Le groupe d’information internationale sur le Tibet, dont la création a été autorisée par le Bureau du Sénat en 2000, et que j’ai l’honneur de présider depuis 2014, réunit vingt-deux sénatrices et sénateurs de toutes tendances politiques, qui ont en commun d’être très sensibles à la cause  tibétaine. Il a pour objectif de manifester l’intérêt de la représentation nationale de la République française pour le devenir du peuple tibétain, tant auprès du gouvernement français que des autorités chinoises ou que des autorités tibétaines en exil.

Le Tibet, « toit du monde », nourrit depuis le XIXème siècle l’imaginaire occidental comme étant la terre d’un peuple mystique et courageux, qui a su préserver sa tradition, au cœur d’une nature rude mais encore intacte dans sa pureté. La réalité est toute autre ! Ce Tibet historique, qu’il soit appelé Tibet culturel, Grand Tibet ou Tibet des trois provinces, selon le point de vue duquel on se place, se trouve « modernisé » à marche forcée depuis sa « libération » par l’armée nationale populaire en 1949, que les Tibétains considèrent comme une annexion. Il est actuellement menacé autant dans son identité que dans son cadre naturel, et a besoin du soutien de nos démocraties pour ne pas disparaître.

Convaincu qu’il ne s’agit pas d’une position purement incantatoire, mais réellement efficace à long terme, notre groupe veut se faire le relai des préoccupations du peuple tibétain et réaffirmer sans relâche l’urgence à agir, afin d’alerter sur la gravité de la situation au Tibet et de contribuer au règlement de la question tibétaine par une solution négociée entre les autorités tibétaines en exil et les autorités chinoises. Celle-ci constituerait une « voie du milieu » entre un statu quo intenable pour les Tibétains et une indépendance inacceptable pour la Chine. Pour ce faire, nous entretenons des contacts réguliers avec les représentants en France et en Europe du Dalaï-Lama et du gouvernement tibétain en exil, ainsi qu’avec les associations de soutien à la cause tibétaine, et proposons de nombreux rapports, auditions, conférences, communiqués de presse comme autant d’outils d’alerte et d’information sur ce  grave sujet.

Face à un modèle dominant chinois qui pose l’unité nationale comme un impératif d’homogénéisation, nous défendons le respect de chaque Tibétaine et de chaque Tibétain, et l’idée que la culture et la langue tibétaines doivent pouvoir continuer à témoigner, dans les frontières actuelles de la République populaire de Chine, d’une civilisation à part entière et indissociable de son fond bouddhiste traditionnel.

De même, l’enjeu environnemental apparaît comme une priorité, car la préservation du cadre naturel du Tibet, ce « troisième pôle » que constituent les glaciers himalayens, est une nécessité qui dépasse les enjeux strictement chinois, pour concerner l’ensemble de l’Asie et le reste du monde.

Respectueux du peuple chinois comme du peuple tibétain, admiratifs de leur passé et soucieux de leur devenir, nous souhaitons œuvrer pour que le Tibet vive et nourrisse la perspective d’un avenir possible pour ses jeunes générations et ses exilés. Nous pouvons ainsi jouer un rôle positif, à notre échelle, dans la sauvegarde de cette identité tibétaine riche d’histoire et de spiritualité, sans nier le fait que le Tibet est aujourd’hui partie intégrante de cette grande nation qu’est la Chine.