D. DES INTERROGATIONS

Au Brésil, les médias de source, en tant que catégorie, n'ont pas encore été étudiés dans leur ensemble. Comme nous l'avons dit, ce travail inaugure ce type d'optique. Certaines analyses iront certainement dans le sens que de tels médias sont nocifs pour un flux indépendant, critique, non engagé de l'information. Individuellement ou sectoriellement, quelques acteurs sociaux utilisant cette pratique informative ont déjà fait l'objet d'évaluations. Pour citer trois exemples parmi les plus connus, nous prendrons les cas de la presse parrainée par les sectes néopentecôtistes, des supports informatifs du MST et des médias législatifs. Comme nous l'expliciterons dans la IIe Partie de cette thèse (Chapitre II - 2 - Les Médias de Source, un univers sans limite), des secteurs de la presse traditionnelle et certains chercheurs accusent ces trois acteurs sociaux d'utiliser ces médias pour faire du marketing politique, promouvoir leurs bannières idéologiques, faire du lobbying et, dans certains cas, profiter de la bonne foi populaire.

De telles critiques existent déjà en ce qui concerne les méthodes traditionnelles d'interférence dans les routines journalistiques de la presse traditionnelle - interviews collectives, communiqués, kits de presse, visites organisées, etc. -, et elles devront être plus sévères vis-à-vis de ce nouveau phénomène, où la source est détentrice de ses propres stations de radio et chaînes de TV, journaux et magazines. La possibilité que ces médias agissent comme des dissimulateurs de la réalité doit être envisagée. Les médias de source pourraient être plus efficaces - et donc, selon ce point de vue, plus nuisibles - que les techniques traditionnelles des services de presse.

Par principe, les sources, qu'elles soient institutionnelles ou corporatives, sont considérées comme les piliers du journalisme, mais elles sont en même temps vues comme des entités manipulatrices de l'information. Elles ont des intérêts économiques, idéologiques, politiques, culturels, sociaux, entre autres, et elles doivent pour cette raison être utilisées de façon adéquate et avec précaution par les journalistes 199 ( * ) . La question est de savoir si, en considérant que les sources sont déjà dangereuses pour la presse dite indépendante, le risque journalistique de les voir opérer leurs propres médias est la possibilité de favoriser ce profil manipulateur. Le journaliste de source n'aurait pas l'espace nécessaire pour se poser les questions indispensables à l'investigation journalistique. Un periodismo necesita independencia de las fuentes, de lo contrario se convierte con apéndice et instrumento propagandístico - juge CASALS CARRO 200 ( * ) .

La grande critique vis-à-vis de l'information diffusée par les outils du journalisme de sourcee fonde ainsi sur le fait qu'au contraire de la presse, il ne serait pas, en théorie, dépourvu de secondes intentions et qu'il serait au service de visées politiques, économiques, commerciales ou de tout autre ordre. Dans le journalisme traditionnel, il existerait un contrat avec le lecteur stipulant que le premier est responsable de l'authenticité des informations transmises 201 ( * ) . La notion de « contrat communicationnel », développée par CHARAUDEAU 202 ( * ) , lie implicitement le journaliste et le lecteur et le détermine un certain rapport à la véracité, sinon à la vérité, qui n'est pas présent dans la publicité ou la littérature par exemple 203 ( * ) . Selon BUCCI, l'activité journalistique a pour client le citoyen, le lecteur, le téléspectateur.

En ce sens, le journaliste s'oblige - en vertu de la qualité du travail qu'il va offrir - à écouter, par exemple, des parties distinctes ayant participé à une même histoire. Écouter toutes les personnes concernées, rechercher la vérité, poser les questions les plus incommodantes à ses sources au nom de la quête de la vérité est un devoir de tout journaliste 204 ( * ) .

