé cette domination : le président Nujoma a été réélu avec 76 % des suffrages, et la SWAPO obtient 53 députés sur 72, soit une majorité supérieure aux deux tiers.
La DTA obtient 15 élus et 4 députés représentent de petits partis. L'enjeu politique majeur de cette orientation vers un quasi-monopartisme est l'éventuelle suppression de la limitation à deux mandats successifs du chef de l'État, inscrite dans l'actuelle Constitution.
La principale difficulté à laquelle se heurte un pays incontestablement démocratique - garantie des droits fondamentaux, indépendance judiciaire, liberté de la presse -, est donc la faiblesse et la dispersion de l'opposition.