Colloque "Rencontres Russie 2006" (9 novembre 2006)



Les grands projets de coopération franco-russes

Ivan PROSTAKOV ,
Représentant commercial de Russie en France

Le cadre général dans lequel on fait des affaires en Russie actuellement se normalise, comme l'attestent l'appréciation positive portée par les agences de notation sur notre pays. Ces dernières ont en effet récemment salué une amélioration sensible du climat des affaires en Russie, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir.

Pour autant, si le cadre réglementaire international est de plus en plus respecté dans notre pays, force est de constater que les lois y sont encore insuffisamment appliquées. L'environnement par trop procédurier qui caractérise la Russie constitue encore, à l'heure actuelle, un handicap. Et même si nous pouvons nous prévaloir d'un système fiscal de plus en plus performant, d'une libéralisation accrue des échanges, de la mise en place d'un nouveau code douanier et d'incontestables progrès dans le domaine de la propriété intellectuelle, la bureaucratie reste un problème dans notre pays.

Concernant les investissements étrangers en Russie, Chypre occupe la première place, suivie des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, des Etats-Unis, de l'Inde et de la France. A noter que l'Inde a supplanté la France il y a peu, laquelle était par le passé plutôt devancée par la Suisse. Une nouvelle donne est par conséquent en train de se mettre en place.

La répartition sectorielle des investissements étrangers en Russie reflète la situation économique en général. A ce titre, les secteurs traditionnels - que sont l'énergie et les matières premières - restent toujours très attractifs, même si de nouveaux secteurs industriels, tels que l'automobile, l'aéronautique et les hautes technologies, attirent un volume croissant d'investissements. Les investissements étrangers se concentrent également vers d'autres secteurs, tels que le BTP, les banques et assurances et les services urbains. A ce jour, enfin, 40 % des investissements étrangers en Russie concernent les secteurs des transports, des télécommunications et des industries de transformation.

Contrairement à une idée trop souvent véhiculée par les journalistes, la Russie est heureuse de l'augmentation croissante des investissements étrangers sur son territoire. Elle y voit en effet une opportunité et non une menace. En retour, elle aimerait néanmoins que ses tentatives de pénétration du marché européen ne soient pas vécues elles non plus comme une menace potentielle, mais bien comme une réelle offre de coopération.

Pour l'heure, les implantations françaises en Russie se répartissent comme suit :

- 46 implantations dans le domaine de l'agroalimentaire ;
- 22 implantations dans le secteur des biens de consommation ;
- 92 implantations dans l'environnement et les transports ;
- 59 implantations dans les secteurs de l'énergie, de la chimie et des industries mécaniques ;
- 106 implantations dans les secteurs de l'électronique, des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et des services ;
- 16 implantations dans le secteur de la santé ;
- 19 implantations dans le secteur du tourisme.

Cette répartition atteste d'une présence française d'importance variable, selon les secteurs ; à noter en outre que les PME sont présentes sur notre territoire, à côté de grands groupes tels que Renault. La Russie constitue d'ailleurs le deuxième marché - après la Roumanie et avant la France - pour les ventes de Logan. Outre Renault, qui pèse plus de 100 milliards d'euros, Total, Danone, Saint-Gobain et la Société générale disposent d'une implantation en Russie. Des groupes de moindre envergure, tels que Michelin, Rhodia, Air Liquide et Auchan (dont le poids oscille entre 50 et 100 milliards d'euros) ou Bonduelle, BNP Paribas, Calyon, Lafarge et Lactalys (dont le poids n'excède pas les 50 milliards d'euros) sont également implantés dans notre pays.

Comme l'ont dit les intervenants précédents, les entreprises françaises devront initier des actions collectives, afin de renforcer leur présence en Russie. Pour l'heure, en effet, si les PME françaises rencontrent un certain succès dans notre pays, les grands groupes pourraient s'y implanter plus massivement encore s'ils agissaient collectivement. La présence accrue de grands groupes français sur notre sol pourrait en outre permettre de drainer une vague de collaboration avec des sous-traitants nationaux, dynamisant par là même encore davantage l'économie de la France.

Les grands groupes italiens sont d'ailleurs les champions de cette stratégie du drainage, dans la mesure où ils portent à bout de bras leurs compatriotes, lorsqu'ils s'implantent en Russie. Ils font notamment appel à des sous-traitants nationaux, la présence d'expatriés italiens générant de nouvelles habitudes de consommation, bien prises en compte par les entreprises italiennes candidates au voyage.

Les grands projets de coopération franco-russes qui devraient se concrétiser, dans les prochains mois, sont de plusieurs types et concernent différents secteurs de l'économie :

- avion régional Superjet-100 (Soukhoï-Satum-Safran) ;
- télévision numérique (Thomson-Almaz Antei) ;
- Airbus NG (EADS-OAK) ;
- autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg (Vinci).

Et, de toute évidence, la coopération industrielle et technologique, qui existe actuellement entre nos deux pays, conditionne largement les rapports que nous entretenons les uns avec les autres.

Je conclurai mon intervention en vous rappelant une dernière fois les cinq raisons pour lesquelles il faut que vous, Français, investissiez en Russie :

- notre pays connaît une forte croissance économique ;
- la conjoncture internationale est favorable ;
- la Russie constitue un marché vaste (140 millions d'habitant) et dynamique ;
- nous pouvons nous prévaloir d'une main d'oeuvre qualifiée ;
- la Russie est un pays promouvant traditionnellement la R&D.