Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 26/05/1988

M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et du budget, s'il fait sienne l'analyse retenue par le bulletin d'informations financières d'une importante banque nationale, concernant la conjoncture économique française, qui constate que le bilan 1987 se révèle favorable et souligne, en particulier : " La croissance du produit intérieur brut marchand s'est établie à 2,1 p. 100 en 1987, soit un rythme analogue à celui de 1986. Elle a donc été contrairement aux années précédentes, plus forte qu'en République fédérale d'Allemagne. La production industrielle s'est quant à elle inscrite en hausse de près de 4 p. 100 mais s'est accompagnée d'une importante formation de stocks qui ne commençaient qu'à peine à se résorber à la fin de l'année. Il reste que depuis 1979 l'industrie manufacturière n'avait pas connu une croissance aussi forte. Au-delà de ces résultats globaux, le bilan économique de la France pour 1987 fait particulièrement ressortir les éléments suivants : malgré une concurrence internationale accrue, la tendance des exportations s'est renversée : les exportations de produits manufacturés ont progressé de plus de 11 p. 100 en volume entre juin 1986 et décembre 1987. L'industrie française a ainsi regagné des parts de marché à l'extérieur des frontières. Cependant les importations se sont maintenues à un niveau élevé compte tenu de la vigueur de la commission des ménages et de l'investissement des entreprises ; l'investissement productif du secteur concurrentiel a augmenté en volume de plus de 10 p. 100 sur les deux dernières années. En particulier, le volume de l'investissement industriel a progressé de 4 à 5 p. 100 en 1987, soit un rythme plus élevé que prévu. Le taux d'investissement des entreprises françaises reste cependant inférieur à son niveau d'avant le deuxième choc pétrolier ; l'emploi salarié des secteurs marchands non agricoles (qui comprend les stages d'initiation à la vie professionnelle mais non les travaux d'utilité collective) est resté stable l'an dernier et ce pour la deuxième année consécutive. La vigueur des mesures de traitement social du chômage a donc permis une légère baisse du nombre des demandeurs d'emploi ; en ce qui concerne la hause des prix à la consommation, la performance française, meilleure que la moyenne tant de la C.E.E. que de l'O.C.D.E., est la plus favorable depuis vingt ans. Cela est particulièrement vrai pour la hausse des prix hors énergie qui s'est encore ralentie en 1987, témoignant du processus de désinflation toujours en marche dans notre pays. La libération des prix a donc été un succès ce que confirme la réduction de moitié en un an de la hausse des prix des produits industriels du secteur privé. Quant au différentiel d'inflation avec l'Allemagne, il s'est réduit de moitié en un an et se situe aujourd'hui à son plus bas niveau depuis 1973. L'inflation semble donc durablement contenue en France. Cela est dû principalement à la faible augmentation des salaires nominaux et aux gains de productivité permis par la poursuite d'investissements orientés en priorité vers les équipements de rationalisation. La hausse des coûts salariaux unitaires a été contenue aux alentours de 2 p. 100 ; enfin, si les marchés financiers sont restés en 1987, aussi actifs qu'en 1986, la gestion des finances publiques leur a imprimé d'importantes modifications de structures. Les recettes des privatisations ont permis à l'Etat de réduire ses appels nets au marché obligataire et de limiter la progression de la dette publique. ; Il reste que la forte demande de capitaux, sous toutes ses formes, n'a pas permis de baisse des taux d'intérêts nominaux. La France est donc devenue aussi, voire plus performante que l'Allemagne dans plusieurs domaines essentiels : déficit budgétaire (réduit de 25 p. 100 en trois ans), croissance, investissement et évolution des coûts salariaux unitaires. Il reste que face aux risques qui prévalent sur la scène internationale, l'économie française présente, malgré de notables progrès, des éléments de fragilité. Les perspectives 1988 et 1989 s'annoncent néanmoins sous un jour favorable. "

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Réponse du ministère : Économie publiée le 11/08/1988

