Le 18 septembre 2019, M. Michel Amiel, président du groupe d’amitié France-Yémen, a reçu au Sénat une délégation de responsables d’instituts de recherche et de chercheurs sur le Yémen composée de M. Farea Al Muslimi, président du Sana’a Center fro Strategic Studies, M. Waleed Alhariri, directeur Etats-Unis du Sana’a Center, Mme Shams Shamsan, chercheuse au Sana'a Center, M. Mohammed al-Katheri, président de la Yemeni Peace and Building Foundation, M. Nadim Houry, directeur de l’Arab Reform Iniative, M. Sylvain Biville, directeur France de Crisis Action et Mme Marianne Tessa, assistante de campagnes et de recherche à Crisis Action.

M. Farea Al Muslimi a dit regretter la quasi inexistence d’une politique française pour le Yémen, qu’il a attribuée à l’absence de visibilité du conflit pour l’Occident, celui-ci n’impliquant pas de coût matériel ou humain pour les puissances occidentales et n’ayant pas provoqué de crise de réfugiés. À cet égard, il a opposé la politique russe au Yémen, axée sur le long terme, et a souligné l’internationalisation du conflit, qui l’a rendu plus sanglant encore car mené désormais, de façon interposée, par des pays riches.

Regrettant l’absence de portée des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Yémen, M. Al Muslimi, de même que M. Nadim Hourry, ont appelé la France à intervenir pour mettre fin au conflit, estimant qu’elle en avait les moyens du fait qu’elle siégeait dans ledit Conseil, qu’elle revêtait une image de neutralité et qu’elle pourrait jouer un rôle d’intermédiaire entre les différents protagonistes.

Mme Shams Shamsan a ensuite présenté les recherches qu’elle mène depuis deux ans, avec le Sana'a Center, sur l’impact de la guerre sur les conditons de vie des femmes. Le trajet depuis la capitale du Yémen, Sanaa, jusqu’à la France, étant à la fois long et dangereux du fait du conflit, beaucoup de convois humanitaires sont en panne et une grande partie des médicaments n’atteignent pas leur destination en raison de phénomènes de corruption dénoncés par les populations. Déplorant l’impact délétère de la guerre sur le tissu social et l’accès aux biens matériels, elle a insisté sur la la forte attente, voire le ressentiment des Yéménites contre la communauté internationale, dont ils regrettent l’inaction en vue de trouver une solution politique.

La discussion a ensuite porté sur l’arrivée d’Al-Qaïda dans le Sud du pays, qui a affecté toute la vie sociale, l’organisation s’étant arrogée le monopole du commerce de pétrole. La crainte a été exprimée qu’Al-Qaïda – voire Daesh – ne s’implante plus fortement encore dans la région si la situation empirait, en collectant armes et financements pour mener ensuite des exactions.

Enfin il a été question de l’influence de l’Iran dans le conflit, les intervenants appelant à la relativiser en faisant observer qu’elle n’avait pas le contrôle du pays sur le terrain.

De gauche à droite : M. Waleed Alhariri, M. Farea Al Muslimi,
Mme Shams Shamsan, M. Michel Amiel et M. Mohammed al-Katheri

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