VOEUX A L’ADRESSE DE L’UNION FRANCAISE
(prononcés à la Radiodiffusion française le 22 décembre1954) 


Mes Chers Compatriotes,

La fin d’année ne laisse guère de loisirs au Parlement, et plus spécialement à un Président d’Assemblée parlementaire. Les séances se succèdent de jour et de nuit. Discussions des budgets, problèmes du Viet-Nam, problèmes internationaux mise en route des dispositions constitutionnelles nouvelles, tel est, en dehors de nombreuses autres occupations quotidiennes, l’ordre du jour qui s’impose à nous.

Cependant, répondant à l’aimable insistance de la Radiodiffusion française, j’ai tenu à venir passer quelques instants parmi vous, amis des Antilles et de la Guyane.

En cette triste journée du long hiver parisien, laissez-moi imaginer que je devise familièrement avec certains d’entre vous, à Cayenne, place des Amandiers, ou dans un des sites admirables dont nos îles son si prodigues.

Mes pensées et mes voeux vont vers vous, en cette fin d’année, compatriotes de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane, et vers vous, amis d’Haïti, république-soeur vers laquelle monte notre affectueuse sollicitude car, dans le même temps où la terre tremblait à Orléans ville en Algérie, y semant deuils et misères, un cyclone ravageait votre pays, Jérémie et sa région, y semant aussi deuils et misères.

A cette occasion, je voudrais dire, amis d’Haïti, que si jusqu’à présent la solidarité de la métropole française n’a pas pu se manifester plus largement à votre égard, une partie de la France d’Algérie ayant été frappée par le séisme d’Oranie, cependant l’entraide fraternelle de la France équinoxiale ne vous a pas manqué, je le sais.

Sous toutes les latitudes, le Monde est aux prises avec les mêmes problèmes urgents et angoissants : amélioration des conditions de vie sociale et économique, mise en valeur du patrimoine national, maintien de la Paix. Je dis à dessein « maintien », car pour nous Français, ce sera la première fois depuis quinze ans, que nous terminerons l’année sans guerre, et dans une paix relative.

Ceci vous intéresse, chers Compatriotes de la mer Caraïbe, car vous êtes l’avant-garde de l’Occident. Vous êtes aussi le témoignage que la France n’a pas, avec le Nouveau Monde, que des liens politiques, économiques ou militaires, mais aussi et surtout, des liens spirituels, fraternels et humains.

La Patrie, c’est tout à la fois, les provinces d’outre-mer et les provinces métropolitaines où reposent tant de nos frères morts dans les combats pour la libération des hommes.

Forte de son autorité morale et de son universel rayonnement, la France de Victor SCHOELCHER et de Félix EBOUE ne faillira pas à sa mission de paix. Elle entend rester digne de son histoire qui a marqué l’histoire du monde du sceau indélébile de la liberté.

Gaston MONNERVILLE.

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