- État civil :
- Né le 26 décembre 1770
Décédé le 29 janvier 1842
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Pair de France
Cent-jours - Nommé à la Chambre des pairs par Napoléon le 2 juin 1815
Pair de France
CAMBRONE (PIERRE-JAQUES-ETIENNE, VICOMTE), pair des Cent-jours, né à Nantes (Loire-Inférieure), le 26 décembre 1770, mort à Nantes, le 29 janvier 1842, était fils d'un négociant. Il fit ses études au collège des Oratoriens de Nantes, où Fouché exerçait alors les fonctions de régent. Après la mort de son père, Cambrone, qui s'était destiné au commerce, changea de résolution. Il entra, en 1792, comme grenadier dans le 1er bataillon de Mayenne et Loire, et fit la campagne de cette année à l'armée du Nord. Employé à celle des côtes de Brest, de Cherbourg et de l'Ouest, de 1793 à l'an IV, il entra comme sergent dans la 2e légion nantaise, devint sergent-major, puis capitaine de carabiniers en l'an III. Pendant les guerres de Vendée il sauva plusieurs royalistes traduits devant des commissions militaires. Il passa en l'an V à l'armée de Rhin et Moselle, servit en l'an VI à celle d'Angleterre, et fit la campagne de l'an VII à celle du Danube. I1 se signala encore dans l'armée du Rhin, au combat d'Ober-Hausen, où succomba Latour-d'Auvergne, et fut proclamé par ses compagnons d'armes héritier du titre de premier grenadier de France. Quand les hostilités cessèrent, il alla tenir garnison à Dunkerque où il resta pendant les ans X et XI. Il fit partie, en l'an XII et en l'an XIII, des troupes rassemblées au camp de Saint-Omer, et il reçut la décoration de l'ordre de la Légion d'honneur. Chef de bataillon au 88e régiment de ligne, il rejoignit la grande armée, se distingua à la bataille d'Iéna, fut nommé officier de la Légion d'honneur en 1807, et fit la campagne de Pologne. Employé à l'armée d'Espagne en 1808 et 1809, puis de 1810 à 1812, et nommé colonel-major du 3e régiment de voltigeurs de la garde, puis promu commandant de la Légion d'honneur, il prit part aux opérations de la grande armée pendant la campagne de Saxe, donna de grandes preuves de bravoure à la bataille de Hanau, le 30 octobre 1813, et fut nommé général de brigade-major du 1er régiment de chasseurs à pied de la vieille garde, le 20 novembre de la même année. Napoléon lui confia d'importants commandements pendant la guerre de 1814. Cambrone décida le sort de plusieurs affaires, et reçut quatre blessures, tant à Craonne que sous les murs de Paris. Puis, il accompagna 1 empereur déchu à l'île d'Elbe; il le suivit encore au retour, et commanda l'avant-garde de la petite armée. Avec un détachement de 40 hommes, il s'empara, le 5 mars 1815, du pont et de la citadelle de Sisteron, prit, le 25, le commandement du 1er régiment de chasseurs à pied de la garde impériale, et fut nommé, le 1er avril, grand officier de la Légion d'honneur ; cette nomination ne fut reconnue que le 28 novembre 1831. Cambrone refusa le grade de lieutenant-général qu'avait voulu lui conférer Napoléon; mais il accepta le titre de comte de l'Empire et fut compris parmi les pairs des Cent-jours Le 12 juin, il partit avec l'empereur pour se rendre à l'armée du Nord. Le 18, à Mont Saint-Jean, son régiment fut presque entièrement détruit. Entourés d'ennemis et sommés de mettre bas les armes, les braves du 1er régiment de chasseurs à pied préférèrent une mort glorieuse, et Cambrone tomba au milieu des siens gravement atteint d'un coup de feu au sourcil gauche. Le mot héroïque qu'on lui prêta dans cette journée : La garde meurt et ne se rend pas, est devenu légendaire; mais il est certain qu'il ne l'a pas prononcé et qu'il répondit aux Anglais avec une énergie beaucoup plus sommaire. Dans une page célèbre des Misérables, Victor Hugo s'est plu à rétablir en toutes lettres la vérité des faits. «Quand cette légion, a-t-il écrit, ne fut plus qu'une poignée, quand leur drapeau ne fut plus qu'une loque, quand leurs fusils épuisés de balles ne furent plus que des bâtons, quand le tas de cadavres fut plus grand que le groupe vivant, il y eut parmi les vainqueurs une sorte de terreur sacrée autour de ces mourants sublimes, et l'artillerie anglaise, reprenant