DUVAL Maurice-Jean, baron Duval

Pair de France

DUVAL (JEAN-MAURICE, BARON), pair de France, né à Versailles (Seine-et-Oise) le 11 juillet 1778, mort à Paris le 14 octobre 1861, entra dans l'administration sous l'Empire. Auditeur au Conseil d'Etat (section des finances) le 12 janvier 1809, il reçut, le 13 août de la même année, le poste d'intendant du comitat d'Adembourg, en Hongrie. De retour au Conseil d'Etat, il fut attaché à l'administration des ponts et chaussées, puis à la commission des pétitions. Napoléon le nomma ensuite (1810) préfet des Apennins, qu'il administra jusqu'à la chute de l'Empire. Durant les Cent-Jours, il fut placé successivement à la tête des départements de la Côte d'Or et de l'Hérault. La Restauration le rejeta dans l'opposition. Le 30 juillet 1830, le baron Duval se montra chez Lafitte. Quelques jours après (20 août), il fut nommé conseiller d'Etat en service extraordinaire, et, le 8 mars 1831, préfet des Pyrénées-Orientales. Ce département, par suite de la rareté des grains, était alors le théâtre de troubles graves, qu'il réprima par la force. Son administration ne fut pas plus pacifique dans le département de l'Isère, où il fut envoyé au mois de janvier 1832. Le 11 mars 1832, une mascarade représentant le budget et les deux crédits supplémentaires, sortit de Grenoble par la porte de France, se dirigeant vers l'Esplanade, où le général Saint-Clair passait en ce moment la revue de la garnison. Cette mascarade, interdite par les règlements, mais fondée sur un ancien usage, fut, au moment où elle se disposait à rentrer dans la ville, arrêtée par la troupe qui, sur l'ordre du préfet, avait pris les armes. Les soldats croisèrent la baïonnette. La foule s'émut, des cris retentirent, et un tumulte s'ensuivit. Très irritée contre M. Duval, la population se rassembla le soir devant l'hôtel de la Préfecture et cria à bas le préfet Alors le préfet envoya chercher deux compagnies du 35^e de ligne qui, se jetant inopinément sur la foule, la chargèrent a coups de baïonnettes; il y eut plusieurs victimes. L'exaspération des Grenoblois fut portée à son comble; il s'en fallut de peu que la préfecture ne fût envahie, et M. Duval dut s'échapper de son hôtel pour aller se réfugier dans une caserne. L'affaire eut le plus grand retentissement. A la nouvelle des événements qui venaient de se passer dans sa ville natale, le ministre Casimir Périer entra dans une violente colère et fit publier par le Moniteur une apologie du rôle joué par M. Duval, apologie contre laquelle MM. Félix Réal et Dubois-Aymé, députés de Grenoble, protestèrent énergiquement, mais en vain. L'administration municipale de cette ville réclamait le départ du 35^e de ligne; elle ne l'obtint pas, et, pendant deux mois, des duels presque quotidiens mirent aux prises les militaires de ce régiment et les habitants. Pair de France le 11 octobre 1832, le baron Duval, que Louis Blanc, dans l'Histoire de dix ans, appelle « un fanfaron d'impopularité », fut nommé à la préfecture de la Loire-Inférieure. Peu après son arrivée à Nantes, il eut à préparer et à diriger les mesures qui amenèrent l'arrestation de la duchesse de Berry. « M. Duval, écrit un biographe, était l'administrateur des temps de trouble. » Ses aptitudes particulières lui firent confier, en juillet 1841, comme commissaire extraordinaire, la mission de « rétablir l'ordre » dans le département de la Haute-Garonne, où les opérations du recensement avaient produit quelque effervescence. Il s'acquitta de ce rôle avec son zèle accoutumé. Trois ans plus tard, il passa à la préfecture du Nord. La révolution de février 1848 l'avait mis à la retraite, mais le gouvernement de L.-N. Bonaparte l'inscrivit, après le 2 décembre 1851, sur la liste des membres de la Commission consultative, et lui confia, en outre, diverses missions de répression dans les départements de l'Ouest. - Grand officier de la Légion d'honneur du 15 juin 1840.