Réponse. - national de la statistique et des études économiques (I.N.S.E.E.), qui a été publié en juin 1988, présente l'évolution de l'économie française en 1987 à l'aide des informations statistiques disponibles lors de son élaboration. Ce rapport permet de préciser certaines données chiffrées figurant dans le bulletin d'informations financières auquel se réfère l'honorable parlementaire. Ainsi la croissance du produit intérieur brut (P.I.B.) marchand ressort en 1987 à 2,2 p. 100 aux prix de l'année précédente, la croissance du P.I.B. total s'élevant à 2 p. 100. Ces taux, comparables à ceux de 1986, sont effectivement plus élevés que le taux de croissance observé en République fédérale d'Allemagne (R.F.A.) pour 1987 (1,7 p. 100). Pour sa part, la croissance de la production de l'industrie manufacturière s'est accélérée pour atteindre 2,2 p. 100 en moyenne annuelle, une hausse de 4 p. 100 de la production industrielle étant enregistrée du quatrième trimestre 1986 au quatrième trimestre 1987. Pour la première fois depuis 1969, le solde des échanges de biens manufacturés de la France a été déficitaire en 1987 (- 10,7 M de F contre un excédent de 32,5 M de F en 1986). Les exportations de produits manufacturés ont augmenté en volume de 2,7 p. 100 ; cela résulte d'un mouvement contrasté sur l'année, les exportations étant déprimées au premier trimestre, pour se redresser vivement au second semestre. Les importations industrielles ont quant à elles progressé à un rythme rapide (+ 10,4 p. 100 en volume). Le mouvement de reprise de l'investissement productif engagé en 1985 s'est poursuivi ; l'investissement productif a en effet progressé en volume de 8,3 p. 100 en 1987 après 7,8 p. 100 en 1986 et 6 p. 100 en 1985 pour le secteur concurrentiel (hors agriculture) ; la croissance de l'investissement industriel a également été soutenue (+ 7 p. 100, avec prise en compte du crédit-bail). Il semble que, selon les dernières indications disponibles, le développement des stages d'initiation à la vie professionnelle (S.I.V.P.) et la croissance de la production accrue aient permis une légère augmentation de l'emploi total qu'il est encore difficile d'évaluer avec précision. En tout état de cause, la diminution du nombre de demandeurs d'emploi citée dans le rapport sur les comptes 1987 (de 12 000 personnes en cours d'année soit - 0,5 p. 100), malgré la hausse tendancielle des ressources en main d'oeuvre liée essentiellement à des facteurs démographiques, s'explique également par l'entrée plus tardive des jeunes sur le marché du travail, la moindre proportion des chômeurs âgés qui recherchent un emploi et le développement des stages de formation, au bénéfice en particulier des chômeurs de longue durée. Le taux de croissance des prix à la consommation s'est élevé en 1987 à 3,1 p. 100, en glissement comme en moyenne annuelle, après respectivement 2,1 p. 100 et 2,7 p. 100 en 1986. L'écart d'inflation avec les six principaux partenaires de la France s'est réduit, passant de 1,1 point en décembre 1986 à 0,4 point en décembre 1987 ; vis-à-vis de la R.F.A., cet écart est revenu de 3,2 points à la fin 1986 à 2,1 points fin 1987. En profil infra-annuel, l'évolution de l'indice des prix a été contrastée : après une forte poussée en début d'année consécutive notamment à la libération des prix des services, le rythme de hausse des prix s'est nettement modéré. L'augmentation de 1 point du glissement des prix entre 1986 et 1987 recouvre des mouvements de sens opposés : la quasi-stabilisation des prix de l'énergie, après la forte baisse de 1986, explique une augmentation de 1,6 point ; l'augmentation des prix des services privés explique 0,5 point ; à l'inverse, la décélération des prix des produits industriels contribue pour - 0,8 point au mouvement d'ensemble et celle des produits alimentaires pour - 0,3 point. Le besoin de financement des administrations est revenu de 2,9 p. 100 du P.I.B. en 1986 à 2,4 p. 100 en 1987 ; cette évolution résulte d'une stabilisation des emplois en pourcentage du P.I.B. et d'un accroissement des prélèvements obligatoires à hauteur de 0,5 point du P.I.B. Pour l'Etat, on observe entre 1986 et 1987, en termes de comptabilité nationale (donc y compris Fonds de stabilisation des changes et hors opération financière), une stabilisation en part du P.I.B. tant des emplois, des ressources que du besoin de financement (à 2,3 p. 100 du P.I.B.) ; le déficit d'exécution du budget de l'Etat (hors Fonds monétaire international (F.M.I.) hors Fonds de stabilisation des changes) s'est élevé à 120 M de F après 142,1 M de F en 1986. ; prix de l'énergie, après la forte baisse de 1986, explique une augmentation de 1,6 point ; l'augmentation des prix des services privés explique 0,5 point ; à l'inverse, la décélération des prix des produits industriels contribue pour - 0,8 point au mouvement d'ensemble et celle des produits alimentaires pour - 0,3 point. Le besoin de financement des administrations est revenu de 2,9 p. 100 du P.I.B. en 1986 à 2,4 p. 100 en 1987 ; cette évolution résulte d'une stabilisation des emplois en pourcentage du P.I.B. et d'un accroissement des prélèvements obligatoires à hauteur de 0,5 point du P.I.B. Pour l'Etat, on observe entre 1986 et 1987, en termes de comptabilité nationale (donc y compris Fonds de stabilisation des changes et hors opération financière), une stabilisation en part du P.I.B. tant des emplois, des ressources que du besoin de financement (à 2,3 p. 100 du P.I.B.) ; le déficit d'exécution du budget de l'Etat (hors Fonds monétaire international (F.M.I.) hors Fonds de stabilisation des changes) s'est élevé à 120 M de F après 142,1 M de F en 1986.

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