haleine, fit silence. Ce fut une espèce de répit. Les combattants avaient autour d'eux, connue un fourmillement de spectres, des silhouettes d'hommes à cheval, le profil noir des canons, le ciel blanc aperçu à travers les roues et les affûts; la colossale tête de mort que les héros entrevoient toujours dans la fumée au fond de la bataille s'avançait sur eux et les regardait. Ils purent entendre dans l'ombre crépusculaire qu'on chargeait les pièces; les mèches allumées, pareilles à des yeux de tigre dans la nuit, firent un cercle autour de leurs têtes ; tous les boutefeux des batteries anglaises s'approchèrent des canons, et alors ému, tenant la minute suprême suspendue au-dessus de ces hommes, un général anglais, Colville selon les uns, Maitland selon les autres, leur cria : « Braves Français, rendez-vous! » Cambrone répondit : « M....! ». Conduit en Angleterre, Cambrone écrivit à Louis XVIII pour obtenir la permission de rentrer en France. Il revint sans avoir reçu de réponse, fut arrêté, conduit à Paris et traduit devant le 1er conseil de guerre de la 1re division militaire. Le maréchal de camp Latour-Foissac présidait le conseil; les juges étaient les maréchaux de camp Edmond de Périgord et de la Chevallerie, le colonel Moulin, les chefs d'escadron vicomte de Poils et comte Louis de Vergennes, le capitaine Goui ; procureur du roi, le capitaine Duthuit; rapporteur, le chef de bataillon Delon; greffier, M. Boudin. Le général Cambrone était accusé « d'avoir attaqué le gouvernement du roi à main armée. » Il eut pour défenseur Berryer fils, qui, après avoir rappelé l'acquittement récent du général Drouot, s'écria : « Le général Drouot a été déclaré non coupable; le général Cambrone pourrait-il être déclaré coupable? Une contradiction aussi monstrueuse ne saurait exister... Assurément, messieurs, vous ne porterez point atteinte à la chose ainsi jugée, ainsi sanctionnée, pour frapper d'un supplice honteux cet homme d'une stoïque vertu. Ah ! conservez au roi un sujet qui peut être si précieux; craignez, par la perte d'un homme digne d'estime, comme il serait digne de regrets, de flatter les honteuses espérances de ceux qui, cultivant nos dissensions comme leur fonds et leur propre héritage, s'efforcent d'immortaliser les passions, les querelles et les fureurs. N'appliquez point une loi terrible à ce brave qui, dans des temps plus désastreux, osa, au péril de sa vie, soustraire au supplice et des victimes de Quiberon, et des ministres de Dieu, que des juges d'enfer allaient égorger. C'est le moment pour lui de recevoir le prix de ses généreuses actions. Voyez au pied du tribunal ceux qu'il a arrachés à la mort vous demander sa vie; que la voix de ceux qui périrent malgré tous ses efforts s'élève jusqu'à vous et pénètre vos âmes! Ah! surtout ne perdez point de souvenir comment, lorsque les vastes mers étaient ouvertes à sa fuite, soumis aux volontés de son nouveau roi, il les a traversées pour se livrer lui-même à la justice de son pays ! Déclarerez-vous rebelle celui qui sait ainsi obéir au péril de sa vie? Quel coeur français aurait le courage de laisser tomber un si cruel arrêt sur cette tête sillonnée par tant de cicatrices ! Non, la main d'un bourreau n'achèvera pas ignominieusement cette mort que mille ennemis ont si glorieusement commencée. Enfin, pour emprunter aux livres sacrés une expression qui convient admirablement à notre sujet : Non, vous n'immolerez point ce lion qui est venu s'offrir comme une victime obéissante! » (Procès du maréchal baron Cambrone, 1816). Cambrone fut acquitté le 20 avril 1816 : il se retira alors à Nantes dans sa famille. L'année d'après, il fut présenté au duc d'Angoulême, qui le fit réintégrer sur les contrôles de l'armée. Il reçut ensuite la croix de Saint-Louis (1819), fut créé vicomte par Louis XVIII, et commanda, à Lille la 1re subdivision de la 16e division militaire. Il fut admis à la retraite, sur sa demande, le 15 janvier 1823. La ville de Nantes a élevé une statue au général Cambrone.
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaire
de Pierre-Jacques-Etienne CAMBRONE
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