Question de M. SOUVET Louis (Doubs - RPR) publiée le 23/03/1989

M. Louis Souvet attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, du logement, des transports et de la mer sur l'avenir du programme de l'avion de transport supersonique futur (A.T.S.F.). L'exemple du Concorde doit nous faire réfléchir ; cet avion fut un succès technologique éclatant et sur ce point nous devons saluer le savoir-faire des ingénieurs et techniciens français en aéronautique qui ont su allier la vitesse supersonique et le confort absolu à bord. Mais l'échec commercial a été, force est de le reconnaître, à la hauteur des prouesses techniques. Il serait regrettable qu'un même scénario se reproduise pour le futur appareil supersonique et que des erreurs identiques dans le processus de commercialisation soient à l'origine d'une mévente similaire. La vitesse supersonique pour les vols commerciaux est un créneau porteur, les bénéfices réalisés par les deux compagnies utilisatrices, British Airways et Air France, sont là pour le prouver. Mettre fin prématurément à l'exploitation commerciale du Concorde ne répondrait à aucun des impératifs suivants, sécurité, fiabilité ; les révisions minutieuses auxquelles sont soumis ces appareils après de très nombreuses heures de vol n'ont permis de révéler qu'une chose... la résistance et le parfait état des structures. Il demande, d'une part, combien de temps Air France compte encore exploiter ces Concorde et, d'autre part, le coût de réalisation de l'avion de transport supersonique futur (A.T.S.F.).

- page 474


Réponse du ministère : Équipement publiée le 25/05/1989

Réponse. - Comme pour les autres avions, l'exploitation de Concorde est limitée dans le temps par des contraintes de sécurité liées au vieillissement de la structure. Les dernières inspections réalisées sur les Concorde actuellement en service ont conduit à mettre en oeuvre des programmes de surveillance et de renforcement leur permettant de réaliser sans dommage 8 000 vols supersoniques, soit environ 26 000 heures de vol. Les six avions d'Air France actuellement en ligne, qui ont déja réalisé en moyenne 8 000 heures de vol, peuvent ainsi être exploités jusqu'aux environs de l'année 2020, s'ils continuent à être utilisés au rythme actuel moyen de 600 heures de vol par appareil et par an. S'agissant d'un avion supersonique nouveau, éventuel successeur de Concorde, la modération du prix du carburant, la croissance du trafic aérien sur longues distances, et notamment à travers le Pacifique, ainsi que l'évolution des technologies, ont favorisé la reprise des réflexions sur les conditions techniques, économiques et opérationnelles à réaliser pour pouvoir développer et construire un tel appareil. Les constructeurs français, avec le soutien de l'Etat, conduisent pour leur part des études sur ce sujet. Cependant, les inconnues qui subsistent sur les contraintes écologiques que constituent le bruit au décollage, le bang sonique et la pollution atmosphérique, l'ampleur des coûts de développement dont l'ordre de grandeur peut être estimé à 100 milliards de francs, et les risques industriels énormes associés à un projet faisant appel à des technologies non encore vérifiées, ne permettent pas d'envisager dans un proche avenir son lancement. Une telle entreprise ne peut, en tout état de cause, se concevoir que dans le cadre d'une vaste coopération internationale. Les contacts nécessaires sont maintenus à cet effet pour permettre à l'industrie française, qui bénéficie de l'expérience irremplaçable de Concorde, d'y participer pleinement.

- page 805

Page mise à jour le