Question de M. ROUX Olivier (Français établis hors de France - UC) publiée le 07/07/1988

M. Olivier Roux attire l'attention de M. le ministre de la coopération et du développement sur la situation souvent très précaire des systèmes éducatifs en Afrique. En effet, les pays africains, du fait de leur endettement excessif et de l'accroissement sans précédent de leur population, ne peuvent ni rémunérer convenablement les instituteurs - par ailleurs en nombre insuffisant - ni procéder à la construction ou à l'entretien des bâtiments scolaires nécessaires. Malgré des progrès incontestables enregistrés depuis 1960, au prix de sacrifices budgétaires parfois très lourds (entre 20 et 40 p. 100 des dépenses de l'Etat), ce phénomène se traduit en Afrique francophone par des taux d'échec au baccalauréat qui peuvent atteindre 80 p. 100 et par des taux d'abandon considérables entre le primaire et le secondaire. Ce problème qui a déjà fait l'objet d'une conférence des bailleurs de fonds qui s'est tenue, sous l'égide de la Banque mondiale, à la fin du mois de janvier dernier à Paris. Il lui demande en conséquence, de bien vouloir lui indiquer quels ont été les principaux axes de réflexion de ces débats et si des propositions concrètes ont pu être arrêtées. Il souhaiterait en outre connaître le programme de la politique du " partenariat éducatif " entre écoles françaises et africaines, campagne qui a été lancée conjointement avec le ministère de l'éducation nationale.

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Réponse du ministère : Coopération publiée le 24/11/1988

Réponse. - Du 25 au 27 janvier 1988, la Banque mondiale réunissait en effet 25 institutions oeuvrant pour l'éducation en Afrique sub-saharienne, ainsi que douze ministres de l'éducation des pays de cette zone. Les débats partaient du document de synthèse produit par la Banque mondiale sur les nouvelles approches en Afrique sub-saharienne dans le secteur éducatif, et intitulé " L'Education en Afrique sub-saharienne : ajustement, revitalisation et expansion ". Ils visaient à enregistrer les réactions des bailleurs de fonds internationaux, ainsi que celles des pays concernés sur ce document ; ils devaient enfin tracer les perspectives d'une action concertée sur l'appui à l'éducation en Afrique sub-saharienne. Premier partenaire de l'Afrique francophone dans le secteur de l'éducation et de la formation, le ministère de la coopération et du développement était naturellement partie prenante de ce débat, qu'il a contribué à nourrir de sa propre approche de problèmes qu'il est historiquement un des premiers à avoir traités. La situation de l'éducation dans la zone considérée a conduit les participants à poser un diagnostic commun : en progrès constant des années 60 au début des années 1980, l'éducation en Afrique est aujourd'hui doublement menacée par l'austérité budgétaire et une pression démographique rapide. L'effondrement du niveau scolaire unanimement constaté est lié au dénuement inquiétant de l'école primaire (manuels, outils pédagogiques, mais aussi locaux), à une planification défaillante des systèmes éducatifs, à un manque de formation de leur encadrement. Cette situation jugée très préoccupante a appelé en retour la définition d'une stratégie pour l'éducation qui réagisse aux contraintes de l'ajustement structurel en défendant deux objectifs essentiels à une éducation qui oeuvre pour le développement des Etats : l'amélioration de la qualité de l'enseignement et une progression significative des effectifs scolarisés, aujourd'hui très menacée. La réflexion a pour ce faire emprunté trois directions : 1° celle de l'ajustement aux réalités démographiques et budgétaires qui, malgré la difficulté, doit passer d'abord par une diversification du financement de l'éducation : participation accrue des utilisateurs, prise en charge de certains secteurs par des organismes extérieurs aux pouvoirs publics. En même temps, on devra rechercher un abaissement significatif des coûts unitaires, notamment dans les enseignements primaire et supérieur ; 2° celle d'une revitalisation des systèmes éducatifs passant par leur amélioration qualitative : vigilance accrue pour les examens, meilleure utilisation des intrants (notamment les manuels), accroissement de la part réservée au fonctionnement de l'éducation ; 3° celle enfin d'une expansion sélective des services éducatifs qui doit se fonder sur quatre objectifs : considérer comme prioritaire l'universalisation de l'enseignement primaire, base des sy stèmes éducatifs et donc du développement ; s'appuyer sur l'enseignement à distance pour élargir l'accès au secondaire et au supérieur ; favoriser la formation continue de ceux qui sont entrés dans la vie active ; aider l'éclosion des talents intellectuels qui puissent en Afrique créer une hiérarchie scientifique et technique de haut niveau, en réalisant des économies d'échelle au plan régional. L'analyse de la banque s'est trouvée renforcée des analyses convergentes des responsables africains et des bailleurs