Le 30 juin 2021, M. Hervé MAUREY, Président du groupe d'amitié France-Asie centrale, et M. Jean-Paul PRINCE (Union Centriste – Loir-et-Cher), Président délégué pour le Tadjikistan, se sont entretenus avec M. Michel TARRAN, ambassadeur de France au Tadjikistan.

MM. Hervé MAUREY, Michel TARRAN et Jean-Paul PRINCE

M. Michel TARRAN, ambassadeur de France au Tadjikistan, a évoqué les perspectives d’une collaboration plus étroite entre la France et le Tadjikistan, pays désireux d’être davantage identifié sur la scène internationale. À l’occasion d’une année 2021 qui marque le trentième anniversaire de l’accession du pays à la pleine souveraineté, et avant le trentième anniversaire  des relations diplomatiques entre les deux pays en 2022, plusieurs évènements culturels auront lieu en France et offriront l’occasion de mieux faire connaître les pays d’Asie centrale et le Tadjikistan en particulier. L’exposition « Tadjikistan, au pays des fleuves d’or », qui se tiendra du 13 octobre 2021 au 10 janvier 2022 au Musée national des arts asiatiques – Guimet, à Paris, sous le haut-patronage du Président de la République française, M. Emmanuel MACRON, et du Président de la République du Tadjikistan, M. Emomali RAHMON, doit être l’occasion de tisser des liens plus étroits. D’autres expositions à venir, par exemple les « splendeurs d’Asie centrale » au musée du Louvre, du 20 avril au 25 juillet 2022, constituent autant d’occasions de communiquer autour des richesses culturelles de cette région du monde.

Interrogé par M. Hervé MAUREY sur l’ouverture progressive du pays que suppose cette volonté d’être plus actif sur la scène internationale, M. Michel TARRAN a indiqué qu’il existait des perspectives à moyen terme, en particulier par le prisme touristique. Alors que l’essentiel du tourisme en Asie centrale est aujourd’hui capté par des sites du Kazakhstan et d’Ouzbékistan, le potentiel du Tadjikistan demeure insuffisamment exploité. Sa géographie, formée à 93 % de zones de montagnes, pourrait laisser entrevoir, à condition que des investissements en faveur d’infrastructures plus abouties soient réalisés, un potentiel touristique majeur. Ces perspectives supposent l’aménagement de stations de ski sur un domaine bien plus important que la seule station existante et le développement d’une capacité hôtelière au-delà de la seule aire urbaine de Douchanbé.

Cette « Perse orientale » ˗ selon les termes de l’ambassadeur ˗ où se parle le tadjik, variante du farsi, le Tadjikistan revêt un potentiel exceptionnel de tourisme culturel où se côtoient des sites archéologiques et des richesses artisanales et culinaires mondialement reconnues[1]. En outre, la route du Pamir, la vallée du Wakhan et les Monts Fan constituent des sites aussi remarquables que méconnus mais dont l’ouverture à un tourisme de plus grande échelle nécessite là aussi des investissements et une stabilité économique durable.

En réponse à une question de M. Jean-Paul PRINCE, M. Michel TARRAN a présenté la situation sanitaire au Tadjikistan dans le contexte pandémique. Si les statistiques officielles paraissent excessivement rassurantes, il est admis que le pays a été relativement épargné par la pandémie, sans doute du fait du ralentissement notoire des échanges internationaux (mais une certaine reprise de l'épidémie est à déplorer depuis la fin du printemps, ce que les  autorités ont fini par admettre fin juin). Cela a permis de limiter la pression sur des structures hospitalières faiblement dotées, en particulier les services de réanimation. Il y a une très forte attente des autorités tadjikes quant au programme COVAX coordonné par l’OMS pour répartir 2 milliards de doses de vaccins entre les pays qui en ont besoin.

M. Hervé MAUREY, qui fut pendant six ans Président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, s’est enquis des politiques mises en œuvre en matière environnementale. M. Michel TARRAN a indiqué que la préservation de l’environnement fait l’objet d’une attention particulière du Président RHAMON, compte tenu de l’importance qu’il revêt pour le développement économique du pays. Tout comme les autres pays d’Asie centrale, le Tadjikistan subit les conséquences du dérèglement climatique. La préservation des ressources constitue un enjeu majeur alors que s’accentuent les répercussions désastreuses de la raréfaction de l’eau pour l’économie, la biodiversité, l’agriculture, ou encore la qualité des sols.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’économie repose en partie sur le secteur agricole, en particulier la culture des fruits et légumes, et sur l’exploitation de richesses comme l’aluminium.

Tout en restant le pays le plus pauvre d’Asie centrale, le relatif développement économique a permis de sortir une partie de la population de la grande pauvreté et Douchanbé voit aujourd’hui émerger une classe moyenne, encore marginale 15  ans plus tôt.

Enfin, M. Jean-Paul PRINCE, Président délégué pour le Tadjikistan, s’est interrogé sur les relations de l’Ouzbékistan avec le Tadjikistan, évoquant en particulier le sujet du barrage de Rogoun, dont la construction a autrefois été source de tensions entre les deux États. L’ambassadeur a fait valoir que, depuis 2016, outre la gestion de l’eau, les deux États ont développé de bonnes relations de coopération dans de nombreux domaines.


[1] La broderie tadjike et l’Oshi Palav, un plat traditionnel, sont reconnus patrimoine culturel immatériel de l’humanité (PCI), une catégorie de patrimoine issue de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l'UNESCO en 2003.

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