Dans le journalisme institutionnel, ce contrat serait passé avec l'institution/la source et le plus grand engagement serait de ne pas leur déplaire. En intervenant hors des rédactions, auprès de source, le journaliste rencontrerait ce que REIS a nommé des surprises : notions d'impartialité, secret et publicité 205 ( * ) . C'est en combinant ces surprises éditoriales avec les préceptes traditionnels du journalisme, impartialité, distance, recherche de multiples opinions, entre autres, qu'il lui faut exercer son activité professionnelle. Le professionnel qui intervient sur ce territoire aurait pour unique objectif de divulguer les produits et les thèmes d'intérêt de ses employeurs. Il déploierait un jeu d'informations et d'omissions pour faire prévaloir une opinion unique, celle de la source qui l'emploie. L'incrédulité se fonde sur le fait que celui qui paie le salaire du journaliste de la source est l'organisation pour laquelle il travaille. L'engagement le plus grand serait envers elle et non vis-à-vis de la société, car le client ne serait pas le citoyen, le lecteur, mais celui qui fait fonctionner une telle structure. La structure de journalisme institutionnel vise habituellement, selon BUCCI, à véhiculer le message qui intéresse celui qui est son client, celui qui le recrute, et il n'y a rien d'erroné à cela. C'est un métier tout aussi digne, mais ce n'est pas du journalisme 206 ( * ) .

Par contraste, selon d'autres analyses, cette quête de visibilité sociale est valide en termes de diffusion d'informations et vise à compenser les défauts de l'agendamento de la presse. Ces médias, en particulier ceux directement liés aux mouvements sociaux, contribueraient à la démocratisation de l'information, à promouvoir des actions de défense de causes sociales - advocacy - et à stimuler la transparence des faits publics - accountability 207 ( * ) . Le professionnel de la presse qui travaillerait pour ces médias le ferait dans un contexte de défense de causes publiques ou socio-humanitaires 208 ( * ) .

Au contraire de BUCCI, NASSAR affirme que le profil des publics des médias de source, dont beaucoup détiennent un pouvoir politique et économique, exige aussi ce type d'engagement vis-à-vis de la vérité. Ils exigent que les entreprises et les institutions établissent avec eux (les publics) une communication claire et transparente 209 ( * ) . (le soulignage est de notre fait). D'autres interprétations indiquent que les informations diffusées par de tels médias peuvent être crédibles pour l'audience, dans la mesure où les acteurs sociaux gestionnaires des MS disposent d'une crédibilité et d'une bonne image publique et parviennent à les transférer à leurs supports informatifs. La presse traditionnelle elle-même, en cherchant à consulter des groupes d'intérêts donnés, le ferait en tant que technique éditoriale pour renforcer la crédibilité des informations qu'elle diffuse. Selon SNOW et BENFORD, les organisations liées à des mouvements sociaux sont des agents importants pour la production de sens, principalement lorsqu'il leur est nécessaire de promouvoir des mobilisations, de capter des adhésions ou de tenter de démobiliser des initiatives antagonistes 210 ( * ) .

L'évaluation d'un moyen de communication identifié avec une corporation, une communauté sociale ou un groupe d'intérêt 211 ( * ) déterminé peut varier selon la conception utilisée pour analyser l'existence elle-même des organisations et des mouvements sociaux, ainsi que leur légitimité. La polémique sur l'existence de média de source prend ainsi des proportions plus grandes lorsque ces derniers sont identifiés comme des outils de lobbying des groupes d'intérêts.

Selon la vision anglo-saxonne de NIGG et WADE, par exemple, l'existence d'un tel mécanisme informatif serait naturelle. Selon eux, les moyens de communication et d'expression doivent être gérés par ceux qui ont davantage besoin d'intervenir plus directement dans leur environnement social. Once this happens, a process of internal dialogue in the community can take place, providing opportunities for developing alternative strategies 212 ( * ) . Alors que pour le modèle français, un instrument informatif maintenu/opéré par un groupe d'intérêt ne serait qu'un mécanisme favorisant le lobbying, la pression sur la société et l'État. GARRIGUES nous rappelle que lorsqu'il exerce son influence en direction de la décision politique (par quelque moyen direct ou indirect que ce soit), le groupe d'intérêts devient un groupe de pression 213 ( * ) .

