Question de M. LACOUR Pierre (Charente - UC) publiée le 13/04/1989

M. Pierre Lacour attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la forêt sur la situation actuelle du marché du maïs. Il lui expose que les propositions de la commission en matière de prix des céréales pèseront sur le revenu des producteurs. Alors que la simple application des mécanismes des stabilisateurs budgétaires se traduira par une diminution de 3 p. 100 des prix, l'instauration de mesures connexes : réduction de la période d'intervention, du montant et du nombre des majorations mensuelles pourrait entraîner une baisse supplémentaire des prix en ECU de l'ordre de 1 à 2 p. 10 selon la période de la campagne. Ainsi, le prix d'intervention de janvier serait de 4,1 p. 100 inférieur à celui de la campagne 1988/1989. Les gains annuels de productivité ne dépassant par 2 p. 100 et les charges de production progressant au rythme de l'inflation nationale, une baisse des prix théorique de 3 p. 100 ou réelle de 4 p. 100 ne pourra manquer d'aggraver la situation, déjà difficile, des producteurs de maïs. Il lui indique d'autre part que le programme d'exportations par adjudication ne permet pas actuellement d'équilibrer le marché français et fait courir le risque de mises à l'intervention. On estime aujourd'hui que, dans l'hypothèse d'exportations plafonnées à 2 millions de tonnes, ce sont 700 000 tonnes de maïs qui devront être portées à l'intervention. Compte tenu du niveau des prix déprimé, ces mises à l'intervention se traduiraient, elles aussi, par une détérioration du niveau de vie des producteurs de maïs. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui préciser la position du Gouvernement français à l'égard des propositions de la commission sur le prix des céréales et des décisions qui seront prises, au cours des prochaines semaines, pour l'octroi des certificats d'exportation.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 21/09/1989

Réponse. - En 1988, la France a battu son record de production de maïs avec plus de 14,5 millions de tonnes, contre 12,5 en 1987. Ce volume exceptionnel pouvait laisser craindre des difficultés d'écoulement. Il s'est heureusement conjugué à des prix élevés du soja et des autres produits importés concurrents des céréales en alimentation animale : cette situation permettra d'absorber plus de 5 millions de tonnes directement à la ferme et par le biais des fabricants et d'exporter un volume équivalent vers nos partenaires de la Communauté européenne. Cependant, ces débouchés traditionnels ne suffiront pas à équilibrer le bilan de l'offre et de la demande : des exportations sur pays tiers s'imposaient. La France a obtenu, dans le courant de l'automne dernier, une adjudication de la restitution dont le volume a été régulièrement augmenté et qui est ouverte jusqu'au 22 juin 1989. Le 1er juin, sur notre demande, la commission a supprimé l'abattement de 3 ECUS la tonne qui affecte normalement le montant des restitutions lors du changement de campagne, ce qui avive l'intérêt pour l'exportation. On estime que le volume total de nos exportations de la campagne 1988-1989 atteindra 2,3 millions de tonnes sur pays tiers, contre 617 000 tonnes en 1987-1988. Pour permettre aux collecteurs de tirer tout le parti possible de la demande du marché, il avait été décidé dès le 13 avril de reporter la date de fermeture de l'intervention du 31 mai au 30 juin de cette campagne. Il est néanmoins probable que des volumes relativement importants seront livrés à l'intervention publique : ce phénomène est naturel pour une campagne excédentaire, et il y a bon espoir que la C.E.E. pourra écouler les stocks publics sans difficulté majeure, car le marché mondial s'est assaini depuis un an. En attendant, la France a fait réviser la liste des centres d'intervention du maïs : les conditions des livraisons en seront améliorées. Sans doute, les prix de marché ont reculé par rapport à la campagne précédente. Cette baisse limitée, de l'ordre de 3 p. 100, est néanmoins à rapprocher de l'augmentation de la production, qui est d'environ 16 p. 100. Il faut bien saisir que, si la France veut poursuivre la remarquable croissance de sa production de maïs, elle doit s'efforcer de maintenir sur son marché des prix modérés : c'est à cette condition que l'économie du maïs reposera sur des fondements solides. En attendant, on a pu observer au cours de ce printemps que les emblavements sont stables : les agriculteurs français maintiennent leur confiance dans la culture du maïs.

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