Question de M. LE JEUNE Edouard (Finistère - UC) publiée le 07/07/1988

M. Edouard Le Jeune appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la forêt sur la grave crise que traverse actuellement la production porcine. Il lui rappelle que nous assistons à un véritable effondrement des cours du porc. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer les dispositions qu'il entend prendre afin de remédier à cette situation.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 25/08/1988

Réponse. - Le marché du porc a en effet été marqué depuis plus d'un an par la forte pression exercée sur les prix par des disponibilités en viande importantes, en France et dans l'ensemble de la Communauté économique européenne (C.E.E.). La production de viande de porc de la C.E.E. à douze, qui s'était située en 1986 au niveau record de 12,4 millions de tonnes, a poursuivi sa progression pour atteindre 12,7 millions de tonnes en 1987, la production française ayant contribué pour une part non négligeable à ce développement. Les effets néfastes de cette abondance de l'offre ont été tempérés par l'amélioration du bilan des échanges de la C.E.E. avec les pays tiers dans le secteur du porc et par le recours au stockage privé qui a permis de retirer momentanément du marché plus de 200 000 tonnes de viande porcine depuis le 15 février 1988, dont plus de 46 000 tonnes en France. Mais la mise en oeuvre de l'organisation commune de marché dans le secteur du porc, qui protège le marché communautaire de la concurrence des pays tiers, a laissé le marché assurer l'adaptation de la production à la consommation sur le moyen terme ; les opérations de stockage privé ont quant à elles permis une certaine adéquation de l'offre aux variations saisonnières de la consommation. C'est pourquoi la délégation française au conseil des ministres de l'agriculture a appelé, le 14 juin dernier, l'attention de cette instance sur la crise profonde du marché du porc et, ayant fait valoir le caractère excessif de la compétition que se livrent les Etats membres, a demandé à la commission de présenter un rapport afin que le conseil puisse avoir l'échange de vue approfondi que justifie la situation. Lors de cette même réunion, le conseil a pris l'engagement de statuer avant le 31 octobre 1988 sur la mise en oeuvre d'une prime à l'incorporation des céréales en alimentation animale. Celle-ci devrait être de nature à rétablir des conditions normales de concurrence entre les différentes régions de la C.E.E. La situation du marché a conduit le Gouvernement, dès son installation, à prendre des mesures visant à compléter le dispositif arrêté au mois de février, dans le cadre de la conférence agricole, afin notamment de sauvegarder le potentiel de production d'avenir que représentent les éleveurs ayant récemment investi et d'éviter les phénomènes d'exclusion que ne manque pas de générer une crise aussi durable. C'est ainsi qu'une procédure générale d'aide aux agriculteurs en difficulté est en cours d'élaboration dans le cadre de la politique nationale de solidarité décidée par le Gouvernement. En outre, celui-ci a demandé aux bailleurs de fonds de la caisse professionnelle Stabiporc d'abonder leurs financements à hauteur de 90 MF pour tenir compte de l'accroissement de la production et de la durée de la crise. Mais il est clair que ces mesures, nécessaires à court terme, n'apportent pas de remèdes aux problèmes fondamentaux du secteur et qu'il importe de s'attaquer aux causes structurelles des difficultés du marché. Un premier pas a été fait en ce sens, au niveau de la production, par le redéploiement des aides techniques, génétiques et sanitaires, et la mise en oeuvre d'une aide à la rénovation des bâtiments d'élevage porcin. Il demande à être poursuivi et étendu aux autres maillons de la filière. Tel est l'objet du travail de réflexion qui sera engagé durant cet été avec les organisations professionnelles du secteur.

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