de fonds internationaux. La France, par la voix du ministère de la coopération et du développement, a pu décrire la réponse qu'elle apporte à cette situation de crise des systèmes éducatifs africains en ayant augmenté son assistance de 20 p. 100 au cours des trois dernières années, et en fournissant notamment les services de quelque 5 000 assistants techniques aux pays d'Afrique francophone. Son effort porte aujourd'hui sur une restructuration décidée de l'enseignement primaire, sur un appui au fonctionnement administratif des systèmes éducatifs africains, sur une amélioration de la qualité des cycles scientifiques et techniques, garants de la formation universitaire des futurs cadres du développement. La France veille enfin à aider les Etats à supporter les charges renouvelables de leurs systèmes éducatifs. La réunion a enfin débouché sur des mesures concrètes visant à une stratégie commune pour l'éducation en Afrique et notamment : l'accroissement de l'appui international à ce secteur passera par la réorientation concertée des programmes d'assistance ; l'aide internationale s'appuie d'abord sur une stratégie nationale dont elle peut aider la formulation par des subventions de préinvestissement, par sa propre coordination sous l'égide de l'Etat bénéficiaire, par la recherche des compétences nationales qui définiront et suivront ce programme ; augmenter les crédits d'appui, favoriser l'élaboration de données statistiques fiables sur l'éducation, améliorer la gestion des programmes éducatifs, mais aussi favoriser les échanges Sud-Sud dans ce secteur paraissent essentiels. La coordination des bailleurs de fonds s'impose en toile de fond (échanges des programmes, des expertises, des données, missions communes, réunions de suivi) de toutes ces actions. La France s'est pour sa part engagée dans ces voies en renforçant institutionnellement son dialogue avec la B.I.R.D. notamment, permettant la mise en oeuvre concertée de programmes d'appuis de grande envergure dans certains Etats : en 1989, le Tchad et certainement le Mali en seront de bons exemples. Le partenariat éducatif est un projet commun au ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports et au ministère de la coopération et du développement ; ce dernier en assure le financement (10 MF en 1988, 7 MF en 1989). En privilégiant dans ses actions l'enseignement et la formation des hommes, le ministère de la coopération et du développement place l'éducation à l'origine de tout projet de développement. Pour autant, cet effort appliqué à l'éducation en Afrique est menacé par le double effet d'une conjoncture économique rude et de la pression démographique. Aussi, notre coopération. conjuguée à celle des bailleurs de fonds internationaux, passe-t-elle aujourd'hui par un véritable sauvetage de l'école africaine, sans laquelle le concept même de développement serait vide de sens. De son côté, le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports a depuis longtemps déjà proposé aux enseignants et aux élèves de réfléchir ensemble pour connaître et comprendre les situations auxquelles sont confrontés les Etats en voie de développement. Au travers des P.A.E. (programmes d'appui éducatif) notamment, la communauté scolaire s'est résolument engagée dans une réflexion active sur la solidarité entre les pays du Nord et du Sud. Le partenariat éducatif que mettent maintenant en oeuvre conjointement les deux départements ministériels vise à dépasser la seule sensibilisation aux problèmes du développement et à affirmer cette solidarité Nord-Sud au travers d'un projet ambitieux : aider l'école africaine à mieux remplir sa mission de formation des jeunes ; la réponse qu'elle apporte à cette situation de crise des systèmes éducatifs africains en ayant augmenté son assistance de 20 p. 100 au cours des trois dernières années, et en fournissant notamment les services de quelque 5 000 assistants techniques aux pays d'Afrique francophone. Son effort porte aujourd'hui sur une restructuration décidée de l'enseignement primaire, sur un appui au fonctionnement administratif des systèmes éducatifs africains, sur une amélioration de la qualité des cycles scientifiques et techniques, garants de la formation universitaire des futurs cadres du développement. La France veille enfin à aider les Etats à supporter les charges renouvelables de leurs systèmes éducatifs. La réunion a enfin débouché sur des mesures concrètes visant à une stratégie commune pour l'éducation en Afrique et notamment : l'accroissement de l'appui international à ce secteur passera par la réorientation concertée des programmes d'assistance ; l'aide internationale s'appuie d'abord sur une stratégie nationale dont elle peut aider la formulation par des subventions de préinvestissement, par sa propre coordination sous l'égide de l'Etat bénéficiaire, par la recherche des compétences nationales qui définiront et suivront ce programme ; augmenter les crédits d'appui, favoriser l'élaboration de données statistiques fiables sur l'éducation, améliorer