L'influence et/ou la pression exercées par ces groupes sont présentes, selon l'auteur, dans divers espaces de la vie publique ; de l'espace économique à l'espace institutionnel, et de l'espace confessionnel à l'espace politique partisan ; de l'espace socioprofessionnel à l'espace sportif, en passant par celui à caractère humanitaire. Le moyen de communication ne serait qu'un instrument supplémentaire pour l'exercice de la pression. SILVA insiste cependant sur le fait qu'il est possible de séparer l'advocacy du lobbying. Le lobbying a un but lucratif et vise le profit privé. Et, comme déjà cité, les actions d'advocacy viseraient, pour leur part, des profits collectifs et/ou sociaux.

Il devient donc facile de distinguer un certain journalisme lobbyiste d'intérêts privés de la production systématique d'informations (journalistiques) dans le cadre d'actions d'advocacy : la défense et la mobilisation sociale en faveur de causes nettement sociales et/ou publiques, par exemple, la campagne de lutte contre le travail infantile et, au sein de cette dernière, contre le travail infantile domestique - note SILVA 214 ( * ) .

Même si, depuis la fin du XIXe siècle, ils sont de plus de plus présents dans les sociétés industrielles avancées 215 ( * ) , l'existence et l'action des groupes d'intérêt font toujours l'objet d'interrogations. Ces organes étaient considérés comme des groupes de pression car ils représentaient des membres de la société qui cherchaient à influencer l'exercice du pouvoir par les autorités de l'État, pour contraindre, réglementer ou obtenir des subventions, sans pour autant s'emparer des fonctions gouvernementales - explique GARRIGUES 216 ( * ) . Pour cette raison, dans certains pays, l'apparition de ces structures est vue comme une menace contre la souveraineté de l'État.

Les rapports entre les pouvoirs publics et les groupes d'intérêt se déroulent dans différentes conditions. Ils peuvent prendre la forme d'une consultation, d'un rapport, d'une confrontation, d'une concertation ou d'une cooptation, décrites ainsi par HAYWARD 217 ( * ) :

1. Les rapports de conflit endémique, qui correspondent aux groupes d'intérêts exclus, en conflit permanent avec le gouvernement. Dans la réalité brésilienne, nous pourrions inclure dans cette catégorie le Mouvement des Travailleurs sans Terre, le MST;

2. Ceux de consultation ou de concertation : une manière harmonieuse, routinière de résoudre les problèmes entre les intérêts organisés et le gouvernement. La consultation serait l'antichambre de la forme plus étroite de collaboration, qui est la concertation. Au Brésil, le gouvernement a ainsi créé des chambres sectorielles où les entités du patronat et des travailleurs sont consultées ;

3. Ceux d'imposition de solutions dans lequel prévaut le style autoritaire de prises de décisions.

L'idée d'une représentation différente des structures parlementaires représentatives fait l'objet d'interrogations sur la légitimité de tels acteurs sociaux. Des auteurs comme OFFERLÉ voient dans les groupes de pression des agents du lobbying, usurpateurs d'un statut attribué seulement à ceux qui ont été choisis par le suffrage universel. Eux seuls seraient habilités à parler légitimement au nom de la souveraineté populaire et défendre le mieux l'intérêt public 218 ( * ) . Les groupes d'intérêt n'auraient pas de légitimité démocratique pour prendre eux-mêmes des décisions publiques. Ils font partie de la vie politique, ils utilisent les puissants pour persuader et manipuler autant que possible, aduler ou contraindre lorsque nécessaire, mais ne peuvent décider seuls 219 ( * ) .

En réfléchissant sous l'optique de la démocratie participative, SOUSA SANTOS défend le contraire. Il considère que les groupes d'intérêts structurés sous la forme d'organisations non gouvernementales sont les sujets actifs d'un processus de démocratie participative. Il existerait une nouvelle grammaire sociale, dans laquelle les mouvements sociaux et populaires et les ONG entreraient au centre du débat sur les relations entre État et société civile. Les mouvements sociaux s'inséreraient dans des actions pour l'élargissement du politique, pour la transformation des pratiques dominantes, pour l'accroissement de la citoyenneté et pour l'insertion en politique d'acteurs sociaux exclus 220 ( * ) . Dans un contexte de démocratie participative, les nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC) créent les conditions d'une démocratie continue, qui consiste, selon RODOTà, à permettre l'occurrence d'une participation citoyenne sans limites de caractère temporel ou spatial 221 ( * ) .

