Question de M. HABERT Jacques (Français établis hors de France - NI) publiée le 27/04/1989

M. Jacques Habert rappelle à M. le ministre de la coopération et du développement les vives préoccupations des Français au Gabon dont les enfants sont scolarisés dans les classes secondaires des établissements nationaux gabonais. Si la solution des écoles conventionnées adoptée dans le primaire ne pose pas de problèmes majeurs, les enseignements fondamentaux y restant proches de ce qui se fait en France, il n'en est pas de même dans l'enseignement secondaire, où des différences importantes de programmes, de méthodes de travail et de finalités existent, et où les élèves se trouvent placés dans des conditions morales et matérielles très défavorables. C'est ainsi, par exemple, qu'au lycée national Léon M'Ba de Libreville, qui fait figure de référence et scolarise le plus grand nombre d'enfants français, ceux qui entrent en 6e sont dispersés sur douze classes dont l'effectif moyen est de quarante élèves. L'hétérogénéité et la diversité de formation du corps enseignant ont pour conséquence une baisse du niveau pédagogique, rendant difficile la réinsertion dans le système français. A l'issue de la classe de 1re, l'épreuve anticipée de français n'existe pas. En terminale, tous les élèves sont dans l'obligation de passer le baccalauréat gabonais ; celui-ci bénéficie de plein droit de la validité en France, mais, dans la réalité, la politique de sélection poursuivie dans l'enseignement supérieur métropolitain ne prédispose nullement à accorder à ce diplôme étranger la même valeur que le baccalauréat français. Tous ces éléments expliquent qu'un nombre grandissant de parents français est amené soit à se séparer de leurs enfants pour les envoyer étudier en France, soit à quitter le Gabon : entre 1988 et 1989, la diminution des effectifs français dans les classes de 4e à la 2e a été de plus de 20 p. 100, pourcentage bien supérieur au nombre de familles ayant quitté le pays pour des raisons économiques. Un redressement s'impose. La majorité de nos compatriotes, notant que le Gabon est le seul pays d'Afrique francophone où n'existe aucun établissement français, demandent qu'un lycée autonome, semblable à tous ceux qui existent dans le monde, soit créé (sans pour autant que l'aide française aux écoles gabonaises ne soit en rien diminuée). Une seconde possibilité serait l'instauration d'une section à programme français au sein du même établissement, comme cela existe dans de nombreux pays, ce qui permettrait de mieux distinguer les objectifs des deux enseignements et de les rendre plus efficaces. Enfin, une troisième solution, plus susceptible d'être immédiatement mise en oeuvre, consisterait à regrouper les meilleurs élèves dans des classes de niveau plus élevé que l'on pourrait appeler " sections pilotes " et qui seraient le suivi logique des écoles primaires conventionnées. Pour étudier ce problème, que nos compatriotes du Gabon espèrent vivement voir résolu pour la rentrée scolaire de septembre 1989, un comité paritaire franco-gabonais, spécialement constitué, se réunit pour la troisième fois, fin avril, à Libreville. Il lui demande si un accord satisfaisant à la fois les autorités gabonaises et les parents français a pu être réalisé, donnant, sur le plan scolaire, un nouvel élan à l'étroite et confiante collaboration entre les deux pays.

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Réponse du ministère : Coopération publiée le 13/07/1989

Réponse. - Le comité paritaire relatif à la scolarisation des enfants français en République gabonaise s'est réuni pour la troisième fois en avril 1989. Comme lors des précédentes réunions, les autorités gabonaises ont affirmé leur volonté d'apporter des solutions aux problèmes que rencontrent les élèves français scolarisés dans les établissements secondaires nationaux. A cette occasion il a été décidé de poursuivre le programme de réhabilitation des établissements qui accueillent les enfants français ; de confier à l'inspection générale de l'éducation nationale et à l'Institut pédagogique national gabonais une mission d'étude des programmes et des méthodes d'enseignement, avec la collaboration des inspecteurs généraux français ; d'analyser les rythmes scolaires dans le cadre d'une mission effectuée par l'inspection générale française de la vie scolaire ; de faire évaluer à l'Institut pédagogique national gabonais les niveaux de formation des élèves, avec le concours de la direction de l'évaluation et de la prospection de notre ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Par ailleurs, il est précisé que le groupe de travail chargé de réfléchir sur les modalités d'une éventuelle organisation de l'épreuve anticipée de français au Gabon rendra ses conclusions à la fin du mois de juin 1989. Toutes ces décisions, qui s'ajoutent à celles qui ont été prises antérieurement, ne manqueront pas d'avoir un effet positif sur le fonctionnement des établissements scolaires considérés, et de permettre aux enfants gabonais et français de continuer à être scolarisés en commun, conformément aux voeux des gouvernements des deux pays.

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