Groupe interparlementaire d'amitié

France - Asie centrale

Kirghizistan et Tadjikistan ,

les voies d'un développement au fil de l'eau ...

Compte rendu

du déplacement effectué par une délégation du groupe

au Kirghizistan et au Tadjikistan

du 18 au 24 avril 2011

La délégation était composée de :

M. André Dulait, Président du groupe d'amitié,

Mme Monique Papon, Vice-présidente du groupe d'amitié

M. Jean-Marc Pastor, Président délégué pour le Kirghizistan

M. Aymeri de Montesquiou, Président délégué pour le Kazakhstan

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N° GA 100 - septembre 2011

La délégation du groupe interparlementaire d'amitié France-Asie centrale s'étant rendue au Kirghizistan et au Tadjikistan du 18 au 24 avril 2011 était composée de la manière suivante :

- M. André Dulait , sénateur des Deux-Sèvres, Président du groupe d'amitié, Chef de délégation ;

- Mme Monique Papon , sénateur de Loire-Atlantique, Vice-présidente du Sénat, vice-présidente du groupe d'amitié ;

- M. Jean-Marc Pastor , sénateur du Tarn, Questeur du Sénat, Président délégué pour le Kirghizistan ;

- M. Aymeri de Montesquiou , sénateur du Gers, Président délégué pour le Kazakhstan.

Elle adresse ses plus vifs remerciements à tous celles et ceux qui, à un titre ou à un autre, lui ont apporté leur précieux concours pour la préparation, l'organisation et le bon déroulement sur place de cette mission. Sans qu'il soit possible de citer nommément chacune de ces personnalités, la délégation veut exprimer en particulier sa gratitude :

- à la Présidente de la République du Kirghizistan, Mme Rosa Otounbaeva, ainsi qu'à tous les responsables kirghizes qui, comme elle, ont réservé aux sénateurs français un accueil particulièrement chaleureux ;

- au Président de la République du Tadjikistan, M. Emomali Rakhmon, ainsi qu'à toutes les autorités tadjikes, en qui les sénateurs ont trouvé des interlocuteurs amicaux et empressés ;

- à Son Altesse l'Agha Khan, qui a mis ses moyens humains et logistiques à la disposition de la délégation pour lui permettre de visiter la région du Pamir dans les meilleures conditions possibles,

- ainsi qu'à nos deux ambassadeurs (M. Thibaut Fourrière au Kirghizistan et M. Henry Zipper de Fabiani au Tadjikistan), à leurs sympathiques collaborateurs et aux personnels civils et militaires en poste dans la région, notamment au DETAIR Douchanbé : dans un contexte parfois délicat, ils contribuent tous de manière remarquable au rayonnement de la France en Asie centrale.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs

Cette année, cinq pays d'Asie centrale nés de l'implosion de l'ex-URSS célèbrent le vingtième anniversaire de leur Indépendance : le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan.

Très fermés pendant la période soviétique et pratiquement inaccessibles à la plupart des occidentaux, ces pays ont accédé du jour au lendemain à une indépendance qu'ils n'avaient pas réellement demandée ni préparée, et ont connu, depuis lors, des évolutions assez différentes.

Si le Kazakhstan -notamment par les fantastiques ressources de son sous-sol- et l'Ouzbékistan -doté de sites culturels et touristiques mondialement connus- se sont ouverts à l'international et sont désormais relativement bien identifiés en Europe, force est de reconnaître, en revanche, que le Kirghizistan et le Tadjikistan restent encore assez méconnus de la plupart de nos compatriotes , dont beaucoup auraient peine à les situer sur une carte ou simplement à citer leur capitale...

Souffrant d'un réel déficit d'image sur la scène internationale, ces deux pays sont en outre dans une situation économique précaire, qui les relègue respectivement à la 120 ème position (pour le Kirghizistan) et à la 127 ème position (pour le Tadjikistan) sur l'échelle de développement humain établie par le PNUD, largement derrière tous les autres États de l'ancienne Union soviétique.

Reste que le Kirghizistan et le Tadjikistan sont des pays amis de la France, de surcroît très confiants dans leur relation avec l'Union européenne. C'est pourquoi notre groupe sénatorial d'amitié France-Asie centrale a souhaité leur envoyer un message de sympathie en allant célébrer avec eux leurs 20 ans d'Indépendance, et en les assurant par la voix de sa délégation du soutien du Sénat dans leur marche vers une démocratie affirmée et vers un meilleur développement économique .

Deux autres raisons géostratégiques commandent de s'intéresser plus spécifiquement à ces pays .

Tout d'abord, leur géographie physique et leur territoire montagneux placent le Kirghizistan et le Tadjikistan au coeur d'un enjeu majeur : l'approvisionnement de l'Asie centrale en eau et en électricité . En effet, s'ils ne possèdent ni pétrole ni gaz -à la différence de leurs trois voisins centrasiatiques- ces pays, dits « de l'amont », contrôlent à eux deux plus des trois quarts des ressources en eau douce et du potentiel hydroélectrique de la région.