la gestion des programmes éducatifs, mais aussi favoriser les échanges Sud-Sud dans ce secteur paraissent essentiels. La coordination des bailleurs de fonds s'impose en toile de fond (échanges des programmes, des expertises, des données, missions communes, réunions de suivi) de toutes ces actions. La France s'est pour sa part engagée dans ces voies en renforçant institutionnellement son dialogue avec la B.I.R.D. notamment, permettant la mise en oeuvre concertée de programmes d'appuis de grande envergure dans certains Etats : en 1989, le Tchad et certainement le Mali en seront de bons exemples. Le partenariat éducatif est un projet commun au ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports et au ministère de la coopération et du développement ; ce dernier en assure le financement (10 MF en 1988, 7 MF en 1989). En privilégiant dans ses actions l'enseignement et la formation des hommes, le ministère de la coopération et du développement place l'éducation à l'origine de tout projet de développement. Pour autant, cet effort appliqué à l'éducation en Afrique est menacé par le double effet d'une conjoncture économique rude et de la pression démographique. Aussi, notre coopération. conjuguée à celle des bailleurs de fonds internationaux, passe-t-elle aujourd'hui par un véritable sauvetage de l'école africaine, sans laquelle le concept même de développement serait vide de sens. De son côté, le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports a depuis longtemps déjà proposé aux enseignants et aux élèves de réfléchir ensemble pour connaître et comprendre les situations auxquelles sont confrontés les Etats en voie de développement. Au travers des P.A.E. (programmes d'appui éducatif) notamment, la communauté scolaire s'est résolument engagée dans une réflexion active sur la solidarité entre les pays du Nord et du Sud. Le partenariat éducatif que mettent maintenant en oeuvre conjointement les deux départements ministériels vise à dépasser la seule sensibilisation aux problèmes du développement et à affirmer cette solidarité Nord-Sud au travers d'un projet ambitieux : aider l'école africaine à mieux remplir sa mission de formation des jeunes générations en contribuant à restaurer dans l'enseignement primaire, secondaire et technique, des conditions décentes d'enseignement. En s'appuyant sur les actions déjà menées au travers des P.A.E., des échanges, des clubs d'établissements, le partenariat s'inscrit dans une vaste démarche de coopération qui mobilise et dynamise autour de l'école africaine et pour elle, sur des projets éducatifs précisément négociés entre partenaires scolaires de France et d'Afrique francophone, tous les concours institutionnels qui souhaiteraient enrichir cette entreprise : associations, individus, mais aussi collectivités territoriales qui manifestent souvent leur intérêt pour le développement au travers d'échanges et jumelages. Le cahier des charges qui est proposé aux lycées et collèges fixe le cadre général de l'opération " Partenariat éducatif Nord-Sud " ainsi que le calendrier des actions qui seront mises en oeuvre. Un texte similaire définira le cadre d'action pour ce quiconcerne l'enseignement primaire. Les deux ministères donneront la plus large publicité à ce projet qui offre à la solidarité Nord-Sud comme à l'éducation au développement leur meilleur champ d'application concrète ; il ne s'agit, en effet, ni plus ni moins que de confier en direct à la société civile au travers de sa jeunesse scolarisée une part de responsabilité active en matière de coopération et de développement. ; générations en contribuant à restaurer dans l'enseignement primaire, secondaire et technique, des conditions décentes d'enseignement. En s'appuyant sur les actions déjà menées au travers des P.A.E., des échanges, des clubs d'établissements, le partenariat s'inscrit dans une vaste démarche de coopération qui mobilise et dynamise autour de l'école africaine et pour elle, sur des projets éducatifs précisément négociés entre partenaires scolaires de France et d'Afrique francophone, tous les concours institutionnels qui souhaiteraient enrichir cette entreprise : associations, individus, mais aussi collectivités territoriales qui manifestent souvent leur intérêt pour le développement au travers d'échanges et jumelages. Le cahier des charges qui est proposé aux lycées et collèges fixe le cadre général de l'opération " Partenariat éducatif Nord-Sud " ainsi que le calendrier des actions qui seront mises en oeuvre. Un texte similaire définira le cadre d'action pour ce quiconcerne l'enseignement primaire. Les deux ministères donneront la plus large publicité à ce projet qui offre à la solidarité Nord-Sud comme à l'éducation au développement leur meilleur champ d'application concrète ; il ne s'agit, en effet, ni plus ni moins que de confier en direct à la société civile au travers de sa jeunesse scolarisée une part de responsabilité active en matière de coopération et de développement.

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