2. Tradition de l'enseignement/apprentissage du chinois

L'influence chinoise grandissante favorisa l'enseignement/ apprentissage de cette langue. Dans le cadre de la formation des interprètes, le chinois était la langue la plus importante jusqu'à l'ouverture du pays.

Dès le Xe siècle, un bureau chargé de la traduction et de l'enseignement des langues étrangères commençait à former des interprètes. En 1276, ce bureau (Ton-mun-kwan) fut renforcé, d'une part, pour contrôler la qualité de la traduction et, d'autre part, pour enseigner les langues de manière plus systématique. Au début du XIVe siècle, il est transformé en administration centrale (Sa-yok-won) à la demande du roi, tout en continuant à fournir aux étudiants un enseignement de la langue dans les zones limitrophes du pays concerné. Ainsi, pour le chinois, quatre professeurs et quatre assistants s'occupaient de trente-cinq élèves et le bureau administratif se trouvait au Nord-Ouest, près de la frontière avec la Chine (Pyung-yang, Hwang-ju).

L'ouverture de la Corée au monde extérieur -Japon d'abord, puis puissances occidentales- entraîna le déclin des relations sino-coréennes. La Chine, préoccupée par des problèmes intérieurs, ne s'opposa pas à la signature du traité avec le Japon ; pour ce dernier, ce fut le début d'une manoeuvre destinée à détacher la Corée de la vassalité chinoise pour mieux s'en emparer.

Durant l'occupation japonaise, le chinois fut placé au même niveau que les autres langues étrangères, le japonais devenant la langue officielle. En 1943, il fut même interdit, à la suite de la suppression de l'enseignement des langues des pays ennemis du Japon.

Après la guerre de Corée, le rayonnement culturel du chinois fut de nouveau contrarié, car le gouvernement coréen anti-communiste s'opposa farouchement à toute importation de " l'idéologie rouge " . De plus, l'influence américaine fit oublier peu à peu les traditions et le passé.

Si l'enseignement du chinois a survécu, c'est grâce au maintien de bonnes relations avec Taïwan. En particulier, une forme de culture s'est développée à travers le cinéma produit à Taïwan et à Hongkong. Ces films, passe-temps par excellence, ont toujours eu du succès auprès du public coréen, ce qui a permis à la langue chinoise d'être écoutée et appréciée malgré son ostracisme officiel.

Les programmes d'études conservent l'apprentissage des idéogrammes chinois à partir du premier cycle de l'enseignement secondaire. Jusqu'aux années soixante-dix, les écoliers devaient aussi les apprendre. C'est un mouvement en faveur de l'usage du coréen dans les établissements publics et privés qui a supprimé cet apprentissage. Depuis quelques années, ce dernier commence de nouveau à l'école primaire (87 % des écoles de Séoul le proposent selon une statistique récente).

Les Coréens estiment que l'utilisation d'environ 1 500 idéogrammes chinois est nécessaire pour deux raisons essentielles :

- une raison pratique : un grand nombre de mots sino-coréens, formés au cours des siècles et toujours employés (67 % du vocabulaire standard, 26 % de mots purement coréens et 7% d'origine étrangère), peuvent parfois provoquer une confusion de sens en écriture coréenne à cause des nombreux homonymes ;

- une raison historique et culturelle : ayant été longtemps la langue écrite officielle de l'administration et la favorite des lettrés, tous les ouvrages anciens ont été rédigés en chinois. Actuellement, son utilisation reste encore courante dans les journaux et revues scientifiques.

Par ailleurs, ces idéogrammes constituent un trait commun à l'ensemble de la civilisation asiatique. L'écriture permet ainsi la compréhension globale des textes, dans les divers pays d'Asie, malgré la différence de prononciation orale. Les Coréens gardent la forme ancienne de ces idéogrammes qui se lisent à la coréenne : Tien-an-men se prononce Chun-an-moon en coréen. Les Japonais, eux, utilisent environ 3 000 idéogrammes qu'ils ont intégrés dans leur système d'écriture, en les adoptant tels quels ou bien en les modifiant selon leurs besoins. La Corée du Nord est un contre exemple : l'emploi des idéogrammes a totalement disparu, en raison du rejet par le gouvernement de toute référence au passé.

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