État civil :
Né le 3 septembre 1781
Décédé le 21 février 1824
Pairs de France

Pair de France

Pair de France  (Extrait du Dictionnaire des Parlementaires français « Robert et Cougny » (1889-1891))

Pair de France

BEAUHARNAIS (EUGÈNE-ROSE, PRINCE DE), pair des Cent Jours, né à Paris, le 3 septembre 1781, mort à Munich (Bavière), le 21 février 1824, était fils du général vicomte Alexandre de Beauharnais (v. p. haut) et de Joséphine Tascher de la Pagerie. Tandis que son père était condamné à mort et exécuté et que sa mère était incarcérée (1794), Eugène fut mis d'abord en apprentissage chez un menuisier, puis il trouva un protecteur dans le général Hoche, qui le prit bientôt pour officier d'ordonnance. Grâce à la réaction thermidorienne, il put revenir à Paris, où sa mère, rendue à la liberté, venait de se lier avec le général Bonaparte : leur mariage (8 mars 1796) valut à Eugène le plus puissant de tous les patronages. Appelé en Italie, vers la fin de la même année, il fut conduit à Milan par le général Masséna, élevé au grade de sous-lieutenant et nommé aide de camp du général en chef; il reçut ensuite une mission pour les îles Ioniennes, que le traité de CampoFormio venait de faire passer sous la domination française. Au retour, il arriva à Rome, où Joseph Bonaparte résidait en qualité d'ambassadeur, précisément à l'époque où le général Duphot perdit la vie dans une émeute (décembre 1797). Aide de camp de Bonaparte, son beau-père, pendant l'expédition d'Égypte (1798), il se signala à la prise de Suez et au siège de Saint-Jean d'Acre, et fut du petit nombre des officiers qui accompagnèrent le général en chef, quand la marche des événements l'eut forcé de quitter l'Égypte. Nommé capitaine des chasseurs à cheval de la garde consulaire, il le suivit encore en Italie, gagna, à Marengo, le grade de chef d'escadron (1800). Deux ans après, il devenait colonel; en 1803, il recevait la décoration de la Légion d'honneur, et en 1804, il était promu général de brigade. Napoléon, proclamé empereur, le fit prince, archi-chancelier d'État de l'Empire (1805), enfin, lorsque la République italienne eut fait place à la monarchie, vice-roi d'Italie, en résidence à Milan. Peu après la journée d'Austerlitz et les victoires de Masséna, chargé de la direction de toutes les opérations militaires, qui eurent pour résultat l'annexion du territoire vénitien au royaume d'Italie, Beauharnais épousa (16 janvier 1806), la princesse Auguste Amélie, fille du roi de Bavière. Sans prendre part à la guerre, Beauharnais seconda les vues de Napoléon par les mesures qu'il sut prendre pour organiser et consolider l'administration intérieure. D'habiles ministres, dont il suivit les conseils, introduisirent dans son royaume les codes français, fortifièrent les places, créèrent une armée, ouvrirent de nombreuses écoles, multiplièrent les routes et les canaux, favorisèrent les arts et l'industrie, et réalisèrent de sérieuses économies. En 1809, lorsque l'Autriche, cherchant à venger de nombreuses défaites, voulut profiter de la guerre funeste qui occupait en Espagne une partie de nos forces pour reprendre contre nous les hostilités, Eugène fut chargé par Napoléon d'arrêter l'ennemi sur l'Isonzo ; ses débuts, comme commandant en chef, furent médiocres. Il dut se replier sur Mestre, puis sur Sacile, où il fut battu par les troupes de l'archiduc Jean; continuant son mouvement rétrograde, il recula jusqu'au-delà de Padoue. Il fallut, pour lui permettre de reprendre l'offensive avec avantage, les renforts et le secours que lui apportèrent Macdonald et Grenier. Après une suite de victoires remportées à Tarvis, à Malborghetto, à Leoben, il put faire sa jonction à Vienne avec la grande armée, et contribuer au succès de la bataille de Wagram, dans la journée du 6 juillet 1809.

