Groupe d'études de l'énergie

LE GROUPE D’ÉTUDES DE L’ÉNERGIE DU SÉNAT

INTERROGE LE PRÉSIDENT DE TOTALFINA

Au programme de l’audition de M. Thierry DESMAREST, Président de TOTALFINA, par une vingtaine de sénateurs du groupe d’études de l’énergie présidé par M. Henri REVOL (RI - Côte d’Or), le mercredi 9 février 2000 : la catastrophe de l’Erika, l’ouverture du secteur gaz à la concurrence et la fusion avec ELF.

Désolé devant l’ampleur des conséquences de l’accident de l’Erika et jugeant anormal qu’un bateau ayant satisfait à toutes les obligations de contrôle technique quinquennal subisse une avarie dix-huit mois plus tard, M. Thierry DESMAREST met en cause le problème de l’encadrement du transport maritime au niveau mondial et européen. C’est donc avec Bruxelles qu’il convient de négocier un plan pour le futur. Il faut, en particulier, " créer un gendarme des sociétés de classification, un organe européen qui puisse agréer ces sociétés et leur retirer, le cas échéant, leur agrément sur la base de contrôles inopinés ".

Le président de TOTALFINA défend également :

des arrêts techniques plus rapprochés pour les navires de plus de 20 ans ;

un accès aux dossiers techniques pour les affréteurs ;

un renforcement des contrôles portuaires ;

une responsabilité financière accrue des acteurs (éventuellement un relèvement des plafonds de responsabilité des armateurs qui pourraient être portés de 20 à 300 millions de dollars et le fipol qui pourrait être doublé).

Interrogé sur la fiabilité d’un rapport alarmant qui circule sur Internet sur la nature des produits pétroliers rejetés par l’Erika, M. Thierry DESMAREST assure que quatre laboratoires officiels ont certifié que le produit est bien du fuel lourd n° 2 et qu’il n’entraîne " aucun souci de santé publique " pour les personnes qui le manipulent, moyennant les précautions d’usage.

Quant au pompage du fuel toujours présent dans les cuves de l’Erika, opération très lourde et dont la préparation doit être très sérieusement organisée, il devrait être effectué à partir du mois de mai, l’appel d’offres pour le choix de l’entreprise chargée de le réaliser étant lancé fin février.

S’agissant du futur projet de loi de transposition de la directive sur le gaz et de l’éventuelle entrée du groupe TOTALFINA ELF dans le capital de GAZ DE France, M. DESMAREST estime que l’ouverture du capital et la transformation de GAZ DE France en société anonyme s’imposeront car GAZ DE France devra nouer des alliances capitalistiques. " La complémentarité entre les deux entreprises devrait alors les pousser à conclure un partenariat ".

Il déclare, par ailleurs, que pour l’accès des tiers au réseau gazier, le péage type " timbre-poste " (même prix quel que soit la distance parcourue) est " une aberration économique ".

Evoquant la réussite de l’intégration TOTAL PETROFINA puis le rapprochement avec ELF, qui fait de l’entreprise le 4ème pétrolier mondial, il souligne que ces deux opérations devraient permettre de dégager des synergies évaluées à 2 milliards d’euros. Il ajoute que " la fusion n’entraînera pas de licenciements secs ".

C’est aujourd’hui que la Commission européenne s’est prononcée sur les actifs que le nouveau groupe TOTALFINA ELF devra s’engager à céder. Sa part de marché pour les stations-service autoroutières devrait alors passer de 55 % à 40 %.