BELLIARD Augustin-Daniel, comte Belliard

Pair de France

BELLIARD (AUGUSTIN-DANIEL, COMTE), pair de France en 1814, pendant les Cent-jours et de 1819 à 1832, né à Fontenay-le-Comte (Vendée), le 25 mai 1769, mort à Bruxelles, le 28 janvier 1832, entra au service à l'âge de vingt ans, et fit les campagnes de 1792 et de 1793 en qualité d'aide de camp du général Dumouriez. Le général en chef de l'armée d'Italie le cita dans un de ses bulletins comme ayant puissamment contribué au succès du combat de Saint-Georges, près Mantoue. Sa conduite à Arcole, où il eut deux chevaux tués sous lui, lui valut le grade de général de brigade. En Egypte, il conquit celui de général de division, après s'être distingué aux batailles des Pyramides, de Chebreiss, d'Héliopolis, de Damiette et de Balbéis. Nommé commandant du Caire, il y tint jusqu'à la capitulation de l'armée, et ra mena avec lui, aux frais des alliés, les blessés, les bagages et la commission de savants et d'artistes qui composaient l'Institut d'Egypte. Il remplit, en 1805, les fonctions de chef d'état-major du corps de Murat, contribua à la victoire d'Austerlitz, et plus tard à celles d'Iéna et de Rentzlow. Apres avoir assisté aux premiers événements de la guerre d'Espagne, coopéré à la reddition de Madrid, et exercé les fonctions de gouverneur de cette capitale, il fut rappelé à la grande armée, fit la campagne de Russie, et prit part à la retraite désastreuse qui la termina. A la bataille de Leipsig, le général Belliard eut le bras gauche fracassé par un boulet. Il avait été nommé, en 1812, « colonel général des dragons », et ce fut en cette qualité qu'il fit, à la tête de la cavalerie, la campagne de France, où il assista à tontes les affaires qui se terminèrent par la première abdication. Rallié à la Restauration, il fut nommé pair de France le 4 juin 1814, et il accompagna les Bourbons, lors de leur départ, jusqu'à Beauvais, où ils lui enjoignirent de revenir à Paris. Pendant les Cent-jours, il se rapprocha de Napoléon, commanda pour lui le corps d'armée de la Moselle et figura (2 juin 1815) sur la liste des pairs « des Cent-jours »; mais Louis XVIII ne lui en garda pas rancune; tout d'abord il avait gravé son nom de la liste des pairs, et bientôt même, le général compromis dans le procès de Ney, avait été arrêté et emprisonné à l'Abbaye. Cependant on ne le mit point en jugement, et après quelques mois de captivité, ou lui rendit sa liberté. Il fut réintégré à la Chambre haute par l'ordonnance du 5 mars 1819, dans la grande promotion décidée par le ministre Decazes pour faire écarter la proposition Barthélemy (v. ce nom). Il siégea a la Chambre des pairs parmi les défenseurs des principes constitutionnels, mais ne fut que spectateur des débats législatifs. C'est dans cette situation que le trouva la révolution de Juillet. Il se déclara en faveur du nouveau roi, qu'il connaissait, d'ailleurs, personnellement, pour l'avoir vu autrefois à l'état-major de Dumouriez, et fut nommé, en mars 1831, ambassadeur en Belgique. La il fut d'un grand secours aux Belges pour l'organisation de leur armée, signa la séparation de la Hollande et de la Belgique, prit part au choix et à l'installation du prince de Saxe-Cobourg, ainsi qu'au mariage qui suivit de près cet événement, et mourut subitement d'une attaque d'apoplexie dans le parc du roi, comme il sortait du palais. Il a laissé des Mémoires diplomatiques et militaires. « Sa mort, a écrit son ancien aide de camp, M. Vinet, fut un deuil général pour les Belges. Quant à Léopold, le jour même où mourut le général Belliard, il donna un bal où ses courtisans dansèrent jusqu'au lendemain. »