Ce phénomène - selon GOUPIL - confirmerait la poursuite d'un mouvement pluriséculaire de montée de la visibilité et de la transparence 222 ( * ) , ce qui, selon nous, inclut la diffusion volontaire d'informations auparavant restreintes à peu de segments et un plus grand débat d'idées et de propositions au travers de l'espace public médiatique. Les acteurs sociaux doivent également rechercher ou consolider leur légitimité sociale, à laquelle OFFERLÉ fait référence, et l'un des instruments disponibles est justement la communication publique. Communiquer avec les autres secteurs de la société est plus qu'un acte d'affirmation et de légitimation de l'acteur social. C'est une question de survie. C'est à travers la diffusion d'informations que ces acteurs cherchent à construire leurs discours sociaux. Les tactiques d'action externe visant à consolider l'organisation sont normalement centrées sur la pression sur les parlementaires et la presse. Cependant, les groupes d'intérêt public peuvent également être amenés à avoir recours à des tactiques très médiatiques pour consolider leur organisation 223 ( * ) .

La devise du vieux présentateur brésilien de programmes de radio et de télévision Abelardo Barbosa, surnommé Chacrinha, quem não comunica se trumbica, (que l'on pourrait traduire par : qui ne communique pas, l'a dans l'os) traduit avec simplicité ce qui a été défini en langue académique par OFFERLÉ 224 ( * ) . Pour lui, le travail politique de délimitation, de légitimation et d'expression d'un groupe sert de fondation pour la propre existence du groupe. Citant Luc Boltanski 225 ( * ) , il rappelle que dans le processus de construction et d'entretien d'une organisation, l'information diffusée par ces institutions ou ces regroupements est vitale. La communication est un instrument de canalisation des stimuli des audiences, qui cherche à conquérir la sympathie de ces dernières 226 ( * ) . C'est de cette façon que les utilisateurs du groupe peuvent s'identifier, ou non, dans la vision du monde défendue par la corporation 227 ( * ) . C'est une tâche nécessaire à l'entretien de la flamme qui définit l'importance et l'intérêt de ces groupes pour les individus représentés et, pourquoi ne pas le dire, pour les autres groupes d'acteurs sociaux. Les techniques employées dans ce processus d'autolégitimation sont innombrables, comme l'explique OFFERLÉ.

Ils peuvent entrer en phase ou en concurrence avec des entreprises parallèles ou contradictoires émanant d'agents ou d'institutions qui, dans le champs de la représentation ou dans d'autres champs sociaux ont pour objectif premier ou dérivé de dire et de faire le monde social (agences étatiques, intellectuels, journalistes, hommes politiques...): `la classe ouvrière c'est fini', `la fin des paysans', `les nouveaux pauvres', `les sourds sont une minorité opprimée' [...] slogans, mots d'ordre qui peuvent mettre en cause aussi la capacité du ou de groupes à exprimer les intérêts de leur `base' 228 ( * ) .

Comment alors - demanderont certains - considérer comme socialement acceptable un média qui cherche à diffuser un ensemble d'idées sectoriel, et ainsi obtenir des bénéfices pour un segment social, aussi grand qu'il soit. La réponse à cette interrogation réside dans la réalité informative elle-même, où la presse n'est pas en mesure de répondre à tous et à tout. Pour assurer ces conditions, il serait indispensable, selon AZEVEDO, que les moyens de communication de masse soient organisés en une structure plurielle et compétitive et qu'ils soient capables de refléter, sinon tous, au moins les courants les plus importants de la diversité idéologique, politique et culturelle de la société. La visibilité/invisibilité des acteurs, des thèmes et des demandes dépendent, dans une large mesure, du régime démocratique, du degré de pluralité externe existant dans le système des médias ou de la pluralité interne pratiquée dans chaque journal, magazine ou chaîne de TV et radio 229 ( * ) .