Cependant Napoléon songeait à dissoudre son mariage avec Joséphine et à s'unir avec une princesse de la maison d'Autriche; Eugène Beauharnais accepta le singulier rôle de préparer sa mère au divorce et d'annoncer lui-même au Sénat la déchéance de l'Impératrice. Il ne reçut d'ailleurs, pour prix de sa résignation, que la survivance du grand-duché de Francfort. Il ne se rendit pas moins auprès de l'Empereur, lors de la cérémonie de son nouveau mariage, refusa, au dire de quelques biographes, le trône de Suède que lui aurait offert Duroc de la part de Napoléon, et revint en Italie. Bientôt éclata la guerre contre la Russie. Eugène, toujours docile à la volonté impériale, se dirigea sur le Tyrol pour se réunir a la grande armée qui s'avançait vers la Pologne. A la tête du 4e corps, dont il avait le commandement, il assista, dans cette campagne, aux combats d'Ostrowno, de Witepsk, de Smolensk, et à la bataille de la Moskowa. Pendant la retraite mémorable qui suivit l'occupation de Moscou, il montra de la résolution et de la persévérance; au passage de la Bérésina, il perdit presque tous ses hommes. Sa conduite lui attira de grands éloges de Napoléon, qui le choisit pour succéder à Murat, quand celui-ci annonça l'intention de retourner dans ses États. Eugène rallia les débris de l'armée, les ramena du fond de la Pologne jusqu'au milieu de la Saxe, contribua, le 2 mai 1813, à la victoire de Lützen, mais dut quitter précipitamment l'Allemagne pour aller défendre l'Italie, menacée par la cour de Vienne. Là, il tint quelque temps en respect l'armée ennemie, jusqu'au moment où les défections du roi de Bavière et de Murat l'obligèrent à se réfugier derrière le Mincio; bientôt l'entrée des alliés à Paris et l'abdication de Napoléon rendirent sa résistance inutile (avril 1814). - On a prétendu, non sans vraisemblance, qu Eugène fit à cette époque tous ses efforts pour obtenir de la coalition des conditions spéciales qui lui eussent garanti la possession du royaume d'Italie. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'il s'empressa de faire transporter à Mantoue ce qu'il avait de plus précieux, et de se retirer en Bavière après avoir adressé à son armée une proclamation où il disait : « Soldats français vous allez reprendre le chemin de vos foyers; il m'eût été bien doux de pouvoir vous y ramener : dans d'autres circonstances je n'eusse cédé à personne le soin de conduire au terme du repos les braves qui ont suivi avec un dévouement si noble et si constant les sentiers de la gloire et de l'honneur. » Le prince gagna le Tyrol sous la protection du colonel autrichien commandant la place de Roveredo, qui mit à sa disposition sa voiture, son uniforme, ses gens, sa livrée. Arrivé à Munich, où il apportait une somme de trente millions, il fut doté par le roi Maximilien du duché de Leuchtenberg et de la principauté d'Eischstaedt.

Enfin, il se risqua à se rendre à Paris, et à présenter ses devoirs à Louis XVIII, qui accueillit avec beaucoup de distinction le « marquis de Beauharnais ». En même temps, il tâchait de gagner les bonnes grâces des souverains étrangers; il assista même au congrès de Vienne, et sollicita particulièrement du czar Alexandre une principauté, qu'il ne réussit pas à obtenir. Le retour de l'île d'Elbe, et la nouvelle distinction qu'il accepta alors de Napoléon (il fit partie de la Chambre des pairs des Cent Jours), le rendirent suspect a la seconde Restauration. Malgré l'attitude extrêmement réservée qu'il observa en 1815 à l'égard de l'Empereur il dut, après Waterloo, quitter la France, et se retirer à Bayreuth, puis à Munich, où il passa les dernières années de sa vie, devenu absolument étranger à sa patrie et exclusivement occupé de régir et d'accroître son immense fortune.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Eugène-Rose BEAUHARNAIS

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