Mardi 24 mai 2022, M. Gilbert ROGER (SER – Seine-Saint-Denis), président du groupe d’amitié France-Palestine, Mme Martine FILLEUL (SER – Nord), vice-présidente du groupe d’amitié, Mme Michèle GREAUME (CRCE – Nord) et M. Loïc HERVE (UC – Haute‑Savoie), se sont entretenus avec Mme Abier Al Masri.

Chercheuse et collaboratrice de l’organisation Human Rights Watch (HRW), Mme Al Masri travaille notamment sur les conséquences sur les civils des violences à Gaza. Elle est lauréate de l’initiative Marianne du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, qui vise à soutenir et accueillir des défenseurs des droits particulièrement méritants ou menacés pour leur combat dans leur pays.


Mme Al Masri
a exposé la situation à Gaza, où, du fait du blocus en vigueur depuis 2005, la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, tandis que plus des deux tiers dépendent de l’aide humanitaire internationale. Les droits humains y sont quotidiennement bafoués, notamment du fait d’arrestations arbitraires et de restrictions de circulation imposées par Israël.

Ces dernières font actuellement l’objet de ses recherches. Même s’il ne s’agit pas d’une interdiction totale de sortie de la bande de Gaza, le contrôle exercé sur chaque déplacement individuel hors de Gaza, reposant sur des critères très stricts et largement arbitraires, est extrêmement contraignant. Il empêche notamment les jeunes Gazaouis de poursuivre des études à l’étranger, ou même en Cisjordanie. Mme Al Masri a rappelé que pour sa part, elle n’a pu quitter la bande de Gaza qu’à l’âge de 31 ans, pour se rendre aux Etats-Unis, grâce à sa collaboration avec une organisation internationale ; l’initiative Marianne lui a  permis de quitter Gaza pour la deuxième fois. Ces restrictions de circulations sont la manifestation visible d’une politique de discrimination envers les Palestiniens, assimilable, selon elle, à une politique d’apartheid.

Mme Al Masri a également souligné la difficulté, dans ce contexte, de mener un travail de documentation à chaud, dans des contextes d’escalade de la violence, comme en mai 2021. Elle a rappelé par ailleurs que HRW effectuait également un suivi des atteintes portées aux droits humains – particulièrement aux droits des femmes - par les groupes armés palestiniens à Gaza.

Enfin, Mme Al Masri a insisté sur la grande vitalité de la jeunesse gazaouie, et souhaité en être une ambassadrice auprès de ses interlocuteurs français.

En réponse à une question de Mme Michèle GREAUME, elle a déploré l’absence de mesures de protection spécifiques à destination des personnes vulnérables (personnes âgées, en situation de handicap, enfants notamment) dans les contextes de violence à Gaza. HRW a mis en place un groupe de travail sur les personnes en situation de handicap et les personnes âgées, et elle travaille pour sa part sur les atteintes spécifiques aux droits des enfants.

M. Gilbert ROGER, président du groupe d’amitié, a indiqué qu’il n’avait jamais été autorisé à pénétrer dans la bande de Gaza, lors des déplacements en Palestine qu’il avait effectués dans le cadre du groupe d’amitié.  En réponse à M. Gilbert ROGER, Mme Al Masri a confirmé travailler en collaboration avec différentes organisations palestiniennes, israéliennes et internationales, notamment B’Tselem et Amnesty International.

Mme Martine FILLEUL, vice-présidente du groupe d’amitié, a souligné l’importance de pouvoir recueillir un témoignage de première main sur la situation à Gaza, et remercié Mme Al Masri pour ses travaux.

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