Question de M. VOILQUIN Albert (Vosges - U.R.E.I.) publiée le 13/04/1989

M. Albert Voilquin attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur la douloureuse situation du Liban. Selon l'expression employée justement par une haute autorité catholique française, il s'agit d'un " drame qui est en train de s'accomplir dans le silence des grandes puissances " en général, et de notre pays en particulier. Que peut faire le Gouvernement français pour apporter son aide à ce pays, qui a été depuis longtemps sous influence et protection française.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 25/05/1989

Réponse. - Comme le souligne l'honorable parlementaire, le drame que connaît actuellement le Liban n'a pas immédiatement ni suffisamment mobilisé l'opinion mondiale. La lassitude qu'inspire à beaucoup quatorze années de guerre a empêché que soient manifestés au peuple libanais les gestes de solidarité qu'il attendait. La France pourtant, seule parmi les puissances, a pris l'initiative de traduire en actes l'intérêt particulier qu'elle porte à ce pays ami. Depuis le 14 mars, début des bombardements aveugles sur la ville de Beyrouth, nous avons été les premiers à réagir. La France a fait savoir à toutes les parties, Libanais et Syriens, qu'elle désapprouvait, de la manière la plus catégorique, toute tentative de règlement par la force. Auprès de M. Charaa, ministre syrien des affaires étrangères en visite à Paris, M. Roland Dumas, ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, a souligné la nécessité du retrait du Liban de toutes les forces non libanaises, parmi lesquelles naturellement les forces syriennes. Il a clairement marqué qu'il ne saurait y avoir de véritable paix au Liban que si les Libanais étaient laissés libres de discuter eux-mêmes de leur destin, hors de toute pression extérieure. La France a exhorté, sur place à Beyrouth, le général Aoun et le docteur Hoss à faire preuve de la plus grande modération et à reprendre le dialogue en vue d'un règlement politique. Elle a invité les Etats-Unis et l'Union soviétique à user de leur influence sur la Syrie pour obtenir un cessez-le-feu. Elle est intervenue auprès du secrétaire général des Nations unies. Elle a également soutenu les efforts déployés par la Ligue arabe dans le même sens. Pourtant, sur le terrain, la situation ne cessait d'empirer : pertes en vies humaines, arrêt de l'électricité, pénurie de carburant. Il a alors été décidé d'apporter une aide humanitaire qui a été mise en oeuvre avec courage et succès par le docteur Kouchner, secrétaire d'Etat à l'action humanitaire. En manifestant ainsi sa solidarité envers les Libanais de toutes communautés, la France prenait des risques, mais elle a permis que de grands blessés, chrétiens et musulmans, soient sauvés ; elle a surtout permis d'entretenir l'espoir. Dans le même temps, elle a effectué des démarches pressantes auprès des autorités de Damas pour les exhorter à relâcher la pression militaire sur Beyrouth et à faire cesser les bombardements. Notre action a également eu valeur d'entraînement. Les Douze ont décidé de poursuivre notre aide humanitaire, la Ligue arabe accélère ses travaux, l'opinion et les gouvernements de plusieurs pays prennent mieux la mesure de la réalité du drame libanais. Aujourd'hui, nous entendons maintenir la communauté internationale en éveil. A notre initiative, le Conseil de sécurité a décidé de confier au secrétaire général des Nations unies une mission de paix qui, venant à l'appui des efforts de la Ligue arabe, a pour objectif de permettre au Liban de recouvrer son unité et son indépendance grâce au dialogue rétabli entre tous les Libanais. Le gouvernement français demeure déterminé à agir afin que soient saisies toutes les chances de parvenir à une solution de la crise que traverse depuis quatorze ans le Liban. Il forme le voeu que tous les efforts actuellement déployés, notamment à l'instigation de la France, permettent enfin à ce pays ami de recouvrer pleinement sa souveraineté, son indépendance, son intégrité territoriale et son unité.

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