Devant l'impossibilité d'éliminer l'inégalité de pouvoir dans les rapports entre les segments sociaux et la presse, et dans l'effort d'assurer la visibilité souhaitée, la construction par les sources des mécanismes et des structures nécessaires pour introduire dans l'espace public une optique du monde différente devient, à notre avis, légitime. Une optique qu'elles jugent être absente en raison des critères de la presse.

* 199 PABLOS COELLO, José Manuel, 2006, p. 125.

* 200 CASALS CARRO, María Jesús, 2005, p. 108-109.

* 201 Selon l'Institut Gutenberg, une institution brésilienne d'analyse et d'observation de la presse, le manuel de rédaction de chaque média est la base formelle du contrat qu'ils ont signé avec leurs lecteurs/spectateurs. Ce n'est que de cette manière que ces derniers connaîtraient les règles qui guident la production des informations. Pour plus de détails voir le site d'Institut Gutenberg.

* 202 CHARAUDEAU, Patrick., 1997

* 203 LECOLLE, Michelle, 2000, p. 31.

* 204 Nesse sentido, o jornalista se obriga - em virtude da qualidade do trabalho que vai oferecer - a ouvir, por exemplo, lados distintos que tenham participação numa mesma história. Ouvir todos os envolvidos, buscar a verdade, fazer as perguntas mais incômodas para as suas fontes em nome da busca da verdade é um dever de todo jornalista. BUCCI, Eugênio, 2006.

* 205 surpresas: noções de imparcialidade, segredo e publicidade. REIS, Ruth, 1997, p.7.

* 206 veicular a mensagem que interessa àquele que é o seu cliente, àquele que o contrata, e não há nada de errado com isso. É um ofício igualmente digno, mas não é jornalismo. BUCCI, op. cit.

* 207 Au sujet des actions d' accountability et de transparence des faits publics, voir, respectivement, SILVA, Luiz Martins da, 2004, JARDIM, Márcia, 2006, RENAULT, Letícia, 2004.

* 208 SANT'ANNA, Francisco, MOURA, Dione, SILVA, Luiz Martins da, ADGHIRNI, Zélia L. 2006-D, p 101.

* 209 Eles exigem que as empresas e instituições estabeleçam com eles (públicos) uma comunicação clara e transparente. NASSAR, Paulo, 1998, p. 93.

* 210 SNOW, David et BENFORD, Robert, D., 1988, p. 198.

* 211 Il existe diverses classifications des groupes d'intérêts en tant qu'acteurs sociaux. L'une des plus simples et des plus objectives est celle de J.D. STEWART (1958: 25), pour qui les groupes d'intérêt sont toujours liés à la défense d'une cause, d'une croyance ou d'un principe. TRUMAN (1951, apud GARRIGUES, 2002 : 9) affirme que le groupe d'intérêt constitue un ensemble d'individus (des personnes physiques ou morales) qui, sous l'impulsion d'un intérêt commun, expriment des revendications, émettent des prétentions ou prennent des positions affectant, de manière directe ou indirecte, d'autres acteurs de la vie sociale. En raison de son importance, divers auteurs ont été attirés par le débat sur les groupes d'intérêt. Selon JORDAN, MALONEY et BENNIE (1996: 69-70/83), ces derniers se subdivisent en fonction du segment de la population représenté et des objectifs poursuivis. Ces divisions se chevauchent parfois, même si c'est de façon imprécise, et elles mènent à la définition de deux formes principales de groupes : ceux qui sont liés à une cause et ceux qui sont liés à un secteur. [...] On considère, en général, que les groupes d'intérêt public représentent des intérêts non économiques et que leur objectif n'est pas d'obtenir des gains matériels pour leurs membres. F.R. BAUMGARTNER définit le groupe d'intérêt public comme tout groupe dont les objectifs représentent des bienfaits collectifs, largement reconnus, qui profitent à une large secteur de la société. Ce n'est pas l'objectif de ce travail que de se plonger dans la définition d'un groupe d'intérêt, mais à titre de support, nous rapportons certains concepts définis par d'autres auteurs.

