Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 02/06/1988

M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et du budget, s'il partage la crainte qui hante certains milieux financiers d'une reprise de l'inflation. La hausse des prix des matières premières constitue-t-elle un facteur élevé de risque ?

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Réponse du ministère : Économie publiée le 11/08/1988

Réponse. - annuel d'augmentation de l'indice d'ensemble des prix à la consommation est passé de 3,100 p. 100 en décembre 1987 à 2,5 p. 100 en mai 1988, dernier chiffre connu. L'indice hors énergie, que l'on peut considérer comme plus représentatif de la tendance de fond de l'inflation, a, lui aussi, notablement décéléré : il est passé, en glissement annuel, de 3,3 p. 100 en décembre 1987 à 2,8 p. 100 en avril 1988. Durant les prochains mois, les facteurs qui influencent les variations des prix ne donnent pas à craindre une reprise de celle-ci. En effet, tout d'abord parmi les déterminants internes de l'inflation, l'un des principaux est constitué par les coûts salariaux qui continuent d'évoluer très modérément. Seuls les prix des prestations de services et les loyers évoluent de manière excessive. Mais il paraît difficile de concevoir que le taux d'augmentation constaté au cours de l'année écoulée sur les prix des prestations de services s'amplifie, voire se maintienne simplement à son niveau actuel. La perte inéluctable de clientèle, reflet du mécontentement des consommateurs, devrait rapidement conduire les professionnels à faire preuve de modération. Si tel n'était pas le cas, il faudrait en conclure que ce secteur connaît un disfonctionnement de caractère structurel très spécifique à la France. De même la hausse des loyers restera à un niveau élevé en moyenne en raison des augmentations des renouvellements de baux mais elle ne devrait pas être supérieure à ce qui est constaté actuellement, ce qui constitue déjà un seuil difficilement tolérable. Quand aux facteurs d'origine externe, ils sont loin d'être tous orientés à la hausse. Les cours du pétrole sont en diminution par rapport à leur niveau de l'automne 1987. S'agissant enfin des matières premières évoquées par l'honorable parlementaire, il faut observer en premier lieu que seules une minorité d'entre elles fait l'objet de cotations sur des marchés internationaux. Pour les autres, les prix se forment au niveau national ou européen, et font généralement preuve d'une grande modération. Tel est le cas notamment des produits agricoles et des métaux ferreux. Par ailleurs, la légère hausse que l'on a encore observée au premier trimestre 1988 sur les produits de la chimie organique (matières plastiques notamment) correspond à la fin de la remontée qu'a entraînée, avec environ six mois de décalage, la reprise des cours du pétrole brut au milieu de l'année 1986. On peut s'attendre à un retournement de tendance dans la mesure où le pétrole a sensiblement baissé depuis la fin de l'année 1987. Il est exact, en revanche, que les matières premières importées par la France, dont les cours se forment sur les marchés internationaux, ont augmenté globalement depuis un an. Mais, tout d'abord, ces matières n'ont qu'un faible poids dans l'économie française : en 1987, elles n'ont représenté que 4,3 p. 100 des importations et 0,9 p. 100 du produit intérieur brut ; au demeurant leur rôle ne cesse de décroître dans la mesure où les services et les produits à forte valeur ajoutée se développent plus vite que les produits dont la fabrication exige de grandes quantités de matières premières. D'autre part, les matières qui pèsent fortement et rapidement sur les prix à la consommation en cas de variation des cours sont celles qui ont le moins progressé, comme les produits alimentaires (avec même une baisse depuis un an sur les denrées tropicales) ou la pâte à papier. En revanche, les métaux non ferreux, qui ont le plus augmenté, représentent une part très faible des produits finis correspondants, et ne jouent de rôle directeur dans la formation des prix d'aucun produit de consommation. Les fibres textiles se situent en position intermédiaire à la fois par l'ampleur de la progression de leurs cours depuis un an et par les modalités de répercussion de ceux-ci sur les prix de détail ; en effet, ils interviennent de façon sensible dans l'évolution des prix du secteur textile-habillement, qui garde une place importante dans la consommation des ménages, mais les effets de leurs variations sur les prix des produits finis se manifestent avec un décalage très long (de dix-huit à vingt-quatre mois), qui tend à les amortir. Enfin, les cours de beaucoup de matières qui sont actuellement en sensible progression sont partis de niveaux extrêmement bas : c'est le cas par exemple, des oléagineux, du coton et de certains métaux (nickel, zinc). La chute des cours qui a précédé le mouvement de hausse actuelle n'a généralement pas été intégralement répercutée. Les entreprises disposent donc de marges de manoeuvre pour ne pas traduire entièrement dans leurs prix de vente la remontée de leurs coûts d'approvisionnement. L'intensité de la concurrence, qui reste vive sur le marché français, devrait les conduire à adopter cette attitude dans un bon nombre de cas. ; produits finis correspondants, et ne jouent de rôle directeur dans la formation des prix d'aucun produit de consommation. Les fibres textiles se situent en position intermédiaire à la fois par l'ampleur de la progression de leurs cours depuis un an et par les modalités de répercussion de ceux-ci sur les prix de détail ; en effet, ils interviennent de façon sensible dans l'évolution des prix du secteur textile-habillement, qui garde une place importante dans la consommation des ménages, mais les effets de leurs variations sur les prix des produits finis se manifestent avec un décalage très long (de dix-huit à vingt-quatre mois), qui tend à les amortir. Enfin, les cours de beaucoup de matières qui sont actuellement en sensible progression sont partis de niveaux extrêmement bas : c'est le cas par exemple, des oléagineux, du coton et de certains métaux (nickel, zinc). La chute des cours qui a précédé le mouvement de hausse actuelle n'a généralement pas été intégralement répercutée. Les entreprises disposent donc de marges de manoeuvre pour ne pas traduire entièrement dans leurs prix de vente la remontée de leurs coûts d'approvisionnement. L'intensité de la concurrence, qui reste vive sur le marché français, devrait les conduire à adopter cette attitude dans un bon nombre de cas.

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