Or, comme au temps de l'Union soviétique où ces deux pays étaient maintenus dans une forte dépendance énergétique, le Kirghizistan et le Tadjikistan continuent vingt ans plus tard d'en subir les séquelles, au point de devoir importer l'essentiel de leur énergie.

Le groupe d'amitié souhaitait mieux comprendre ce paradoxe, et recueillir le point de vue des parlementaires et des responsables kirghizes et tadjikes, comme il a déjà eu l'occasion de le faire par ailleurs avec les représentants d'autres pays, dits « de l'aval ».

En second lieu, le Kirghizistan et le Tadjikistan sont proches de l'Afghanistan -avec lequel le Tadjikistan partage sur plusieurs centaines de kilomètres une frontière apparemment assez poreuse- et représentent donc des interlocuteurs de premier plan pour la communauté internationale dans ses efforts pour aider les Afghans à la remise en marche de leur État.

La délégation, conduite par le Président du groupe d'amitié, M. André Dulait, comprenait trois autres sénateurs (Mme Monique Papon, vice-présidente du groupe d'amitié, M. Jean-Marc Pastor, président délégué pour le Kirghizistan et M. Aymeri de Montesquiou, président délégué pour le Kazakhstan) 1 ( * ) . Elle a séjourné en République kirghize pendant deux jours (les 18 et 19 avril), puis s'est rendue au Tadjikistan, où elle a séjourné du 20 au 24 avril.

Dans les deux pays, la délégation sénatoriale a reçu un accueil d'autant plus chaleureux que les visites de parlementaires français y sont encore assez rares.

Cette mission a permis, en particulier, de rencontrer pour la première fois les membres des groupes homologues (Kirghizistan-France et Tadjikistan-France), récemment créés dans les Parlements de ces deux pays.

Au Kirghizistan, les entretiens avec les autorités parlementaires ont permis en outre d'envisager les modalités d'une coopération technique entre le Sénat français et le Jogorkou Kenech (l'assemblée kirghize), ainsi que l'avait souhaité le Président du Sénat, M. Gérard Larcher, lors de la visite au Sénat en mars 2011 de la Présidente de la République Kirghize, Mme Rosa Otounbaeva.

Dans les deux pays, le séjour a mis en évidence un point resté plus en arrière-plan lors des précédents déplacements du groupe d'amitié : bien que partageant nombre de points communs -dont des histoires propres plus ou moins imbriquées et une même appartenance à l'ancienne Union soviétique- les pays d'Asie centrale présentent aussi des particularismes marqués, tant sur les plans démographique et sociologique que politique et culturel.

Ainsi, depuis leur Indépendance, le Kirghizistan et le Tadjikistan se sont dotés d'institutions et d'une pratique du pouvoir très différentes, les Tadjiks conservant certains réflexes hérités du centralisme autoritaire d'avant 1991, alors que les Kirghizes ont au contraire opté pour un parlementarisme sans équivalent dans la région.

La délégation a également pu découvrir et mesurer sur place le rôle relativement insoupçonné mais pourtant considérable de la communauté et des institutions ismaéliennes , sous l'égide de leur emblématique chef spirituel, l'Aga Khan. Disposant de ressources financières importantes et s'appuyant sur un réseau d'influence performant ( Aga Khan Development Network, ou AKDN ), les Ismaéliens prennent en effet une part active au développement économique, sanitaire, éducatif et social durable du Kirghizistan et du Tadjikistan.

Enfin, la délégation a été fière d'aller saluer les militaires affectés au DETAIR , détachement aérien français installé depuis 2002 au bord des pistes de l'aéroport de Douchanbé sur une aire mise gracieusement à sa disposition par les autorités tadjikes. Le DETAIR est un des rouages logistiques essentiels de la force internationale déployée en Afghanistan , assurant notamment le transit lors des relèves du contingent français et d'autres contingents. Les femmes et les hommes du détachement apportent également leur concours à des actions civilo-militaires visant à améliorer les structures sanitaires et sociales dans la région de Douchanbé (en direction de la petite enfance, notamment).

Au terme de sa mission, le groupe d'amitié espère surtout avoir marqué de la manière la plus visible l'attention qu'il porte à la présence de la France -et de la francophonie- dans une zone fort éloignée de l'Europe, certes, mais dont la sécurité internationale, la stabilité politique intérieure et le développement économique constituent aussi des enjeux géostratégiques importants pour l'Union européenne .


* 1 La délégation devait en outre comprendre M. Yves Pozzo di Borgo, sénateur de Paris, Président délégué pour le Tadjikistan, empêché au dernier moment par un impératif ; elle était accompagnée par le secrétaire exécutif du groupe, M. Michel Laflandre, conseiller à la direction du Secrétariat du Bureau, du Protocole et des Relations internationales du Sénat.

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