• DEYSINE, Anne: (2002 : 238) Ces groupes d'intérêts public veulent aussi jouer un rôle de contre pouvoirs face à la puissance et au poids de l'argent.

• GRAHAM, WILSON, K.; (1990: 1) Interest groups are generally defined as organizations, separate from government though often in close partnership with government, which attempt to influence public police. As such, interest groups provide the institutionalized linkage between government or the state and major sectors of society.

• TRINSTAM, Frédéric : (2002: 208.) Le terme même de groupe de pression recouvre des réalités mouvantes. Un groupe de pression, en matière fiscale, cela peut être une catégorie sociale disposant d'un pouvoir électoral et de relais parlementaires importants comme les agriculteurs ou les artisans. Cela peut être une profession disposant d'un pouvoir d'influence certain, comme les journalistes et patrons de presse. Cela peut être un groupement aux structures beaucoup plus lâche, mais attaché un avantage fiscal très particulier, comme ces bouilleurs de crû qui se déchaînent en 1954 contre la remise en cause du `privilège' par Pierre Mandès France. Cela peut être enfin, dans un genre différent, le groupe d'influence constitué autour de l'industriel Eugène Schueller entre 1952 et 1959, afin de promouvoir l'idée d'un impôt unique sur l'énergie.

• Registration of Lobbying Act (FRLA): Any person... who by himself, or through any agent or employee or others persons in any manner whatsoever, directly or indirectly, solicits collects, or receives money or any other thing of value to be used principally to aid, or the principal object of which is to aid in the accomplishment of the passage or defeat of any legislation by the Congress, or to indirectly influence the passage or defeat of such legislation. (Apud DEYSINE, Anne, 2002, p. 240.)

* 212 NIGG, Heinz et WADE, Graham, 1980, p. 7.

* 213 GARRIGUES, Jean, 2002, p. 10-11.

* 214 Torna-se fácil, portanto, distinguir um certo jornalismo lobista de interesses privados com a produção sistemática de informações (jornalísticas) no âmbito de ações de advocacy: a defesa e a mobilização social em função de causas nitidamente sociais e/ou públicas, em exemplo, a campanha de combate ao trabalho infantil e, dentro dela, ao trabalho infantil doméstico. SILVA, Luiz Martins da, 2006.

* 215 HAYWARD, Jack, 1996, p. 5.

* 216 GARRIGUES, idem, p. 9 -10.

* 217 HAYWARD, Jack, 1996, p. 11-17.

* 218 OFFERLÉ, Michel, 1994, p. 29.

* 219 Idem, p. 6.

* 220 SOUSA SANTOS, Boaventura de, (Org.) 2003.

* 221 RODOTÀ, Stefano, 1999, p. 12.

* 222 GOUPIL, Sylvie, 2004, p. 6.

* 223 JORDAN, Grant, MALONEY, William et BENNIE, Lynn, 1996, p. 69-70./83.

* 224 OFFERLÉ, Michel, 1994, p.67-68/70-71.

* 225 BOLTANSKI, L., 1983.

* 226 NIXON, Raymond, 1963, p.15.

* 227 L'utilisation d'étiquettes, même si elles sont dans certaines situations stigmatisantes, permet aussi aux personnes de constater s'il existe une ligne de pensée similaire. Investir dans des concepts existants, imposer des regroupements sociaux, inventer de nouvelles étiquettes (le quart monde, les exclus), ou étiqueter des groupes en tant que communautés, en tant que minorités ou en tant que totalités potentielles, sont considérés comme des travaux d'affirmation et de délimitation.

* 228 OFFERLÉ, Michel, 1994, p. 67-68/70-71.

* 229 A visibilidade/invisibilidade dos atores, temas e demandas dependem em larga medida, no regime democrático, do grau de pluralidade externa existente no sistema de mídia ou da pluralidade interna praticada em cada jornal, revista ou emissora de TV e rádio. AZEVEDO, Fernando Antonio. 2006, p. 98.

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